5 choses à savoir sur la chaîne qatarie Al Jazeera
La loi "Al Jazeera", qui permet d'empêcher les chaînes étrangères d’opérer en Israël considérées dangereuses pour la sécurité nationale, validée, le bureau de la chaîne en Israël a fermé
La chaîne qatarie Al Jazeera, dont le bureau en Israël a été fermé dimanche par les autorités israéliennes, s’est attirée les foudres du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour sa couverture de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza.
Netanyahu a accusé sur X le bureau d’Al Jazeera en Israël de « menacer la sécurité » du pays, affirmant que son gouvernement avait « décidé à l’unanimité » de le fermer.
Voici cinq choses à savoir sur le géant arabe des médias, dans le viseur de l’administration de Netanyahu, depuis bien avant le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre.
Fondation
Al Jazeera a été créée à Doha en 1996 par un décret de l’ancien émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani.
Tout en stipulant que la chaîne devait être « totalement indépendante de toute influence », le décret prévoyait un prêt gouvernemental d’environ 140 millions d’euros pour « sa mise en place et la couverture de ses coûts de fonctionnement pendant cinq ans ».
Le gouvernement qatari a continué toutefois à financer une partie du budget de la chaîne, soulevant parfois des questions sur son indépendance éditoriale par rapport à Doha.
Al Jazeera s’est immédiatement imposée comme un rival des géants internationaux des médias, mais sa couverture en tant que « première chaîne d’information indépendante du monde arabe » a également suscité des tensions dans la région.
Portée mondiale
La chaîne affirme qu’elle couvre 95 pays avec 70 bureaux et une équipe de 3 000 employés, et dit toucher 430 millions de foyers.
Al Jazeera qui diffusait seulement en arabe a lancé en 2006 un service en anglais, Al Jazeera English.
Le réseau comprend également une chaîne diffusant des événements en direct, Al Jazeera Mubasher, et la chaîne AJ+, uniquement numérique et en ligne, qui s’adresse à un jeune public.
Printemps arabe
Alors qu’une vague de soulèvements populaires a balayé le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord en 2011, Al Jazeera a été considérée comme un acteur clé dans le façonnement de l’opinion publique, ayant accordé un temps d’antenne sans précédent aux groupes d’opposition, en particulier au groupe terroriste des Frères musulmans.
La chaîne a subi alors des pressions de la part des gouvernements de toute la région.
Le Caire a par exemple considéré Al Jazeera comme un porte-parole des Frères musulmans et les autorités égyptiennes ont arrêté trois journalistes de la chaîne.
Blocus du Qatar
En 2017, les voisins du Qatar, au premier rang desquels l’Arabie saoudite, ont imposé un blocus diplomatique et économique de trois ans à la monarchie du Golfe.
En plus d’exiger du Qatar qu’il coupe ses liens avec les Frères musulmans et le Hamas (le Qatar héberge le bureau politique du groupe terroriste palestinien), ils ont également appelé à la fermeture d’Al Jazeera et de toutes ses filiales.
La chaîne avait qualifié ces pressions de tentative de « réduire au silence la liberté d’expression ».
Guerre de Gaza
Le Qatar est l’un des pays médiateurs dans la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.
Depuis le 7 octobre, Al Jazeera diffuse en continu des reportages sur les conséquences des opérations militaires israéliennes dans l’enclave.
Ses émissions ont été parmi les plus suivies au Moyen-Orient, dans un contexte de désenchantement généralisé à l’égard de la couverture médiatique occidentale.
Netanyahu a accusé Al Jazeera d’être « un organe de propagande du Hamas et d’avoir participé activement » à l’assaut barbare et sadique du groupe terroriste palestinien du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre.
L’armée israélienne avait répondu début janvier aux informations portant sur la mort de deux journalistes palestiniens qui travaillaient pour Al-Jazeera au cours d’une frappe commise dans le sud de Gaza, en disant que les « deux agents terroristes » se trouvaient à bord du véhicule d’un terroriste qui actionnait un drone pour le compte du Hamas.
Le chef du bureau, Waël Dahdouh, a été blessé par une frappe imputée à Israël en décembre, qui a tué le caméraman de la chaîne.