Viol d’une fillette : la police abandonnerait si le dossier n’est pas consolidé
Le juge a réduit de moitié la prolongation de détention requise par l'accusation ; la police a confiance dans le témoignage de la victime mais admet qu'il y a eu précipitation

La police israélienne est prête à abandonner les charges retenues contre un Palestinien, accusé d’avoir violé une fillette israélienne de 7 ans, s’ils ne parviennent pas à vérifié les allégations portées contre lui, a indiqué un responsable proche de l’enquête mercredi.
Quelques jours après avoir mis en examen Mahmoud Qadusa, la police a annoncé mardi la réouverture de l’enquête, étant donné les questions qui se posaient sur la gestion de l’enquête par les policiers et sur les preuves qui ont servi de base à la mise en examen.
Le responsable a indiqué que les autorités avaient confiance dans la déposition de la fillette de 7 ans, victime présumée, et estiment que Qadusa est bien le coupable. Cependant, il a reconnu que la mise en examen du Palestinien de 46 avait été précipitée.
Ce développement survient après que les procureurs ont demandé à un tribunal militaire de Judée d’ordonner la prolongation de la détention de Qadusa de 10 jours supplémentaires. Le juge a accepté de prolonger la détention de cinq jours.
L’audience à huis clos à duré de 15 heures à 21 heures passées.
Dans un communiqué conjoint, la police et l’armée ont déclaré que les procureurs avaient déclaré à la cour qu’ils avaient besoin d’un délai afin de clore l’enquête à la lumière des nouvelles preuves dans l’affaire, et pour tenter de vérifier les soupçons pesant sur Qadusa.
La police a arrêté Qadusa le 1er mai, au motif que cet agent d’entretien dans une école était suspecté d’avoir kidnappé une enfant d’une école d’une implantation de Cisjordanie. Il est depuis en prison, mais des questions ont été soulevées sur la solidité du dossier et la fiabilité du témoignage de la victime. Aucun autre témoin ne s’est présenté.
Le responsable a ajouté qu’un autre suspect avait été arrêté durant l’enquête, et relâché peu après. Il n’a pas précisé de quand date l’arrestation.
Il a ajouté qu’il n’y avait toujours pas de preuve que le crime présumé ait été motivé par des idée nationalistes, comme certains le suspectaient initialement.

Nashar Darwish, l’avocat de Qadusa, a déclaré que sont client avait fondu en larmes devant le tribunal militaire de Judée, en entendant la demande de prolongation de détention.
« Qu’avez vous fait jusqu’à maintenant ? », aurait-il demandé après que l’accusation a demandé un délai supplémentaire pour finaliser l’enquête. « Pourquoi vous détruisez ma vie ? »
L’affaire contre Qadusa, originaire du village de Cisjordanie de Dir Kadis, a été placé sous embargo jusqu’à dimanche, quand la police a annoncé qu’il était mis en examen pour le rapt et le viol de d’une fillette dans le village ultra-orthodoxe.
Selon l’acte d’inculpation, Qadusa avait commencé à travailler comme agent d’entretien dans une école de l’implantation au début de l’année. Il avait établi des premiers liens avec sa victime en lui donnant des bonbons. S’appuyant largement sur le témoignage livré par la petite victime, la police s’est trouvée dans l’incapacité de déterminer le jour, la semaine ou le mois exact où le viol présumé aurait eu lieu.
L’acte stipule que l’incident serait survenu « entre le mois de février et le mois d’avril ».
Le suspect est accusé d’avoir demandé à l’enfant de venir avec lui dans une habitation située à proximité de l’école. Lorsqu’elle a refusé, Qadusa a traîné la petite fille en pleurs vers l’habitation contre sa volonté, précise l’acte.
A leur arrivée dans l’habitation, dit l’acte d’inculpation, le suspect aurait immobilisé la fillette au sol avec l’aide de deux amis – qui connaissaient également la petite victime. Il l’aurait déshabillée et violée tandis que les deux hommes la maintenaient à terre en riant.

Les enquêteurs et d’autres ont soulevé des questions sur cette affaire, notamment sur la façon dont le suspect a réussi à traîner sa victime depuis l’école jusqu’à l’appartement, en plein jour, sans se faire remarquer.
L’enquêtrice pour mineurs qui a questionné la victime a écrit dans des notes obtenues par le Times of Israel que l’enfant n’avait pas pu identifier le suspect, disant seulement qu’il travaillait au sein de son école. L’enquêtrice s’est référé à son témoignage en le qualifiant de « faible et incomplet ».
Le dossier contre Qadusa s’est basé sur le témoignage de la victime qui l’avait ultérieurement désigné du doigt, au sein de l’établissement scolaire, alors qu’il se trouvait avec un autre adulte. Ce dernier n’a jamais été interrogé par la police, a confirmé un responsable proche de l’enquête.
L’avocat représentant Qadusa a affirmé mardi que son client était accusé à tort et que le sentiment anti-arabe était à l’origine du dossier.

Nashaf Darwish a déclaré aux journalistes devant le tribunal militaire de Judée que la version des procureurs ne « tenait pas la route » et a déclaré qu’il était confiant que la cour innocenterait son client.
Darwish a déclaré que la police n’avait pas été en mesure de trouver des témoins oculaires – y compris les deux agresseurs mentionnés dans l’acte d’accusation – pour corroborer l’histoire de la fillette.
L’avocat du suspect a critiqué les députés pour la rhétorique utilisée à l’encontre de son client.
« Parce qu’il est Arabe, il ne mérite pas la présomption d’innocence ? », s’est-il interrogé.
Mercredi, Anwar Qadusa, frère du suspect, et son fils Qusay, ont déclaré aux médias israéliens devant la salle d’audience que le suspect, qui n’avait aucun antécédent de violence sexuelle, était innocent.
« Mon père est victime d’une injustice. Nous en sommes certains », a déclaré Qusay Qadusa.