Washington s’en prend à l’Égypte pour la retenue des aides de l’ONU à Gaza – une critique rare
L'assistance s'est accumulée du côté égyptien de la frontière, à Rafah, après la fermeture du point de passage, au début du mois, en raison de l'opération israélienne lancée du côté gazaoui de la frontière
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Un haut-responsable de l’administration Biden qui s’est exprimé auprès des journalistes s’en est pris à l’Égypte – une critique rare – en évoquant la « retenue », a-t-il dit, de l’assistance humanitaire fournie par les Nations unies et à destination de Gaza.
Ces aides – qui, a-t-il affirmé, pourraient tout à fait traverser la frontière par le poste de Kerem Shalom – ont été fournies par l’ONU – se trouvent actuellement en Égypte. « L’Égypte les conserve sur son territoire jusqu’à ce que la situation soit réglée au poste-frontière de Rafah », a indiqué l’officiel.
« Nous ne pensons pas que cette assistance devrait rester bloquée pour une raison quelle qu’elle soit. Kerem Shalom est ouvert. Les Israéliens l’ont ouvert. Et cette assistance devrait entrer par le poste-frontière de Kerem Shalom », a insisté le haut-responsable.
Les aides humanitaires se sont accumulées du côté égyptien de la frontière, à Rafah, après la fermeture du point de passage, au début du mois, en raison de l’opération israélienne lancée du côté gazaoui de la frontière, dont l’armée israélienne veut prendre le contrôle. Le point de passage était géré par le Hamas jusqu’à présent.
L’Égypte et Israël se renvoient la responsabilité de la fermeture continue du poste-frontière de Rafah.
Un autre officiel américain qui s’est exprimé auprès du Times of Israel, mardi matin, a expliqué que l’Égypte avait fait savoir à Israël que la frontière resterait fermée, de son côté, si l’État juif refusait de coordonner pleinement ses opérations militaires à la frontière avec le Caire – ce que Jérusalem n’a pas fait.
Il a ajouté que l’Égypte ne souhaitait pas rouvrir le poste-frontière tant que ce sera l’armée israélienne qui sécurisera le côté gazaoui du point de passage, ne souhaitant pas être considérée comme collaborant d’une manière ou d’une autre à l’occupation israélienne du poste.
L’Égypte pourrait accepter de rouvrir le poste-frontière de Rafah si l’Autorité palestinienne ou une quelconque organisation internationale remplaçait là-bas les soldats israéliens, a poursuivi le responsable, qui a ajouté que l’Autorité palestinienne avait refusé l’offre faite par l’État juif de prendre en charge le poste.
Israël avait conditionné cette offre à la nécessité, pour les agents envoyés par Ramallah, de ne pas faire part de leur appartenance à l’Autorité palestinienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’inquiétant des réactions de ses partenaires d’extrême-droite face à leur présence. Ramallah avait aussi demandé que son implication à Rafah puisse entrer dans le cadre d’une initiative diplomatique plus large en faveur de la solution à deux États – une requête rédhibitoire pour Jérusalem.
En même temps, les États-Unis ont cherché à convaincre le Caire de permettre au moins aux aides qui s’empilent en Égypte de traverser la frontière vers Gaza par le poste de Kerem Shalom, qui sépare Israël de la bande.
Une initiative qui a été rejetée par Le Caire, qui considère une telle éventualité comme un acte de coopération avec Israël dans sa prise de contrôle du poste-frontière de Rafah, a noté le second officiel.
Les Nations unies ont indiqué, aujourd’hui, qu’elles n’avaient plus d’assistance à distribuer à Rafah en l’absence de nouveaux approvisionnements et en raison de l’insécurité qui règne dans cette ville du sud de Gaza.
Le haut-responsable israélien a fait remarquer qu’Israël avait accepté de mettre en œuvre une série de demandes soumises par les États-Unis, ces derniers jours, pour améliorer encore davantage l’afflux des aides qui entrent à Gaza.
Parmi ces mesures, permettre aux aides inspectées à Chypre d’être directement envoyées au port d’Ashdod, où elles pourront être alors envoyées à Gaza sans être soumises à une nouvelle inspection, a dit l’officiel américain.