Vieille Ville fermée, Mahane Yehuda animé : la foi en Dieu protège la capitale face à l’Iran
Le mur Occidental, le mont du Temple et la Vieille Ville sont fermés pour des raisons de sécurité, mais le "shuk" est ouvert et résonne de musique
- La vieille ville était presque complètement vide le 17 juin 2025. Elle était fermée aux non-résidents en raison de la guerre avec l'Iran. (Rossella Tercatin/Times of Israel)
- La vieille ville était presque complètement vide le 17 juin 2025, car elle était fermée aux non-résidents en raison de la guerre avec l'Iran. (Rossella Tercatin/Times of Israel)
- Des clients partagent un repas au marché Machane Yehuda à Jérusalem malgré la guerre avec l'Iran le 17 juin 2025. (Rossella Tercatin/Times of Israel)
- Des acheteurs faisant leurs courses au marché de Mahane Yehuda à Jérusalem pendant la guerre avec l'Iran le 17 juin 2025. (Rossella Tercatin/Times of Israel)
Quand la guerre entre Israël et l’Iran a éclaté vendredi, Ricky Schlass, 36 ans, a décidé de quitter son appartement du quartier de Rehavia, à Jérusalem, et de retourner dans la maison de son enfance avec son mari et ses deux enfants âgés de 2 et 4 ans.
La maison dans laquelle Schlass a grandi a été construite il y a 700 ans. Elle se trouve dans la vieille ville de Jérusalem, à seulement quelques centaines de mètres du mur Occidental.
« Nous n’avons pas d’abri dans notre immeuble. La maison de mes parents, avec ses murs épais, est en elle-même un mamad« , a déclaré Schlass au Times of Israel, utilisant le mot hébreu désignant une pièce fortifiée dans une résidence privée.
Mercredi matin, les sirènes ont retenti à plusieurs reprises à Jérusalem, mais aucun missile n’a frappé la ville. Au cours des cinq derniers jours, les autorités israéliennes ont toutefois fermé la vieille ville aux non-résidents par mesure de sécurité.
« Le quartier est très exigu. Les autorités doivent garantir aux véhicules d’urgence de pouvoir accéder facilement aux quelques rues disponibles, si nécessaire », a indiqué au Times of Israel Shoshanah Selavan, présidente du Conseil communautaire du quartier juif, jointe par téléphone.
Mardi, la Vieille Ville était presque vide. À ses portes, des policiers se chargeaient de contrôler les papiers de ceux qui entraient.

Au fil des ruelles anciennes, les minutes s’écoulaient sans que personne ne passe, le silence uniquement rompu par le chant des oiseaux et les cloches des églises.
Presque tous les magasins, même les célèbres étals du marché, ont fermé leurs portes. De temps en temps, un commerçant s’installe dehors, parfois rejoint par un autre ; ils échangent tranquillement, ou regardent leur téléphone.
« Comme vous le voyez, tout est fermé », a annoncé Bassam, un habitant et propriétaire de deux boutiques de souvenirs proches de la porte de Jaffa, qui a souhaité rester anonyme. « C’est comme ça. »

Seul un groupe clairsemé de personnes s’est aventuré sur la place du mur Occidental, habituellement très fréquentée par les fidèles et les visiteurs, à toute heure du jour ou de la nuit. La place elle-même est restée ouverte, mais l’accès au mur a été bloqué par des barrières métalliques.
L’accès au mont du Temple depuis l’esplanade du mur Occidental a également été condamné.
Les fermetures du mur Occidental et du mont du Temple sont motivées par des raisons de sécurité, a précisé Selavan.

Schlass a conduit l’auteur de ces lignes sur le toit de ses voisins, qui offre une vue panoramique sur les lieux saints. Depuis ce toit, ils apparaissent encore plus paisibles et vides.
« C’est tellement bon de rentrer chez soi », a-t-elle affirmé.
« La Vieille Ville dégage un sentiment de sacré », a-t-elle poursuivi. « Dès que vous traversez la porte de Jaffa pour entrer dans la ville moderne, l’atmosphère change radicalement. »
La maison de ses parents est nichée au fond d’une cour isolée, dans laquelle un arbre luxuriant étend son ombre sur les vieilles pierres. À proximité, une petite table parsemée de jouets et d’aquarelles attend le prochain projet artistique des enfants.

« Mes enfants sont jeunes, et les sirènes ne les effraient pas », a ajouté Schlass. « Ils me disent qu’ils n’ont peur de rien. »
Dans la maison, le père de Schlass, Moshe, 85 ans, se repose en écoutant les actualités. Ce survivant de la Shoah, originaire de Pologne, a déménagé aux États-Unis dans les années 1950, puis en Israël il y a environ 50 ans.
« Quelqu’un là-haut veille sur nous », a-t-il dit. « On dirait que la stratégie de notre ennemi se retourne contre lui. »
D’autres habitants ont exprimé leur confiance dans le fait que l’architecture solide de la Vieille Ville les protège des attaques de missiles iraniens.

« Je n’ai pas besoin d’un abri, parce que ma maison est un abri en elle-même », a indiqué Albert Donigian, 74 ans, membre de la communauté arménienne.
« Je n’ai pas peur », a-t-il ajouté.
« La situation n’a rien de nouveau pour moi. Nous vivons une guerre tous les 10 ans », a-t-il rapporté.
Sur le ton de la plaisanterie, Donigian a annoncé trouver le calme de la vieille ville « ennuyeux ».
« Je suis un homme d’action, mais ma femme m’interdit de sortir », a-t-il souligné en riant.
L’une des filles de Donigian vit à Haïfa, une ville touchée par des missiles iraniens ces derniers jours, contrairement à Jérusalem. Elle et sa famille vont bien, a-t-il expliqué, mais leur situation reste difficile.

« Ma femme, pour sa part, était en Grèce la semaine dernière. Elle est restée coincée là-bas », a-t-il poursuivi. « Maintenant, elle est en route vers les États-Unis, où habite notre fille. »
Donigian a toutefois exprimé un certain pessimisme quant à la situation actuelle.
« J’étais au Portugal il y a quelques semaines. Là-bas, les gens profitent simplement de la vie. Il y a notamment beaucoup de touristes », a-t-il indiqué. « Ici, nous vivons dans la misère, et nous ne méritons pas ça. »
« À mon avis, les chances de paix sont minces », a-t-il ajouté. « Il y a tant de haine entre les Juifs et les Arabes. Je suis Arménien et j’aime ces deux nations, mais la plaie est désormais très profonde. »
Le shuk (presque) rebelle
Au-delà des murs de la Vieille Ville, d’autres lieux habituellement bondés – du complexe branché de la Première gare au luxueux centre commercial en plein air Mamilla – restent étrangement calmes, leurs allées presque désertes.
Dans un contraste total, le marché de Mahane Yehuda – affectueusement surnommé le « shuk », le mot arabe pour marché – bourdonne d’une énergie très différente.

Le commandement du Front intérieur ayant autorisé les services dits essentiels comme les épiceries et les restaurants à poursuivre leurs opérations, la plupart des boutiques du shuk sont restés ouvertes. Les étals et comptoirs réfrigérés sont couverts de fruits et légumes colorés, de pain parfumé et d’un choix de poissons, de viandes et de volailles.
Plusieurs restaurants et cafés ont également continué à servir les clients. On peut ainsi voir des familles se promener avec leurs enfants, des groupes de jeunes commander des sandwichs et des clients plus âgés faire leurs courses, munis d’un caddie à l’ancienne.
Malgré la guerre, de nombreuses boutiques diffusent de la musique moyen-orientale entraînante, emplissant les ruelles d’un dynamisme provocateur.
« Nous nous sentons bien », a déclaré Deborah tout en déjeunant en compagnie de son mari et de deux parents étrangers dans l’un des restaurants du shuk. « En fait, nous vivons à Rehovot. Des bombes sont tombées juste à côté de notre maison. Nous avons décidé de venir à Jérusalem pour profiter d’un peu de calme. »

Assis de l’autre côté de la table, Victor, qui arrive de Californie, a exprimé une confiance similaire.
« Nous sommes détendus, nous acceptons la situation et nous la comprenons », a-t-il fait savoir.
« La situation est moins effrayante que les émeutes de Los Angeles », a-t-il ajouté. « Ici, nous nous sentons protégés, ce qui n’est pas le cas à Los Angeles. »
Plusieurs commerçants ont toutefois indiqué que la situation était en réalité plus sombre qu’à première vue.
« Il y a moins de travail, c’est certain », a précisé Hagay, qui tient un étal de boucher sur le marché et a refusé de donner son nom de famille. « Les affaires avaient déjà commencé à baisser quand ils ont suspendu la construction du tramway il y a quelques semaines. Aujourd’hui, avec la guerre, la situation a empiré. »

« Le nombre de gens présents ici représente moins de 10 % de la fréquentation normale du shuk », a ajouté son employé, Shay, qui a également préféré conserver l’anonymat.
Quand on lui a demandé si la situation l’inquiétait, Hagay a répondu sans hésiter.
« Il s’agit de notre gagne-pain », a-t-il simplement déclaré.
Yaron, qui tient un stand de fruits secs, a fait part de préoccupations semblables.

“Les affaires ne sont pas très dynamiques. La fréquentation est vraiment faible », a-t-il rapporté.
Pourtant, il n’a exprimé que peu d’inquiétude quant à la menace d’attaques iraniennes.
« Je fais confiance au Tout-Puissant », a-t-il conclu en souriant.
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