Vente de propagande antisémite : Des lycéennes juives fustigent Amazon
Après avoir obtenu des résultats troublants lors d'une recherche Internet, les élèves de la Bais Chana Academy ont demandé au PDG d'Amazon de prendre des mesures face à la haine
Yaakov Schwartz est le rédacteur adjoint de la section Le monde juif du Times of Israël

En amont d’un voyage scolaire en Pologne, des élèves d’une école Habad pour filles ont fait des recherches sur la Toile et sont tombées sur des exemplaires de Mein Kampf ainsi que sur toute une panoplie d’objets nazis et liés à la droite alternative en vente sur Amazon.com.
Suite à leur découverte, les élèves ont décidé d’écrire au PDG Jeff Bezos pour qu’il supprime ces objets de la vente.
Emmenées par Adina Katz, élève de 16 ans au lycée Bais Chana Academy de New Haven dans le Connecticut, le groupe de lycéennes a envoyé un courriel à Bezos dans lequel elles lui demandent de « retirer de la vente ces produits haineux » qui « facilitent la propagation d’un état d’esprit antisémite et du discours violent », notamment Mein Kampf d’Hitler.
A l’inverse de l’Allemagne, où sa publication a été interdite jusqu’en 2016, année ou l’ouvrage est tombé dans le domaine public, la vente du manifeste d’Hitler n’est pas illégale aux Etats-Unis, et ne l’a jamais été.
En fait, la maison d’édition Houghton Mifflin encourageait le public à lire Mein Kampf durant la Seconde Guerre mondiale pour mettre en lumière le mal absolu qu’incarnait l’ennemi nazi.
Mais un rapport publié conjointement par le Partnership for Working Families et l’Action Center on Race & the Economy en juillet affirmait que certains objets en vente sur le site sont inévitablement malveillants et incitent les gens à haïr.
« Amazon rend possible la célébration d’idéologies qui promeuvent la haine et la violence en autorisant la vente de symboles racistes sur son site », indique le rapport, qui évoque la vente de bijoux avec des croix gammées, de stickers pour voitures représentant des nœuds coulants, et des bodys pour bébés avec des croix en feu, entre autres exemples. (Les produits listés ci-dessus ont été retirés de la vente.)

Le rapport souligne également qu’Amazon propose une plate-forme pour la suprématie blanche, l’antisémitisme, l’islamophobie et l’homophobie en tant que maison d’édition qui diffuse ses e-books, ses livres papiers, et son contenu en streaming.
Si Amazon interdit la vente de « tout produit qui promeut ou glorifie la haine, la violence, l’intolérance raciale, sexuelle ou religieuse ou qui promeut des organisations qui ont de telles positions », la réalité est plus imprévisible.
« Ces usages des plate-formes d’Amazon ont été rendus possibles par ce qui semble être une politique inadaptée et peu appliquée », a déclaré le rapport.
Une recherche sommaire sur Google avec les termes « Hitler poster » conduisent à une page Amazon qui propose un livre avec des posters du « plus grand dictateur de tous les temps », décrit comme « un must-have pour tous les admirateurs d’Hitler ».
Parmi les versions de Mein Kampf vendues en ligne sur Amazon, la description d’un produit indique que le vendeur s’engage à « reverser les bénéfices de la vente au mouvement Nationa1 S0cia1ist (sic) ». Il existe également une version Kindle pour 99 cents.
Au moment où ces lignes ont été publiés, Amazon n’a pas répondu à la demande de commentaire du Times of Israël.

Katz a indiqué que les étudiants « ne veulent pas mettre fin à ‘Mein Kampf’ et tous les autres livres avec lesquels nous sommes en désaccord », mais que le livre remplirait son rôle « dans un contexte éducatif, comme une classe ou un musée ».
Bien que Katz affirme ne « jamais avoir ouvertement subi d’antisémitisme, Dieu merci », elle espère que son voyage scolaire en Pologne l’aidera à « découvrir et à expérimenter les difficultés endurées par nos ancêtres ».
Les lycéenes ont ouvert une campagne GoFundMe pour financer le voyage.
« La seule façon de comprendre complètement ce qu’ils ont subi est de le vivre nous-mêmes », a déclaré Katz. « Nous voulons voir les camps de la mort à travers nos propres yeux et marcher sur les traces de nos grands-parents et arrières grands-parents dans les ghettos. »
Après tout, a dit Katz, « nous sommes la dernière génération à pouvoir écouter des survivants de la Shoah. Nous devons nous assurer que ce patrimoine se perpétue. »