3 Israéliens mis en examen pour avoir prié sur le mont du Temple
Les hommes sont accusés d'avoir troublé l'ordre public en récitant "Shema Yisrael" sur le lieu saint de Jérusalem ; ils dénoncent des accusations "absurdes"
Trois Juifs israéliens ont été mis en examen pour avoir prié sur le complexe du mont du Temple l’an dernier. La droite a accusé le gouvernement d’étouffer la liberté de culte sur le site le plus sacré du judaïsme.
Les trois accusés – dont deux soldats israéliens – sont accusés de troubles à l’ordre public et d’avoir perturbé les policiers dans l’exercice de leurs fonctions.
Le mont du Temple, le lieu le plus saint du judaïsme et troisième lieu le plus saint pour les musulmans, qui l’appellent Al-Aqsa ou le Noble Sanctuaire – est le site le plus instable de Jérusalem. Les dirigeants palestiniens – ainsi que la Jordanie, qui a un rôle particulier sur le site en vertu de son accord de paix avec Israël – rejettent le lien juif avec le mont du Temple et considèrent toute entrée de Juifs religieux sur le site comme une « provocation ».
Situé dans la Vieille Ville, qui, selon Israël, fait partie de sa capitale indivisible et que les Palestiniens revendiquent comme faisant partie de Jérusalem-Est, la capitale de l’État auquel ils aspirent, le site est l’une des principales poudrières du conflit israélo-palestinien.
Les Juifs sont autorisés à se rendre sur l’esplanade durant certaines heures de la journée, en empruntant un parcours précis sous haute protection policière et sous la supervision du Waqf islamique mais n’ont pas le droit d’y prier, d’y arborer des symboles religieux ou nationaux, ni de boire des fontaines d’eau.
L’acte d’accusation, déposé dimanche à la Cour des magistrats de Jérusalem, indique que les hommes ont été arrêtés le 17 septembre 2018, après qu’ils se sont prosternés devant le Dôme du rocher et ont prononcé la prière juive de « Shema Yisraël », enfreignant les règles en vigueur sur ce lieu saint.
Alors qu’ils étaient escortés par la police vers l’extérieur du complexe, les hommes ont ralenti et continué à réciter « Shema Yisrael », après quoi des Musulmans présents se sont regroupés et ont commencé à tenir des propos anti-Juifs, selon l’acte d’accusation.
Les Musulmans en question n’ont pas été arrêtés mais cinq militants ont été arrêtés le lendemain pour avoir essayé d’empêcher un groupe de Juifs d’entrer sur le site.
Ces deux incidents se sont produits quelques jours avant Yom Kippour, journée la plus sainte du calendrier juif. Cette période est souvent chargée de tensions et le nombre de visiteurs sur le site augmente.
L’un des accusés, identifié comme étant Nahshon Amit, a déclaré mardi au micro de la radio militaire que « le contenu de l’acte d’accusation est absurde. L’Etat d’Israël se vante systématiquement de sa liberté de culte, et c’est faux ».
L’avocat de l’un des accusés, Moshe Polski, de l’organisation de droite Honenu, a déclaré dimanche que « c’est une mise en examen scandaleuse. Il est inconcevable que réciter le ‘Shema Yisrael’ dans l’Etat d’Israël soit considéré comme un délit, quelle que soit la façon dont on le voit ».
« L’argument de la police sur le fait que la prière ou la prosternation mette en danger l’ordre public est inacceptable. S’il y a des éléments violents, la police devrait leur interdire l’accès au site. La police n’a pas à avoir peur que le Waqf déclenche des troubles à l’ordre public et accuse ensuite les Juifs de troubler l’ordre public. »
La police israélienne a dit qu’elle allait « prendre des mesures pour faire respecter la loi et empêcher toute action illégale qui entraînerait des troubles à l’ordre public. Une fois l’enquête terminée et conformément aux éléments de preuve, il a été décidé d’engager des poursuites, comme cela s’est produit dans de nombreux autres cas dans le passé. »