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Analyse

6 questions au sujet des prochaines élections en Israël

Netanyahu sera-t-il inculpé ? Un nouveau leader de centre-gauche se lèvera-t-il ? Comment Gideon Saar fera-t-il avec un Likud hostile ? La prochaine coalition sera-t-elle la même ?

Marissa Newman

Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël

De gauche à droite : Ehud Barak, Avi Gabbay, Benjamin Netanyahu, Yair Lapid, Moshe Yaalon (Crédit : Images de Flash90)
De gauche à droite : Ehud Barak, Avi Gabbay, Benjamin Netanyahu, Yair Lapid, Moshe Yaalon (Crédit : Images de Flash90)

Le 9 avril, quelques jours avant la fête de Pessah, les Israéliens se rendront aux urnes, sept mois plus tôt que prévu, ont annoncé lundi les dirigeants de la coalition.

Les élections anticipées attendues de longue date ont été annoncées avec un certain aplomb, après des mois au cours desquels les observateurs politiques s’attendaient à un éclatement spectaculaire qui allait entraîner la coalition dans une chute libre au ralenti.

Néanmoins, le vote national à venir soulève un certain nombre de questions épineuses qui pourraient déterminer l’issue et la composition du prochain gouvernement israélien.

Le procureur général va-t-il inculper Netanyahu ?

L’annonce des élections est intervenue au moment où le procureur général Avichai Mandelblit a commencé à examiner les poursuites pénales engagées contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu, des rapports suggérant qu’il avait l’intention de prendre une décision sur l’inculpation du Premier ministre à la mi-avril.

De nombreux analystes suggèrent que le moment choisi par Netanyahu n’était pas fortuit, loin s’en faut. Selon eux, le Premier ministre cherche à se faire réélire avant qu’un acte d’accusation ne soit déposé, en supposant que le procureur général hésiterait à porter plainte contre le dirigeant de longue date d’Israël en pleine campagne électorale.

Le procureur général Avichai Mandelblit assiste à une réunion de la Commission de contrôle de l’État à la Knesset, le 3 décembre 2018. (Miriam Alster/Flash90)

Alors que les élections doivent désormais avoir lieu le 9 avril, les rapports initiaux de lundi, citant de sombres responsables juridiques anonymes, ont déclaré que Mandeblit retarderait probablement une telle annonce pour éviter que son intervention dans le processus politique en Israël soit évoquée. Des rapports ultérieurs, cependant, citant des fonctionnaires anonymes similaires, ont indiqué qu’il pourrait prendre une décision d’ici février.

Le ministère de la Justice a nié que le travail du procureur général sera influencé par les développements politiques, et a souligné lundi sa directive interne sur la poursuite des procédures contre les candidats politiques, même pendant les campagnes électorales. Toutefois, cette même directive invite également les procureurs à faire preuve de prudence et, ironiquement, à consulter le procureur général dans les affaires particulièrement sensibles.

Comment Mandelblit, l’ancien secrétaire de cabinet de Netanyahu, pourrait être un facteur majeur dans cette course.

Y aura-t-il un bloc de centre gauche pour affronter Netanyahu ?

A l’approche de la saison électorale, les chaînes de télévision israéliennes ont réalisé des sondages politiques qui incluent un parti hypothétique présidé par Benny Gantz, ancien chef d’état-major de l’armée israélienne. Les sondages suggèrent qu’un bloc de centre gauche dirigé par Gantz pourrait donner au Likud de Netanyahu du fil à retordre.

Gantz, qui a commandé la guerre de Gaza en 2014 sous Netanyahu, est largement considéré comme étant prêt à annoncer son entrée en politique. Bien que l’on sache peu de choses de ses positions actuelles, il est présenté comme un progressiste. L’ancien général est également considéré comme un candidat privilégié pour le centre-gauche avec son image sécuritaire à même de défier celle de « M. Sécurité » titre que Netanyahu se donne lui-même et qui est bien admis.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) avec le chef d’Etat-major d’alors, Benny Gantz (au centre) et le ministre de la Défense de l’époque Moshe Yaalon (à droite) dans le sud d’Israël, pendant la guerre contre le Hamas, le 21 juillet 2014. (Crédit : Kobi Gideon/GPO/Flash90)

L’ancien Premier ministre Ehud Barak a déclaré lundi qu’il envisageait un retour en politique – si un bloc de centre-gauche s’unissait pour le soutenir. Barak aurait également rencontré récemment le président de l’Union sioniste Avi Gabbay, la chef de l’opposition Tzipi Livni et l’ancien ministre de la Défense Moshe Yaalon, entretenant les rumeurs selon lesquelles une telle union pourrait être en cours de formation. Le leader de Yesh Atid, Yair Lapid, a précédemment rejeté toute suggestion d’adhésion à une telle alliance.

Les sondages actuels – réputés pour leur inconstance – donnent au Likud de Netanyahu une solide avance sur ses rivaux, ce qui suggère qu’aucun parti de l’opposition ne pourrait le mettre hors-course. Une coalition de plusieurs forces pourrait cependant y parvenir.

Si les dirigeants du parti centriste et de gauche seront capables d’aplanir leurs divergences et de s’unir, cela pourrait s’avérer décisif pour l’élection – et pour Netanyahu.

Le Likud va-t-il diaboliser son fils prodigue comme étant le cerveau d’un putsch ?

En 2017, l’ancien ministre du Likud Gideon Saar – longtemps considéré comme le seul challenger interne crédible de Netanyahu – a annoncé son retour en politique avec un discours relativement conciliant dans lequel il déclarait ne pas vouloir remplacer le Premier ministre et vouloir seulement renforcer le Likud.

Néanmoins, Netanyahu a depuis ouvertement attaqué Saar, allant jusqu’à l’accuser d’élaborer un complot pour le remplacer, qualifiant le prétendu plan de « conspiration du siècle ». Les loyalistes du Premier ministre ont également tenté de faire avancer un projet de loi – aujourd’hui abandonné – qui limiterait les pouvoirs du président dans le choix d’un dirigeant politique pour former une coalition après les élections nationales, dans un mouvement largement considéré comme une tentative d’étouffer la rébellion potentielle présumée menée par Saar.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche), et l’ancien ministre de l’Éducation Gideon Saar, allument les bougies qui célèbrent la fête juive de Hanukkah pendant le Concours biblique au Centre international des conférences à Jérusalem, le 12 décembre 2012. (Miriam Alster/Flash90)

L’épouse de Saar, la présentatrice Geula Even, a démissionné de la chaîne publique Kan en direct lundi soir, quelques heures après l’annonce des élections.

Avec les primaires du Likud à l’horizon – qui auront probablement lieu en février – il reste à voir si le Premier ministre continuera à faire la guerre à Saar dans le but de neutraliser un rival potentiel, si les électeurs du Likud prendront les accusations du Premier ministre au sérieux, et se retourneront contre lui et comment le supposé nouveau parti va s’organiser lors des élections, trois ans après son départ de la vie politique.

Est-ce que la cohésion de YaHadout HaTorah et de la Liste arabe unie résistera ?

Avant le vote national, l’unité de certains partis reste en suspens.

Les dirigeants du parti ultra-orthodoxe YaHadout HaTorah doivent se réunir cette semaine et décider si ses factions Agudath Yisrael et Degel Hatorah se présenteront ensemble ou séparément lors de la prochaine élection d’avril.

Les factions haredi se sont affrontées lors des élections locales d’octobre, soutenant différents candidats dans différentes villes dans le cadre de campagnes qui ont souvent tourné à l’acrimonie.

Le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri (au centre), le ministre de la Santé Yaakov Litzman (à gauche) et le député Moshe Gafni (Torah VeYahadout) à la troisième conférence du parti Shas à l’hôtel Ramada, à Jérusalem le 16 février 2017. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Les factions étaient également en désaccord sur le controversé projet de loi sur l’enrôlement des ultra-orthodoxes, avec Degel HaTorah, plus enclin à soutenir la législation.

Les factions devront décider si elles doivent se présenter séparément, au risque de ne pas franchir le seuil électoral de la Knesset, ou de rester unies malgré leurs divergences.

De même, il reste à voir si la Liste arabe unie qui possède 13 sièges – composée de communistes arabes laïcs, de fervents islamistes, de féministes musulmanes et d’un juif de gauche – se maintiendra ou si l’alliance retrouvera ses quatre partis distincts initiaux.

Le parti haredi Shas est également menacé par le seuil électoral, après que les sondages de l’année dernière ont montré qu’il accédait tout juste à la Knesset.

La police a recommandé que son chef de parti, le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri, soit jugé pour fraude, abus de confiance, entrave aux procédures judiciaires, blanchiment d’argent et infractions fiscales portant sur des millions de shekels. Les procureurs n’ont pas encore pris de décision sur l’opportunité d’inculper Deri, qui a passé 22 mois en prison entre 2000 et 2002, après avoir été reconnu coupable d’avoir accepté des pots-de-vin lors de son précédent mandat de ministre de l’Intérieur dans les années 1990.

Qu’adviendra-t-il du projet de loi Haredi ?

Les dirigeants de la coalition se sont réunis lundi pour discuter d’un projet de loi controversé sur l’enrôlement des hommes ultra-orthodoxes, lorsque les élections ont été annoncées soudainement.

Cette décision a été prise après la déclaration du député Yair Lapid selon laquelle son parti d’opposition, Yesh Atid, voterait contre le projet de loi, après l’avoir appuyé, affirmant que le gouvernement préparait un accord « sous la table » qui modifierait sa portée.

A titre d’illustration : Des soldats du bataillon ultra-orthodoxe Netzah Yehuda de l’armée israélienne sont assis dans un champ sur la base militaire de Peles, dans la vallée du Jourdain. (Yaakov Naumi/Flash90)

Plus tôt ce mois-ci, la Cour suprême a accordé au gouvernement un mois et demi supplémentaire pour adopter le projet de loi, repoussant la date limite de début décembre à la mi-janvier. Sans cette prolongation, des milliers d’étudiants de yeshiva seraient devenus admissibles à l’enrôlement.

Alors qu’Israël s’apprête à se rendre aux urnes, le tribunal accordera probablement un nouveau sursis.

Mais si Netanyahu gagnait en avril, et réintégrait à nouveau les partis ultra-orthodoxes dans sa coalition, son gouvernement reviendrait apparemment à la case départ sur cette question vieille de 70 ans. Si un autre candidat, du centre gauche, sort vainqueur, le projet de loi ne sera probablement pas considéré comme suffisamment exigeant sur la question, ce qui suscitera des modifications.

Israël aura-t-il le même gouvernement qu’avant ?

Netanyahu, s’adressant aux journalistes après l’annonce des élections, a présenté ce qu’il considère comme ses réussites et a déclaré s’attendre à ce que la coalition multipartite sortante serve de « noyau » pour la prochaine édition.

« La coalition actuelle est, à mes yeux, le noyau de la prochaine coalition », a dit M. Netanyahu. « Nous demandons un mandat clair de la part des électeurs afin de continuer à diriger l’État d’Israël à notre manière. »

Les sondages israéliens (souvent peu fiables) de ces derniers mois ont suggéré que cela pourrait se produire, plaçant le Likud de Netanyahu en tête, et les autres partis de la coalition actuelle ratissant suffisamment de sièges pour former un autre gouvernement.

« Quel est l’intérêt d’aller aux élections s’ils annoncent déjà qu’il y aura par la suite une coalition presque identique « , s’est interrogé le député Moshe Gafni, de Yahadout HaTorah, dans une interview à la radio de l’armée ce lundi.

Mais comme aiment à le dire solennellement les Israéliens impassibles, on sait comment les guerres commencent, mais pas comment elles finissent.

Il en va de même pour les campagnes politiques israéliennes.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu au bureau de vote à Jérusalem, le 14 juin 2015 (Crédit : Miriam Alster / FLASH90)

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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