Israël en guerre - Jour 645

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Une vingtaine de Juifs iraniens accusés de contacts avec Israël

Selon un ancien responsable communautaire, 11 personnes arrêtées après la guerre ont été relâchées, mais d'autres sont accusées d'avoir téléphoné à des proches en Israël, alors que le régime traque les espions qui ont aidé le Mossad

Des véhicules passent devant une banderole montrant des portraits des commandants des forces armées iraniennes et des scientifiques nucléaires tués lors de frappes israéliennes, sur la place Tajrish. dans le nord de Téhéran, en Iran, le 30 juin 2025. (AP / Vahid Salemi)
Des véhicules passent devant une banderole montrant des portraits des commandants des forces armées iraniennes et des scientifiques nucléaires tués lors de frappes israéliennes, sur la place Tajrish. dans le nord de Téhéran, en Iran, le 30 juin 2025. (AP / Vahid Salemi)

JTA – Vingt-quatre membres des communautés juives iraniennes de Téhéran et de Shiraz sont toujours en prison, en date de dimanche. Ils ont été arrêtés avec des centaines d’autres dans le cadre d’une vaste opération de répression gouvernementale lancée à la fin de la guerre avec Israël.

Initialement, trente-cinq Juifs ont été arrêtés, selon un reportage publié samedi par l’organisation HRANA – Human Rights Activist News Agency – affiliée à l’ONG Human Rights in Iran. Les arrestations massives ont débuté aux premières heures de la matinée du 23 juin, selon le rapport.

Onze Juifs ont été libérés depuis les premières arrestations, d’après un ancien haut responsable communautaire iranien s’exprimant sous couvert d’anonymat, en raison de craintes pour ses contacts en Iran.

Les accusations portées contre les personnes détenues – avoir des contacts avec Israël – pourraient piéger de nombreux membres de la communauté juive, a-t-il déclaré. Les responsables iraniens ont en effet commencé à traquer des collaborateurs présumés d’Israël, à la suite des récentes attaques israéliennes contre l’Iran et des frappes américaines visant l’installation nucléaire la plus sécurisée du pays.

Cet ancien responsable iranien, toujours en contact étroit avec la communauté, a expliqué que les autorités iraniennes vérifiaient les téléphones portables des personnes qu’elles arrêtaient, à la recherche de tout signe d’appel passé à destination de l’État juif.

« La plupart des Juifs iraniens ont de la famille en Israël », a ajouté l’ancien haut responsable, qui vit aujourd’hui à Los Angeles. « C’est pour cette raison qu’ils appellent » quelqu’un dans le pays. Au cours du conflit, au début du mois, quand chaque camp tirait […] sur les villes de l’autre camp, de nombreux Juifs iraniens ont cherché à prendre des nouvelles de leurs proches.

« Toute relation avec Israël leur est formellement interdite », a-t-il poursuivi. Mais, au fil des ans, de telles communications ont été tolérées, en silence, compte tenu de la réalité des liens familiaux de ces Juifs. Mais aujourd’hui, à la suite de la guerre avec Israël, les autorités ont considérablement durci les règles. Et selon leurs nouvelles règles, a-t-il déclaré, « les autorités peuvent accuser n’importe qui d’être un espion agissant au profit d’Israël ».

Des rabbins iraniens et un groupe de membres de la communauté juive assistent à un rassemblement anti-Israélien à la suite du massacre du 7 octobre perpétré par le Hamas, à Téhéran, en Iran, le 30 octobre 2023. (AP Photo / Vahid Salemi)

Ces arrestations de Juifs, qui concerneraient plusieurs rabbins, semblent s’inscrire dans le cadre d’une répression ayant touché plus de 700 personnes depuis le 13 juin, date à laquelle Israël a lancé ses attaques contre l’Iran, décrites par Jérusalem comme visant à mettre fin au programme nucléaire de Téhéran.

Téhéran nie chercher à se doter de la bombe. L’Iran a toutefois enrichi l’uranium à des niveaux n’ayant aucune application pacifique, empêché les inspecteurs internationaux de contrôler ses infrastructures nucléaires et étendu ses capacités de missiles balistiques. Israël a déclaré qu’il avait récemment pris des mesures en vue de la militarisation.

Les détentions inquiètent particulièrement les minorités. Mercredi, l’Iran a annoncé avoir exécuté trois hommes de la communauté kurde d’origine iranienne, reconnus coupables d’avoir aidé le Mossad, l’agence israélienne du renseignement étranger, dans l’assassinat en 2020 de Mohsen Fakhrizadeh, un éminent scientifique nucléaire.

Ces vagues d’arrestations interviennent alors que les autorités israéliennes elles-mêmes se sont félicitées de la profondeur de l’infiltration réalisée par leurs agences de renseignement pour planifier les attaques, notamment avec des images censées montrer des agents lançant des drones depuis l’Iran.

Une femme passe devant une peinture murale représentant une parodie du Grand Sceau des États-Unis, avec l’aigle tenant des seringues et des cartouches de munitions dans ses serres et une étoile de David au-dessus avec de la drogue et des armes à feu, peinte sur les murs de l’ancienne ambassade des États-Unis à Téhéran, familièrement appelée le « Repaire des espions », le 8 avril 2025. (ATTA KENARE / AFP)

Mais Israël n’a aucun antécédent connu de recrutement d’effectifs au sein de la communauté étroitement surveillée des Juifs iraniens, qui compte aujourd’hui environ 10 000 personnes.

Cette communauté, forte de plus de 80 000 personnes avant l’arrivée au pouvoir du régime islamique iranien porté par la révolution de 1979, est restée globalement libre de pratiquer sa religion et de s’organiser de manière communautaire. Elle peut ainsi disposer de ses propres écoles et institutions de protection sociale. Ses membres sont libres d’émigrer, mais emporter leurs avoirs avec eux reste difficile.

Ceux qui restent vivent en subissant les diverses formes de discriminations légales imposées par la charia, la loi religieuse islamique, à tous les non-musulmans en Iran. Ils sont également confrontés à une discrimination sociale qui leur interdit d’aller au-delà de certains niveaux dans les postes gouvernementaux ou militaires.

Mais une fatwa – décision religieuse – de 1979 émise par le grand ayatollah Ruhollah Khomeini, le chef fondateur de la République islamique, a interdit toute attaque physique contre la communauté. En vertu de la constitution iranienne, ses membres bénéficient également d’un représentant officiel au Parlement iranien.

Les responsables communautaires ont publié différents communiqués au fil des ans condamnant Israël et protestant contre l’État juif. Il est toutefois difficile de dire si ces déclarations reflètent les véritables positions de la communauté dans un pays politiquement réprimé.

Un Juif iranien passe devant une bannière lors d’un rassemblement de la communauté juive iranienne devant un bureau de l’ONU à Téhéran, en Iran, le mardi 19 novembre 2013. (Photo AP/Ebrahim Noroozi)

Rani Amrani, de la station de radio israélienne Ran Radio, a annoncé samedi que la communauté juive iranienne avait récemment organisé un rassemblement, auquel avaient assisté ses rabbins et de nombreux Juifs iraniens servant dans l’armée iranienne, afin « d’écarter tout soupçon d’espionnage ou, Dieu nous en préserve, de trahison ».

A LIRE : Le numéro d’équilibriste de la communauté juive d’Iran

Il est difficile d’affirmer clairement que l’événement qu’il évoquait était le même que celui annoncé par l’agence de presse semi-officielle iranienne Mehr, qui a publié jeudi des photos de la communauté juive de Téhéran rassemblée à la synagogue Abrishami en soutien au guide suprême iranien Ali Khamenei et à l’armée iranienne après la guerre avec Israël.

En 1999, 13 membres de la communauté juive de Shiraz avaient été arrêtés pour espionnage au profit d’Israël. La plupart d’entre eux étaient des ultra-orthodoxes. Ce statut de Haredim les distinguait, dans une certaine mesure, du courant dominant de la communauté. Les preuves utilisées contre les accusés, parmi lesquels se trouvaient des commerçants locaux, des enseignants et des rabbins, incluaient de prétendus contacts du groupe avec des personnes situées en Israël.

Une importante campagne internationale en leur faveur avait été lancée, incluant les États-Unis, la France et la Russie, dont les gouvernements avaient contesté l’équité de leurs procès. Les dirigeants juifs en Iran avaient également affirmé leur innocence. Dix des 13 personnes ont été reconnues coupables et condamnées à des peines allant jusqu’à 13 ans de prison. Mais tous ont finalement bénéficié d’une libération anticipée, par étapes, les derniers prisonniers ayant été relâchés en 2003.

« C’était simplement affreux, vraiment », a souligné l’ancien haut responsable communal iranien désormais installé à Los Angeles, exprimant l’espoir de ne plus voir la communauté confrontée à de telles situations.

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