4 universités refusent de rédiger leurs documents officiels uniquement au masculin
L'université de Tel Aviv continuera à écrire de façon à "traiter les hommes et les femmes de manière égale et respectueuse" ; l'école Bezalel n'utilisera que la forme féminine pour protester
Plusieurs universités ont annoncé qu’elles ne se plieraient pas à la nouvelle directive du service de la fonction publique qui consiste à éliminer les terminaisons et les suffixes propres au masculin et au féminin et à n’employer que la forme masculine lors de la publication d’offres d’emplois.
En hébreu comme en français, les noms communs sont genrés et leur forme indique s’il s’agit du masculin du féminin. Lorsque l’on s’adresse à un public mixte, l’orthographe prend traditionnellement la forme masculine.
Pour promouvoir l’égalité des sexes, certains ont pris l’habitude d’inclure les deux orthographes, masculine et féminine, à la fin d’un mot, en utilisant une barre oblique pour inclure les deux. (Un usage à peu près analogue serait une offre d’emploi dans un restaurant pour un « serveur/euse »).
La directive, publiée la semaine dernière par le chef de la fonction publique, Daniel Hershkowitz, cite l’Académie de la langue hébraïque, qui indique que l’utilisation de la forme masculine comme terme neutre est appropriée.
Elle précise que les suffixes masculins-féminins « complique l’orthographe, rend la lecture difficile et crée des perturbations linguistiques ».
Il a ajouté que si les offres d’emplois n’avaient recours qu’à la forme masculine c’était pour une question de précision linguistique, et que les candidats, tant masculins que féminins, étaient invités à postuler.
En réponse à la directive, au moins quatre établissements d’enseignement supérieur ont déclaré dimanche qu’elles ne s’y conformeraient pas.
« En réponse à la directive de la Commission de la fonction publique, l’université annonce qu’elle maintiendra sa pratique de publier des offres qui traitent les hommes et les femmes de manière égale et respectueuse, et continuera d’utiliser la forme inclusive dans sa publication de documents officiels », a déclaré l’université de Tel Aviv dans un communiqué.
« Accepter un mode d’adresse exclusivement masculin retarderait les progrès vers l’objectif de l’égalité », a ajouté l’université, affirmant que l’idée selon laquelle la forme avec un trait d’union était « lourde » était dépassée par la recherche de l’égalité.
L’université Ben Gurion du Néguev et l’université de Haïfa ont publié des déclarations similaires affirmant qu’elles continueraient de publier des offres en utilisant explicitement une terminologie inclusive.
L’Académie des arts et du design Bezalel est allée encore plus loin, déclarant dans un communiqué que, pour protester contre la directive, « pendant le mois à venir, Bezalel n’utilisera que la forme féminine dans toutes ses publications ».
« Le langage peut promouvoir des valeurs et provoquer des changements sociaux », a-t-il déclaré. « Bezalel est engagé en faveur de l’égalité et de l’équité entre les sexes. »
Les préoccupations des universités ont été exprimées dans une lettre ouverte signée par 100 hauts responsables des ministères gouvernementaux.
« Le choix de modifier la directive menace de défaire des réalisations délicates et porte, même si ce n’est que sur le plan déclaratif, un message négatif aux fonctionnaires civils masculins et féminins », ont-ils déclaré.
« En tant que gestionnaires masculins et féminins chargés de recruter du personnel pour la fonction publique… nous ne comprenons pas la nécessité de cette clarification linguistique à ce moment précis. À notre connaissance, il n’y a pas eu de mise à jour spécifique à ce sujet de l’Académie de la langue hébraïque, nous avons donc été surpris de voir votre nouvelle directive. »
La compagnie d’électricité d’Israël et plusieurs autres entreprises et organismes ont également rejeté la nouvelle directive.
Des recherches en Amérique du Nord, bien que vieilles d’une décennie, ont montré que les femmes sont moins susceptibles de postuler à des offres d’emploi qui utilisent des termes exclusivement masculins.
En réaction à la directive de Hershkowitz la semaine dernière, la dirigeante du parti travailliste, Merav Michaeli, une fervente défenseure de l’égalité des sexes à la Knesset, a déclaré : « C’est exactement ainsi que se manifeste l’exclusion de plus de 50 % de la population. »
« Ils ne veulent pas seulement ne pas nommer de femmes, ils ne veulent même pas qu’elles postulent », a-t-elle déclaré.
Le gouvernement Netanyahu a été critiqué à plusieurs reprises pour ses politiques à l’égard des femmes, notamment pour le faible nombre de femmes occupant des postes de direction dans la coalition.
Le gouvernement a été vivement critiqué la semaine dernière pour avoir fait avancer un projet de loi visant à réorganiser l’autorité nationale officielle pour la promotion de l’égalité des sexes. Les critiques affirment que cette mesure privera l’autorité de son indépendance professionnelle et la soumettra aux caprices des politiciens.