Zamir fustige l’allégation de la Quatorzième chaîne sur l’avocate militaire générale
Selon le média pro-Netanyahu, Yifat Tomer-Yerushalmi avait opposé son veto à une frappe sur le bâtiment où 4 soldats ont été tués, ce qui est faux selon le chef d’état-major

Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Eyal Zamir, a riposté à la Quatorzième chaîne, média aligné à la droite. Dimanche soir, la chaîne avait affirmé que le bâtiment ayant tué quatre soldats à Khan Younès la semaine dernière n’avait pas été frappé en raison d’un ordre donné par l’avocate militaire générale.
Les soldats, le sergent-major (Rés.) Chen Gross, le sergent-chef Yoav Raver, le sergent-chef Tom Rotstein et le sergent-chef Uri Yhonatan Cohen, ont été tués vendredi alors qu’ils pénétraient dans un bâtiment piégé à Bani Suheila, dans la banlieue de Khan Younès, afin de le sécuriser et de détruire d’éventuelles infrastructures terroristes, notamment des tunnels.
Lorsque l’explosion a été déclenchée, elle a provoqué l’effondrement de la structure, tuant les quatre soldats et en blessant cinq autres.
Après l’incident, le porte-parole de Tsahal, le brigadier général Effie Defrin, a déclaré qu’il n’y avait parfois « pas d’autre choix » que de pénétrer dans des bâtiments de la bande de Gaza afin de rechercher d’éventuels tunnels.
La Quatorzième chaîne a toutefois affirmé que l’armée avait envoyé des troupes dans le bâtiment plutôt que de le viser par une frappe aérienne, car l’avocate militaire générale, la général Yifat Tomer-Yerushalmi, aurait modifié le protocole militaire afin d’interdire toute frappe contre cette structure, qui aurait entraîné « d’importants dommages collatéraux ».
De manière inhabituelle, Zamir a publié une déclaration rejetant les « attaques fausses, répétées et sans fondement concernant la conduite de l’avocate militaire générale » qui, selon lui, étaient diffusées par la Quatorzième chaîne.

« Le chef d’état-major condamne les attaques fausses, répétées et sans fondement concernant la conduite de l’avocate militaire générale », a déclaré Zamir dans un communiqué.
« L’avocate militaire générale n’a donné aucune directive de ne pas frapper le bâtiment qui s’est effondré et a causé la mort de quatre soldats de l’armée israélienne à Khan Younès vendredi », a-t-il poursuivi.
« Les affirmations faites dans ce contexte sont fausses, malveillantes et totalement infondées », a déclaré Zamir, faisant référence au reportage de la Quatorzième chaîne.
« La sécurité des soldats de Tsahal est une considération centrale dans toutes les opérations menées dans la bande de Gaza, et les troupes sur le terrain ont la liberté opérationnelle de neutraliser les menaces », a-t-il souligné.

« Le chef d’état-major condamne fermement la diffamation des officiers de Tsahal qui travaillent jour et nuit pour la sécurité de l’État et la protection de ses citoyens », poursuit le communiqué.
Le reportage de la Quatorzième chaîne affirmait que le bâtiment n’avait pas été visé par une frappe aérienne parce que Tomer-Yerushalmi aurait modifié le protocole de l’armée qui interdisait de frapper cette structure.
Tsahal a expliqué que les soldats étaient entrés dans le bâtiment pour rechercher d’éventuelles entrées de tunnels. Malgré les efforts de l’armée pour localiser les pièges, le groupe terroriste palestinien du Hamas a déclenché une bombe lorsque les soldats sont entrés dans le bâtiment, qui s’est effondré sur eux, tuant quatre d’entre eux et en blessant cinq autres.
Plutôt que de reculer face aux critiques de Zamir, le média a redoublé d’efforts pour défendre ses affirmations. Lundi matin, il avait publié quatre articles supplémentaires sur le sujet, dont une déclaration confirmant qu’il maintenait ses informations.
Accusant Zamir d’avoir mal compris le reportage, le média a insisté sur le fait qu’il n’avait jamais affirmé que l’avocate militaire générale avait émis une directive qui avait directement conduit à la mort des quatre soldats à Khan Younès.
« L’article soulignait qu’il faisait référence à des incidents survenus au cours de la guerre, et non à une directive spécifique datant de vendredi dernier », a-t-il affirmé.
« Nous regrettons que le porte-parole de l’armée israélienne ait choisi d’agir de manière aussi déconnectée de la réalité », poursuit le communiqué.
« Il aurait été préférable qu’il regarde le reportage avant d’entraîner le chef d’état-major dans une déclaration à la presse. »

Dans une déclaration distincte publiée par la Quatorzième chaîne, le correspondant à l’origine du reportage s’est indigné que Zamir, qualifié « d’imprudent », ait choisi de « l’attaquer » plutôt que de répondre « de manière substantielle » aux allégations formulées dans le reportage.
Il a suggéré à Zamir d’aller plutôt « voir les familles endeuillées et leur expliquer pourquoi leurs enfants ont été tués ».
Le mois dernier, le ministre de la Défense Israel Katz a interdit à Tomer-Yerushalmi de participer à une conférence annuelle organisée par l’Association du barreau israélien (IBA), invoquant la crainte que cet événement ne serve de tribune à des « propos polémiques et politiques ».
Tsahal avait rejeté cette décision, affirmant que Zamir avait personnellement approuvé sa présence et soulignant l’importance pour l’armée de défendre publiquement la légalité de ses activités militaires.
L’an dernier, l’armée avait critiqué la Quatorzième chaîne pour avoir diffusé un clip qui se moquait du chef d’état-major de Tsahal, le général Herzl Halevi. L’armée avait accusé la chaîne de diffuser du « contenu provocateur et diffamatoire qui nuit à Tsahal ».