Witkoff : Des pays improbables rejoindront bientôt les accords d’Abraham
L’envoyé spécial américain évoque des "annonces majeures" et un pacte qui stabiliserait le Moyen-Orient ; il ajoute que l’enrichissement d’uranium en Iran est une ligne rouge

L’envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, a réaffirmé mercredi sa conviction que d’autres pays rejoindront bientôt les accords d’Abraham, qui ont permis la normalisation des relations entre Israël et plusieurs nations musulmanes.
Witkoff a également exprimé son espoir de parvenir à un accord de paix global avec l’Iran, au lendemain de la guerre de 12 jours avec Israël, qui s’est achevée mardi par un cessez-le-feu négocié par les États-Unis, dans lequel l’envoyé spécial a joué un rôle central.
« Nous pensons que nous aurons bientôt des annonces majeures concernant des pays qui vont rejoindre les accords d’Abraham », a-t-il déclaré lors d’une interview accordée à la chaîne CNBC. « L’un des objectifs prioritaires du président est d’élargir les accords d’Abraham et d’y intégrer davantage de pays, et nous travaillons activement à cela. »
Signés à la Maison-Blanche le 15 septembre 2020, sous la première administration Trump, les accords d’Abraham ont normalisé les liens entre Israël et les Émirats arabes unis, ainsi que Bahreïn. Le Maroc a également rejoint les accords par la suite.
« Nous espérons établir des relations de normalisation avec des pays qui, jusqu’à présent, ne l’auraient peut-être jamais envisagé », a-t-il ajouté. « Cela serait une avancée précieuse pour la stabilité du Moyen-Orient. »
Witkoff et le président américain Donald Trump ont déjà plusieurs fois exprimé leur souhait de voir d’autres pays rejoindre les accords.
L’envoyé américain avait formulé des prévisions similaires lors d’un événement organisé le mois dernier à l’occasion de Yom HaAtsmaout.
« Nous pensons que nous aurons bientôt quelques annonces, voire de nombreuses annonces, qui, nous l’espérons, marqueront de grands progrès d’ici l’année prochaine », avait-il alors déclaré.
Steve Witkoff: "We expect big announcements in the Abraham Accords, with new countries that no one would have imagined would join the agreements" pic.twitter.com/u1VfenRRG0
— Niv Calderon (@nivcalderon) June 26, 2025
Un peu plus d’une semaine plus tard, le président Trump déclarait que son « rêve » était de voir l’Arabie saoudite rejoindre les accords d’Abraham.
« C’est mon espoir le plus cher, mon souhait et même mon rêve que l’Arabie saoudite rejoigne bientôt les accords d’Abraham », avait affirmé Trump lors d’un discours sur la politique étrangère prononcé à Ryad, à l’ouverture d’un sommet sur l’investissement qui comprenait également des étapes au Qatar et aux Émirats arabes unis.
Le lendemain, Trump rencontrait le président syrien Ahmed al-Sharaa et l’invitait également à rejoindre les accords.
À l’époque, la presse israélienne rapportait que le Qatar avait déjà servi de médiateur dans des discussions entre Israël et la Syrie en vue d’une possible adhésion du nouveau régime syrien aux accords. Abou Dhabi avait de son côté déclaré jouer un rôle d’intermédiaire entre Israël et la Syrie, qui n’entretiennent pas de relations officielles.
Une « paix globale » avec l’Iran
Witkoff a également évoqué les perspectives d’un accord nucléaire avec l’Iran, dans le sillage de la guerre contre Israël.
L’enrichissement nucléaire et la fabrication d’armes par l’Iran constituent des lignes rouges pour les États-Unis, a-t-il souligné sur CNBC, ajoutant qu’il « espérait un accord de paix global » avec Téhéran.
« Nous étions pleins d’espoir lorsque nous avons entamé les négociations. Cela n’avait pas vraiment abouti à l’époque, mais aujourd’hui, nous avons de nouveau de réelles raisons d’espérer », a-t-il déclaré en référence aux pourparlers en cours entre les États-Unis et l’Iran sur le programme nucléaire iranien. « Tous les indicateurs sont positifs. »
Les États-Unis, a-t-il précisé, poursuivent des « discussions » et « de nombreux interlocuteurs nous tendent la main ».
« Je pense qu’ils sont prêts, j’en suis fermement convaincu », a-t-il affirmé à propos des Iraniens.
Witkoff a rappelé que l’enrichissement d’uranium iranien était « la ligne rouge, et au-delà de l’enrichissement, l’armement est une ligne rouge absolue ».

« Nous ne pouvons pas accepter l’armement nucléaire. Cela déstabiliserait toute la région : tout le monde voudrait alors posséder une bombe et cela n’est pas envisageable », a-t-il averti.
Witkoff a aussi rejeté un rapport de la Defense Intelligence Agency (DIA) américaine selon lequel les bombardements israéliens et américains des sites nucléaires iraniens n’auraient retardé le programme que de quelques mois.
« Les discussions avec l’Iran portent désormais sur la manière de reconstruire un programme nucléaire civil qui ne soit pas enrichissable, sous une surveillance étroite pour garantir l’absence d’enrichissement », a-t-il poursuivi.
« Les Iraniens ont accepté ce principe, et nous en avons discuté. »
Tout au long de ses interventions, Witkoff a évoqué la perspective d’un « accord de paix » plutôt que d’un simple accord technique sur le nucléaire iranien.
Il a prédit qu’un tel accord entraînerait une « renaissance » dans la région et pourrait même influencer d’autres conflits, comme celui entre la Russie et l’Ukraine, en incitant les belligérants à cesser les combats.

Les propos de Witkoff rejoignent ceux qu’il a tenus lors d’un entretien accordé mercredi à Fox News, au cours duquel il avait déjà exprimé la volonté des États-Unis de conclure un accord de paix avec l’Iran.
Le même jour, Trump annonçait que des négociateurs américains et iraniens se réuniraient la semaine suivante, tout en affirmant qu’il n’était plus nécessaire de se concentrer sur le programme nucléaire, puisqu’il avait été détruit.
Les États-Unis et l’Iran avaient déjà engagé plusieurs cycles de négociations sur le programme nucléaire de Téhéran, mais les pourparlers étaient au point mort avant qu’Israël ne lance, le 13 juin, des frappes ciblées contre de hauts responsables militaires iraniens, des scientifiques nucléaires, des sites d’enrichissement d’uranium et des infrastructures liées au programme de missiles balistiques.
Israël a déclaré que cette campagne était indispensable pour empêcher la République islamique de réaliser son objectif affiché de détruire l’État juif. Le 22 juin, les États-Unis ont frappé les principales installations nucléaires iraniennes de Natanz, Fordo et Ispahan.
L’Iran a toujours nié vouloir se doter de l’arme nucléaire. Cependant, il a enrichi de l’uranium à des niveaux sans application civile, restreint l’accès des inspecteurs internationaux à ses installations nucléaires et développé ses capacités balistiques. Selon Israël, Téhéran a récemment franchi des étapes concrètes vers la fabrication d’armes nucléaires.
L’Iran a riposté aux attaques israéliennes en lançant plus de 550 missiles balistiques et environ 1 000 drones contre Israël. Selon les autorités sanitaires et les hôpitaux, les attaques de missiles ont fait 28 morts et des milliers de blessés en Israël.
Plusieurs missiles ont touché des immeubles résidentiels, deux universités et un hôpital, causant d’importants dégâts. L’Iran a également tiré sur une base américaine au Qatar après les frappes américaines.