Une présentatrice australienne soutient Israël parce que « je sais distinguer le bien du mal »
Après avoir été licenciée par la chaîne Sky New Australia, Erin Molan a dit à N12 qu'elle n'avait pas pu se taire après le 7 octobre - et qu'elle a payé "un lourd tribut" pour son positionnement
Dans le cadre d’une interview accordée à la chaîne d’information N12 qui a été diffusée samedi, la présentatrice de télévision australienne Erin Molan, qui a été licenciée par Sky News au début du mois du décembre, a refusé de dire qu’elle avait été renvoyée en raison de son soutien affiché à Israël, mais elle a rappelé les réactions négatives entraînées par ses prises de position – avec notamment des menaces proférées à l’encontre de sa famille.
Pendant l’entretien, qui a été réalisé à l’occasion de sa toute première visite en Israël, Molan a expliqué qu’elle était devenue un soutien déclaré d’Israël au cours des quatorze derniers mois – après le pogrom qui avait été commis par les terroristes du Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023, un massacre qui avait été à l’origine de la guerre en cours dans la bande de Gaza – en raison de sa capacité à « distinguer le bien et le mal. »
« Je sais faire la distinction entre le bien et le mal et je ne pense pas que ce soit compliqué », a-t-elle dit. « Je pense que la responsabilité de tous ces morts, de tous ces événements, de toutes ces vies perdues au Moyen-Orient depuis le 7 octobre revient entièrement au Hamas et à ceux qui le financent ».
Molan a été licenciée de son poste de commentatrice de l’actualité politique pour Sky News Australia au début du mois de décembre, pour des raisons qui n’ont pas été rendues publiques. De son côté, la chaîne a indiqué que la rupture avait été faite « à l’amiable ».
Molan n’a pas souhaité s’étendre sur les raisons qui lui ont valu son licenciement, mais elle a déclaré que les choses « ne font que commencer » et qu’elle continuera à « se battre pour chaque otage encore détenu à Gaza ».
Lorsqu’elle était sur le plateau de Sky News Australia, Molan utilisait souvent son émission pour afficher son soutien à Israël – elle s’était d’ailleurs livrée à une diatribe furieuse contre les Nations unies quelques jours après la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Elle avait estimé que l’ONU était hypocrite s’agissant des femmes israéliennes.
Interrogée par Dana Weiss, de la chaîne N12, sur les raisons l’ayant poussée à parler d’Israël dans son émission, Erin Molan a répondu que le pogrom du 7 octobre avait été un déclencheur pour elle.
« Comment a-t-on pu assister à ce qui est arrivé ce jour-là à des enfants, à des adultes, à des femmes, et ne pas collectivement tendre les bras à Israël, nous, le monde ? », a-t-elle interrogé. Lors du pogrom du 7 octobre 2023, plus de 1200 personnes avaient perdu la vie, des civils en majorité. Les hommes armés avaient également kidnappé 251 personnes qui avaient été prises en otage à Gaza. Les terroristes s’étaient livrés à un déchaînement de violences dans les communautés situées à la frontière qui sépare Israël de l’enclave côtière, commettant des atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle.
Évoquant ensuite la bande de Gaza, Molan a insisté : « Je ne me soucie pas moins des enfants de Gaza. Pas moins ».
« Mais ce que je comprends en revanche, c’est que la cause de toutes les souffrances qu’ils endurent, ce sont les terroristes qui l’ont déclenchée », a-t-elle ajouté. « Ce n’est pas difficile de comprendre d’où la terreur est venue, d’où vient le mal, d’où vient la mort. Je suis sidérée de voir que tant d’autres ne parviennent pas seulement à le comprendre ».
Le prix élevé de sa défense d’Israël sur le plateau
Le positionnement revendiqué par Molan lors de ses émissions n’a pas été sans conséquences sur sa vie personnelle, a-t-elle confié à la chaîne N12, révélant que sa petite fille de six ans avait été la cible de menaces de la part de téléspectateurs furieux.
« Il y a une chose que j’aime et à laquelle je tiens plus encore qu’à mon travail, à laquelle je tiens plus qu’à faire ce qui est juste, à laquelle je tiens plus plus qu’à être celle que je veux être, celle qu’on m’a appris à être, c’est ma petite fille », a-t-elle commenté. « Penser que je pouvais la mettre en danger me terrifiait. »
Malgré cette crainte, Molan a décidé de continuer à parler d’Israël dans son émission dans la mesure où elle s’est rendu compte que « l’idée de ne pas parler, l’idée de ce que ce monde deviendra si nous ne parlons pas, de la nouvelle normalité qui sera celle de ce monde, m’effraie encore davantage ».
Si elle a reconnu qu’elle a « payé un lourd tribut » pour le soutien à Israël qu’elle n’a pas hésité à afficher, Molan s’est abstenue de laisser entendre qu’il avait été à l’origine de son renvoi de Sky News.
« Je n’entrerai pas dans les détails mais il n’y a pas d’antisémitisme chez Sky. Je le dis sans difficulté », a-t-elle déclaré.
Interrogée par Weiss sur le soutien – ou l’absence de soutien – apporté à Israël en Australie, Molan a déclaré qu’elle pensait que de nombreuses personnes partageaient son point de vue. « Mais beaucoup de gens gardent le silence », a-t-elle noté.
« Je crois sincèrement que la grande majorité des Australiens soutiennent Israël, je le crois sincèrement », a-t-elle souligné. « Mais les gens sont discrets. Et c’est ce qui me préoccupe […] : lorsque vous cédez à la peur – en ce qui concerne la question israélienne en particulier – ils gagnent ».
Évoquant ses vives critiques à l’égard des Nations unies pour leur inaction concernant les femmes qui avaient été victimes du massacre commis par le Hamas, Molan a expliqué que les images qu’elle avait vues ce jour-là avaient également été douloureuses pour elle sur le plan personnel.
« J’ai eu deux relations très violentes dans ma vie et je n’en avais jamais parlé jusqu’à très récemment », a-t-elle expliqué. « J’ai été traînée dans ma voiture par les cheveux par mon partenaire de l’époque. Et lorsque j’ai regardé ces images le 7 octobre et que j’ai vu ces femmes traînées par les cheveux, cela m’a vraiment interpellée ».
« Alors quand je vois qu’il y a des instances comme l’ONU qui n’ont strictement rien à faire de ce qui est arrivé aux femmes en Israël ce jour-là, sans parler des femmes qui sont toujours en captivité, je leur dis d’aller se faire foutre avec cette Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes – ou peu importe comment ils l’appellent – dont ils se servent seulement pour tenter de faire croire qu’ils se soucient réellement du sujet », a-t-elle continué. « Ils s’en foutent ».