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Yom HaAtsmaout : Les habitants du nord du pays envisagent de se « désengager » d’Israël

Les résidents et les communautés organiseront une série de manifestations pour protester contre l'incapacité du gouvernement à permettre à quelque 60 000 résidents de rentrer chez eux

De la fumée s’élevant d'une roquette tirée du Liban vers le nord d'Israël, vue de Kiryat Shmona, le 5 mai 2024. (Crédit : David Cohen/Flash90)
De la fumée s’élevant d'une roquette tirée du Liban vers le nord d'Israël, vue de Kiryat Shmona, le 5 mai 2024. (Crédit : David Cohen/Flash90)

Les habitants du nord d’Israël marqueront Yom HaAtsmaout – le Jour de l’Indépendance – la semaine prochaine par des marches, des manifestations et une sécession symbolique d’Israël pour protester contre l’incapacité du gouvernement à permettre à des milliers de citoyens déplacés de rentrer chez eux, ont déclaré des responsables vendredi.

Environ 60 000 habitants des villes et villages situés le long de la frontière nord d’Israël ont été contraints de quitter leur domicile depuis le mois d’octobre en raison des attaques transfrontalières quasi-quotidiennes à la roquette et au missile anti-char menées par le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah et d’autres terroristes dans le sud du Liban. Les attaques ont persisté malgré les avertissements constants d’Israël qui pourrait lancer une guerre pour éloigner la menace de la frontière et ramener la normalité dans la région, la plupart des personnes évacuées étant confrontées à la perspective de rester sans abri dans un avenir prévisible.

« Cette année, Yom HaAtsmaout est un jour de deuil dans les villes de la ligne de front. Dans les villes de la ligne de front, il n’y a pas de vies. Il n’y a pas de gens. Pas de familles », a déclaré Moshe Davidovich, chef du Conseil régional de Mateh Asher.

Parmi les manifestations prévues pour le 76e anniversaire du pays, qui sera célébré lundi soir et mardi, huit villes situées à proximité de la frontière israélo-libanaise fermeront leurs portes dans le cadre d’une action symbolique. Parallèlement, des manifestations sont prévues pour bloquer les principales intersections dans le nord du pays, selon le site d’information Walla.

« Oui, [nous manifestons] à Yom HaAtsmaout », a déclaré à Walla le chef du Conseil régional de Shlomi, Gabi Naaman. « Nous sommes confrontés à un gouvernement qui ne sait pas comment décider quoi et comment, et nous avons le sentiment que le gouvernement s’est désengagé de nous – alors nous nous désengageons de lui. »

Jeudi, un groupe de responsables municipaux et régionaux du nord du pays, réunis au sein du « Frontline Forum », a annoncé qu’il marquerait le Jour de l’Indépendance par une sécession symbolique d’Israël et fonderait « l’État de Galilée ».

Moshe Davidovich, président du Conseil régional de Mateh Asher. (Crédit : CC BY-SA Kobi Gideon/GPO, Wikipedia)

« Les drapeaux ne seront pas accrochés aux balcons » dans l’État de Galilée, a déclaré Davidovich, qui dirige le forum.

Il a ajouté que les habitants se joindraient aux responsables de la ville aux principaux carrefours routiers pour manifester « contre la perte de direction et le manque de concentration du gouvernement israélien ».

« Tous les responsables des autorités de première ligne s’organiseront avec les habitants et nettoieront le gouvernement en notre sein », a déclaré Davidovich au site d’information Ynet, exprimant sa colère et sa méfiance à l’égard de la direction nationale. « Nous allons créer un processus de désengagement du gouvernement irresponsable qui a abandonné la plus belle partie du pays en Israël, et nous passerons bientôt à l’action. »

Selon Walla, les manifestants ont été galvanisés par des informations selon lesquelles le Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait répondu avec dédain aux inquiétudes selon lesquelles les habitants du nord pourraient encore être déplacés lorsque l’année scolaire commencera le 1er septembre.

Les médias israéliens l’ont cité comme ayant déclaré lors d’une récente réunion du cabinet : « Et alors, s’ils retournent chez eux quelques mois après le mois de septembre. »

Entre-temps, le plan gouvernemental pour la réhabilitation du nord d’Israël devrait être voté par le cabinet la semaine prochaine. Cependant, Ynet a rapporté vendredi que les résidents du nord sont très mécontents de la résolution proposée.

Selon Ynet, une proposition de plan a été élaborée par le directeur-général du bureau du Premier ministre, Yossi Shelley, mais a été abandonnée après qu’il a été découvert que les municipalités du nord n’étaient pas impliquées dans la planification.

Un nouveau plan, censé prendre en compte les préoccupations des habitants du Nord, a été mis en chantier. Cependant, Davidovich, qui est également président du Conseil régional de Mateh Asher, a envoyé une lettre à Shelley pour lui dire que ses observations n’étaient toujours pas prises en compte.

Davidovich a déclaré que le plan ne fournit pas de détails sur les fonds qui seront alloués à chaque ville, ce qui entraînera des luttes internes entre les municipalités du nord au sujet du financement.

« Le plan se vante de projets et de budgets qui existent déjà dans les bureaux du gouvernement, mais s’assure d’ignorer chaque accent, projet et besoin que nous avons soulevé », a noté Davidovich.

L’un des problèmes soulevés est le montant de 1,4 milliard de shekels que le plan fournit collectivement à toutes les villes du nord pour la protection contre les tirs de roquettes, alors que Kiryat Shmona – qui a été touchée à maintes reprises depuis le début des hostilités avec le Hezbollah le 8 octobre – a besoin de 2 milliards de shekels pour faire face à ce problème de manière adéquate.

Une autre plainte porte sur le fait que le programme ne prévoit aucun avantage fiscal pour les habitants du nord, ce qui dissuade les résidents et les entreprises de revenir dans la zone bombardée.

Une maison endommagée par une roquette tirée par le Hezbollah sur la ville de Kiryat Shmona, le 5 mai 2024. (Crédit : David Cohen/Flash90)

« Le 23 janvier, M. Netanyahu a participé à une réunion avec nous et a promis qu’un plan pour le nord serait adopté dans les dix jours, dont un budget de 3,5 milliards de shekels », a indiqué Davidovich à Ynet. « Cinq mois se sont écoulés et aucun budget n’a été transféré. Ils jouent avec nous. Les entreprises du nord se sont effondrées, les résidents déplacés sont impuissants et il n’y a pas de réponse de Jérusalem. »

Nisan Zeevi, fondateur du « Lobby 1701 », une organisation qui cherche à éliminer la menace du Hezbollah de la frontière nord d’Israël et qui porte le nom de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU que le groupe terroriste chiite libanais viole régulièrement, a déclaré à Ynet : « Au lieu d’écouter les besoins [des habitants], les représentants du gouvernement présentent un plan embarrassant qui ne fait qu’éloigner de plus en plus de résidents de la Galilée. Si une décision est adoptée sans une définition claire des besoins des communautés de première ligne, de nouvelles sources budgétaires et un plan de réhabilitation des villes de Galilée, le Hezbollah sera en mesure de déclarer une victoire absolue. »

Le gouvernement a répondu à l’article d’Ynet en disant que le plan de réhabilitation à long-terme sera conçu avec les communautés locales et en fonction de leurs besoins.

Depuis le 8 octobre, le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah attaque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires le long de la frontière avec des roquettes, des drones, des missiles antichars et d’autres moyens, affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza dans le cadre de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas qui s’y déroule.

Jusqu’à présent, les affrontements à la frontière ont causé la mort de neuf civils du côté israélien, ainsi que celle de quatorze soldats et réservistes de Tsahal. Plusieurs attaques ont également été lancées depuis la Syrie, sans faire de blessés.

Le Hezbollah a signalé que 295 de ses terroristes ont été tués par Israël depuis le 8 octobre, principalement au Liban, mais aussi en Syrie. Au Liban, 59 membres d’autres groupes terroristes, un soldat libanais et au moins 60 civils, dont trois journalistes, ont été tués.

On estime que 60 000 à 80 000 Israéliens sont toujours déplacés à l’intérieur du pays depuis le début de la guerre, qui a éclaté le 7 octobre à la suite de l’assaut barbare et sadique du Hamas contre Israël, au cours de laquelle les terroristes ont tué près de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et en ont enlevé 252 autres.

Le Conseil du Sud, institution officielle chargée de constater les dégâts au sud du Liban, estime de son côté « l’ampleur des dégâts causés aux bâtiments et aux institutions à plus d’un milliard de dollars » (930 millions d’euros environ, ndlr) depuis le début de l’escalade jusqu’à début mai.

L’escalade a causé des dégâts massifs aux infrastructures, estimés par le Conseil du Sud à « environ 500 millions de dollars » (465 millions d’euros environ, ndlr). Les dégâts concernent principalement les services essentiels et les routes.

« 80% des statistiques ont été recueillies par nos équipes sur le terrain », a déclaré à l’AFP le chef du Conseil du Sud, Hachem Haidar.

Le Conseil du Sud obtient ses informations sur ces territoires auprès « d’ingénieurs, de maires et d’élus locaux qui nous fournissent les données dont ils disposent ».

Dans son dernier rapport, l’ONU indique que l’escalade a déplacé plus de 93.000 personnes au Liban.

Le Conseil estime qu’il y a « 1.700 maisons complètement démolies », en plus de « 14.000 habitations endommagées ».

Les bombardements ont également visé les moyens de subsistance des habitants et les champs agricoles.

L’AFP a contribué à cet article.

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