Viol à Courbevoie : Macron demande un « temps d’échanges » dans les écoles sur le racisme et l’antisémitisme
Le président a sollicité l'aide de sa ministre de l'Éducation nationale pour que les discours de haine porteurs de lourdes conséquences ne s'infiltrent pas dans les établissements scolaires
Le président Emmanuel Macron a demandé mercredi « un temps d’échanges » sur le racisme et l’antisémitisme dans les établissements scolaires, après le viol d’une jeune fille juive à Courbevoie (Hauts-de-Seine).
Le chef de l’État est à son tour monté au créneau en prononçant des « paroles solennelles et graves sur le fléau de l’antisémitisme » au cours du Conseil des ministres, a indiqué son entourage.
« À cette occasion, il a demandé à la ministre » de l’Éducation nationale Nicole Belloubet « qu’un temps d’échanges puisse être organisé dans les prochains jours dans les écoles au sujet de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, pour que les discours de haine porteurs de lourdes conséquences ne s’y infiltrent pas », a-t-on ajouté.
Les réactions politiques se multiplient, en pleine campagne pour les élections législatives, après la mise en examen mardi de deux adolescents de 13 ans pour viol en réunion, menaces de mort, injures et violences à caractère antisémite sur une adolescente de 12 ans. La jeune fille a dit avoir été traitée de « sale juive » et menacée de mort par les jeunes mis en cause, selon une source policière.
Les deux adolescents de 13 ans ont été écroués mardi. Un troisième suspect, âgé de 12 ans, a été placé sous le statut de témoin assisté pour viol, mis en examen pour les autres infractions visées par l’enquête et fait l’objet d’une mesure éducative provisoire, selon le parquet de Nanterre.
Selon les premières déclarations de la victime, l’un des agresseurs a filmé la scène, qui s’est déroulée samedi dans un local désaffecté de Courbevoie, au pied du quartier d’affaires de La Défense, non loin du domicile de la victime.
Un autre l’a menacée de mort si elle dénonçait les faits à la police.
La jeune adolescente a été frappée et a subi des pénétrations anales et vaginales ainsi que des fellations, selon des sources policières.
« Lors de leur interrogatoire de première comparution, les trois mineurs ont fait de brèves déclaration spontanées, exprimant des regrets vis-à-vis de la victime sans aborder leur implication dans les faits », a précisé le ministère public dans un communiqué.
L’association SOS Racisme a apporté « tout son soutien à la victime et à sa famille » dans cette « affaire sordide », rappelant l’augmentation « inquiétante » des actes antisémites depuis le 7 octobre.
Le collectif Nous Vivrons, né au lendemain de l’attaque sanglante du Hamas, a appelé à manifester mercredi à 18H30 devant l’Hôtel de Ville à Paris. « Ce viol antisémite s’inscrit dans le prolongement d’un climat hostile aux Juifs, notamment alimenté par des déclarations politiques irresponsables, visant à souffler sur les braises et à attiser la haine des Juifs depuis plusieurs mois », a accusé le collectif.
Gabriel Attal a dénoncé « un acte monstrueux et abject ». Dans une allusion à peine voilée, le Premier ministre, a également exprimé sa « colère », face « à ceux qui nous divisent, nous opposent, font sciemment exploser les haines ». « Les mots ont des effets, les idées ont des conséquences. Le combat contre l’antisémitisme doit être celui de tous les républicains », a-t-il ajouté.
Jean-Luc Mélenchon, chef du mouvement d’extrême-gauche radicale anti-Israël, La France Insoumise (LFI), régulièrement accusé par ses opposants de propos pour le moins ambigus sur l’antisémitisme, a dénoncé sur X un acte motivé par ce qu’il a appelé le « racisme antisémite ». Or, début juin, il avait estimé dans une note de blog que « contrairement à ce que dit la propagande de l’officialité, l’antisémitisme reste résiduel en France. Il est en tous cas totalement absent des rassemblements populaires ».
Marine Le Pen, elle, a rebondi sur l’affaire de Courbevoie pour la condamner tout en appelant à ne pas voter pour le Nouveau Front populaire, alliance de gauche pour les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet. « L’agression antisémite et le viol d’une enfant de 12 ans dans les Hauts-de-Seine nous révulsent », a d’abord réagi la responsable du parti d’extrême droite.
Puis elle a évoqué une « stigmatisation des juifs depuis des mois par l’extrême gauche à travers l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien ». « Chacun devra en avoir pleinement conscience » au moment de voter, a-t-elle lancé.