« 2 millions de nazis » en Cisjordanie, dit le ministre d’extrême droite Smotrich
Netanyahu se dit le seul à pouvoir empêcher la création d'un État palestinien
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a affirmé lundi « qu’il y a 2 millions de nazis » en Cisjordanie, en référence aux récents sondages révélant que la majorité des Palestiniens vivant sur ce territoire soutenaient les massacres commis par le Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël.
Les responsables israéliens ont comparé l’idéologie à la base des atrocités commises lors de l’assaut du Hamas – au cours duquel 1 200 personnes ont été brutalement assassinées, dont la plupart étaient des civils, et plus de 240 ont été enlevées à Gaza, ce qui a déclenché la guerre actuelle – à la vision du monde qui a conduit à l’assassinat systématique de millions de Juifs par l’Allemagne nazie pendant la Shoah.
Interrogé lundi par le Times of Israel sur les modifications budgétaires allouant 390 millions de shekels au renforcement de la sécurité et des infrastructures afférentes en Cisjordanie, le député d’extrême droite Smotrich a déclaré : « Il y a 2 millions de nazis en Judée-Samarie, qui nous haïssent au moins autant que les nazis du Hamas-Etat islamique (EI) à Gaza », utilisant le terme biblique pour désigner la Cisjordanie.
Smotrich semblait se référer à deux sondages réalisés ce mois-ci, selon lesquels près de deux tiers des Palestiniens de Cisjordanie approuveraient les atrocités commises le 7 octobre. La Cisjordanie compterait près de 3 millions de Palestiniens.
De nombreux responsables israéliens ont établi des parallèles entre le Hamas – dont l’objectif déclaré est la destruction d’Israël et dont l’un des dirigeants a promis de répéter les massacres du 7 octobre pour y parvenir – et les nazis.
Depuis lors, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d’autres ont fréquemment fait référence à l’assaut dévastateur du Hamas comme étant la pire attaque contre les Juifs depuis la Shoah. Le mois dernier, l’ambassadeur d’Israël aux Nations unies, Gilad Erdan, a épinglé une étoile jaune sur sa poitrine, insistant sur le fait qu’il la porterait « avec fierté » jusqu’à ce que le Conseil de sécurité des Nations unies condamne l’attaque du Hamas.
Mais, la semaine dernière, cette rhétorique a été rejetée par le président de Yad Vashem, Dani Dayan. Ce dernier a souligné que les deux événements étaient fondamentalement différents.
Smotrich, à la tête du parti de coalition HaTzionout HaDatit, est connu pour ses propos controversés à l’encontre des Palestiniens, des citoyens arabes israéliens et d’autres. Au début de l’année, il avait appelé Israël à « anéantir » la ville de Huwara, en Cisjordanie, en réponse à une attaque terroriste, mais il s’est ensuite rétracté.
S’adressant au Times of Israel lundi, Smotrich a également réfuté les allégations du responsable de la politique étrangère de l’Union européenne (UE), Josep Borrell, selon lesquelles les modifications budgétaires, qui ont été approuvées plus tard dans la journée, permettraient d’allouer des fonds à la construction de nouvelles implantations en Cisjordanie.
« Dans le budget qui a été approuvé aujourd’hui, il n’y a pas de financement pour de nouvelles constructions en Judée-Samarie », a affirmé Smotrich. Il s’agit plutôt de financer les besoins en matière de sécurité, notamment les points de contrôle et les escouades civiles de sécurité, ainsi que les armes et l’équipement dont ces équipes auraient besoin.
Séparément lundi, la chaîne publique Kan a rapporté que Netanyahu avait rencontré au moins 10 députés d’arrière-ban de son parti, le Likud, au cours de la semaine écoulée, dans le but de s’assurer de leur soutien continu, face à la chute libre dans les sondages du parti au pouvoir – et du Premier ministre lui-même – depuis le déclenchement de la guerre.
« Je suis le seul qui pourra empêcher la création d’un État palestinien à Gaza et en Cisjordanie après la guerre », aurait déclaré Netanyahu aux élus, selon Kan.
Cette position est en contradiction directe avec la politique de l’administration du président américain Joe Biden, désireux de relancer les discussions sur une solution à deux États afin de conserver le soutien du monde arabe. Ces propos ont été tenus alors même que Biden continue à apporter un soutien sans faille à Israël dans la guerre qu’il mène pour éliminer le Hamas et obtenir la libération des otages saisis par le groupe terroriste le 7 octobre dernier.
Netanyahu aurait également déclaré aux députés du Likud que l’administration Biden était contre toute incursion terrestre d’Israël à Gaza et contre l’entrée de Tsahal dans l’hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza, où de nombreux signes témoignant de la présence du Hamas avaient été découverts. Netanyahu se serait vanté d’être allé à l’encontre des souhaits des États-Unis dans les deux cas.
D’après deux responsables américains qui se sont entretenus avec le Times of Israel, les États-Unis ne se seraient jamais opposés aux opérations menées par Israël à Gaza, comme l’a suggéré Netanyahu. En revanche, Washington a fait pression pour que Tsahal assure la protection des civils, ont déclaré les responsables, notant qu’ils soutiennent le principe de l’extension de l’opération terrestre dans le sud de Gaza, tant que les civils bénéficient d’une protection.
« Je connais Biden depuis plus de 40 ans et je sais comment parler aux Américains », aurait affirmé Netanyahu, cité par Kan, lors de réunions en tête-à-tête avec des députés de l’arrière-ban du Likud.
Netanyahu a notamment rencontré David Bitan (Likud), qui a exhorté le Premier ministre à éviter les déclarations exagérées qui lui ont déjà valu des ennuis. Netanyahu avait affirmé au début de la guerre qu’Israël n’autoriserait pas l’entrée de carburant dans la bande de Gaza, avant de revenir sur cette promesse au début du mois.
Toujours selon Kan, Netanyahu aurait clairement fait savoir aux membres de sa faction qu’il n’envisageait pas de quitter le pouvoir après la guerre, et ce, malgré les sondages qui, depuis le début de la guerre, prédisent invariablement que si des élections avaient lieu, le parti de Netanyahu s’effondrerait, que sa coalition actuelle passerait de 64 à 42 sièges à la Knesset et qu’il serait chassé du pouvoir.