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Violence à Amsterdam : la directrice Europe de l’AJC parle d’un « modus operandi » proche de celui du 7 octobre

Simone Rodan-Benzaquen déplore l'explosion généralisée de l'antisémitisme en Europe et l'absence de « mesures fortes » pour l'endiguer

Simone Rodan-Benzaquen, au forum international de l'American Jewish Committee de 2015. (Capture d'écran Youtube / AJC)
Simone Rodan-Benzaquen, au forum international de l'American Jewish Committee de 2015. (Capture d'écran Youtube / AJC)

Après les violences subies par les supporters israéliens à Amsterdam jeudi 7 novembre dernier, la directrice Europe de l’American Jewish Committee, Simone Rodan-Benzaquen, déplore dans une interview accordée au journal L’Express que « la violence antisémite vient de franchir un cap supplémentaire » sur le continent européen.

« Les Pays-Bas, comme en réalité toute l’Europe de l’Ouest, font face à un antisémitisme assez virulent », explique-t-elle. Depuis l’attaque meurtrière menée par les terroristes du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, l’antisémitisme a en effet connu une augmentation vertigineuse dans tous les pays occidentaux.

Dans un tel contexte, Simone Rodan-Benzaquen ne se dit pas surprise par la violence de rue qui s’est déchaînée à Amsterdam contre les Israéliens. Aux Pays-Bas, rappelle-t-elle, « les actes antisémites ont augmenté de
250 % en 2023. Et la situation est catastrophique dans les universités néerlandaises, qui sont aujourd’hui l’un des pires endroits en termes de manifestation de l’antisémitisme ».

« Dès le 7 octobre 2023, Ismaïl Haniyeh, l’ancien leader du Hamas, avait en quelque sorte appelé à globaliser l’Intifada. Nous y voilà », déplore-t-elle.

La violence a été telle que le président israélien Isaac Herzog l’a immédiatement qualifié de « pogrom antisémite ». De son côté, Mme. Rodan-Benzaquen estime que « la chasse aux Juifs » organisée à Amsterdam « n’est pas très éloignée du modus operandi des terroristes du 7 octobre ».

Interrogée sur la réaction de certains responsables du parti d’extrême-gauche La France insoumise (LFI), qui ont insisté sur les provocations de certains supporters israéliens qui scandaient notamment des chants anti-arabes en amont des violences, elle explique qu’il s’agit là d’une
« justification de l’antisémitisme ».

Elle a notamment réagi au tweet d’Aymeric Caron qui a écrit « à ce stade rien ne corrobore la thèse selon laquelle les attaques contre les supporters israéliens à Amsterdam sont des attaques antisémites ».

« En revanche, dès qu’il s’agit de dénoncer un « génocide » à Gaza par exemple, tout est toujours très vite corroboré », ironise-t-elle.

Une autre élue, Marie Mesmeur, de ce parti controversé avait elle écrit sur X : « Ces gens là n’ont pas été lynchés parce qu’ils étaient juifs, mais bien parce qu’ils étaient racistes et qu’ils soutenaient un génocide. » Le tweet n’apparaît plus sur son compte.

Au sujet de l’explosion similaire de l’antisémitisme observée en France, Simone Rodan-Benzaquen déclare « qu’il n’y a pas de fait de tolérance zéro aujourd’hui en France ».

« Il y a eu une augmentation de 1 000 % des actes antisémites en 2023. Plus de 50 % des actes racistes sont d’origine antisémites pour une population qui représente moins de 1 % de la population globale
française », rappelle-t-elle, déplorant qu’aucune « mesure forte » ne soit prise pour endiguer la propagation de la haine antijuive.

Elle estime notamment que le président français Emmanuel Macron fait trop souvent « preuve d’une certaine prudence qui fait que les messages qu’il envoie sont toujours un peu ambigus ». Selon elle, il agit comme si
« lutter contre l’antisémitisme, cela veut dire qu’on enlève quelque chose quelque part ailleurs ».

Pour rappel, Emmanuel Macron n’avait pas participé à la grande marche contre l’antisémitisme organisée le 12 novembre 2023, estimant que son rôle n’était pas de « renvoyer dos à dos les uns et les autres ».

Marche contre l’antisémitisme à Paris, le 12 novembre 2023. (Crédit : Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP)

Interrogée sur l’état de l’antisémitisme dans les différents pays d’Europe occidentale, Simone Rodan-Benzaquen affirme qu’en « Belgique et en Angleterre, c’est une catastrophe », qu’en « France, la situation est préoccupante » et qu’elle « se dégrade en Allemagne ».

Elle parle à l’inverse d’un « sentiment de sécurité » plus important des Juifs dans les pays d’Europe de l’Est.

Citant les taux déjà élevés de l’antisémitisme avant le 7 octobre, Simone Rodan-Benzaquen pense que la « question de l’antisémitisme [est] bien plus profonde » en Europe.

« Elle me semble à vrai dire surtout liée à un délitement de nos démocraties libérales. C’est toujours un symptôme de quelque chose qui ne va pas. Et comme nos démocraties libérales, d’une manière générale, ne vont pas très bien, tant que cela durera, l’antisémitisme sévira », conclut-elle.

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