Israël en guerre - Jour 423

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A Jérusalem, des dirigeants autochtones défendent le lien qui unit les juifs à leur terre

Ils sont des dizaines, venus du monde entier, pour dire leur solidarité avec Israël face à la guerre et réfuter le fait que l'État juif soit une entreprise coloniale

Harvey Yesno, grand chef de la tribu Ojibwée du Canada, en train de prier au mur Occidental, le 28 octobre 2024, lors d'une visite organisée par Indigenous Embassy Jerusalem (Perry Trotter/IEJ)
Harvey Yesno, grand chef de la tribu Ojibwée du Canada, en train de prier au mur Occidental, le 28 octobre 2024, lors d'une visite organisée par Indigenous Embassy Jerusalem (Perry Trotter/IEJ)

Une soixantaine de représentants des peuples autochtones venus du monde entier se sont retrouvés, lundi, sur l’esplanade du mur Occidental, à Jérusalem, pour se donner la main et témoigner de leur soutien à Israël ainsi qu’au peuple juif.

Cette délégation unique en son genre a défilé dans les ruelles de la Vieille Ville entre la porte de Jaffa et le mur Occidental, revêtue de vêtements traditionnels chamarrés représentatifs de plusieurs cultures autochtones – bandeaux de perles, coiffes à plumes, châles brodés et autres textiles tissés.

Au milieu de cette foule traversée de symboles de ces cultures autochtones s’élevaient un certain nombre des drapeaux israéliens, en soutien à Israël confronté à la guerre. Cette délégation était particulièrement bien placée pour faire passer un autre message, à savoir que les Juifs sont originaires de la terre d’Israël.

Ce défilé est l’oeuvre de l’Indigenous Embassy in Jerusalem (IEJ), organisation à but non lucratif créée en février dernier dans le but d’offrir aux peuples autochtones du monde entier une représentation dans la capitale israélienne, et ce, indépendamment de leurs pays d’origine.

« Nous tenions à témoigner de notre soutien aux Juifs, peuple autochtone de cette terre », expliquent Sheree Trotter, co-directrice de l’IEJ, et l’ex-membre de la Chambre des représentants de Nouvelle-Zélande, l’honorable Alfred Ngaro.

Universitaire et militante maorie, Trotter est également l’une des fondatrices de la Fondation pour la Shoah et l’antisémitisme dans son pays, la Nouvelle-Zélande.

« Un mensonge s’est emparé du monde occidental, jusqu’au pays dans lequel je vis, qui présente les Juifs comme des colons étrangers qui ont dépossédé des Palestiniens autochtones. Nous voulons rétablir la vérité », confie-t-elle au Times of Israel.

Ceux qui cherchent à délégitimer l’État d’Israël avancent souvent l’argument qu’Israël est une entité coloniale de peuplement qui devrait être démantelée et remplacée par un État palestinien « de la rivière à la mer ».

Le récit palestinien s’enracine dans le postulat d’un lien historique entre les Arabes et cette terre. Dirigeants et universitaires palestiniens estiment que ce lien est antérieur à l’importante immigration de Juifs liée au mouvement sioniste des XIXe et XXe siècles – omettant trop souvent le lien profond qui unit le peuple juif et la Terre d’Israël depuis des milliers d’années.

Une délégation internationale de dirigeants autochtones devant le mur Occidental, à Jérusalem, le 28 octobre 2024 (Crédit : Gianluca Pacchiani/Times of Israel)

En arrivant sur l’esplanade du mur Occidental, la délégation n’a pas manqué d’attirer l’attention des fidèles, intrigués par ces tenues pour le moins exotiques. Nombre de fidèles les ont applaudis et se sont approchés d’eux pour se prendre en photo en leur compagnie, jusqu’à ces soldats de Tsahal, enthousiasmés par cette rencontre inattendue. Un homme haredi s’est improvisé chef de chœur pour faire interpréter à la délégation des chants juifs traditionnels comme « Hava Nagila » ou « Yeroushalayim shel zahav ».

Pour de nombreux membres de cette délégation, ce voyage à Jérusalem est bien plus qu’un simple pèlerinage. Il s’agit en effet du témoignage public du lien de parenté qu’ils ressentent avec le peuple juif et le sionisme – une chose qui, pour certains, serait mal vue dans leur pays, même au sein de leur communauté aborigène.

Interrogée sur la possible polarisation des participants à la marche à propos du conflit, Trotter explique : « Cette délégation a une orientation particulière : la majorité de ses membres sont en effet chrétiens, ce qui explique leur engagement envers cet endroit. »

Dès le début de la conversation, l’appartenance religieuse des participants est patente. Ils sont nombreux à penser que Dieu a promis la Terre Sainte aux patriarches du peuple juif, comme il est écrit dans la Bible.

Harvey Yesno, grand chef de la tribu Ojibwée du Canada, lors d’une visite organisée par Indigenous Embassy in Jerusalem. (Crédit : Gianluca Pacchiani/Times of Israel)

Harvey Yesno, grand chef de la tribu Ojibwé de Thunder Bay, dans le nord-ouest de l’Ontario, au Canada, explique que c’était son rêve de mettre en place une représentation permanente pour les peuples autochtones à Jérusalem, et que l’un de ses principaux objectifs était de lutter contre la désinformation tendant à faire croire qu’Israël n’est pas autochtone.

« La même chose se passe chez
nous », poursuit-il en évoquant les tentatives de délégitimation des droits de son peuple sur son territoire ancestral.

« Nous avons conclu des traités avec la Grande-Bretagne et d’autres puissances coloniales. Notre travail consiste désormais à corriger le narratif qui persiste. Nous sommes convaincus qu’Israël est indigène de cette terre », souligne-t-il. « L’histoire le prouve. L’archéologie le prouve. »

Nicholas Gurub Nawab, chef du peuple Khoisan d’Afrique australe, admet que sa communauté d’origine est souvent hostile à Israël.

« Nous tentons de convaincre notre tribu qu’il nous faut nous aligner sur nos frères aînés, le peuple juif », explique-t-il. « En tant que premiers peuples autochtones colonisés et opprimés, nous nous identifions à nos frères juifs et à ce qu’ils endurent sur leur terre. »

Semesi Naciqa, chef tribal des Fidji, lors d’une visite à Jérusalem organisée par l’Indigenous Embassy in Jerusalem, le 28 octobre 2024. (Crédit : Gianluca Pacchiani/Times of Israel)

Semesi Naciqa, chef tribal des Fidji, est marié à une femme inuite et vit au Nunavut, dans l’Arctique canadien. Depuis l’esplanade du mur Occidental, il explique s’être joint à cette délégation pour faire une déclaration.

« Nous ne sommes pas d’accord avec ce que disent les médias et d’autres sources d’information, à savoir qu’il s’agirait d’un territoire occupé. Nous pensons que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, notre Dieu à nous aussi, a donné cette terre éternelle à Israël en tant que signe d’alliance avec Abraham et ses descendants », explique Naciqa. « Le peuple israélien a le droit d’être sur cette terre, et il est autochtone, tout comme nous. »

Combattre l’anti-sionisme avec les outils du monde universitaire

Trotter avait une stratégie bien arrêtée en créant l’Indigenous Embassy in Jerusalem. En sa qualité de chercheuse, titulaire d’un doctorat en histoire du sionisme d’une université de Nouvelle-Zélande, elle sait que l’anti-sionisme et l’antisémitisme que l’on retrouve dans le discours public vient tout droit du monde universitaire et doit donc être combattu avec des instruments de même nature.

L’Indigenous Embassy in Jerusalem a entrepris de susciter et publier des recherches destinées à réfuter qu’Israël serait une entreprise colonialiste de peuplement et réaffirmer les liens du peuple juif avec sa patrie ancestrale.

« L’idée est de construire un corpus académique de nature à s’opposer à ces faux récits », explique Trotter au Times of Israel.

Le lendemain de sa marche vers le mur Occidental, l’Indigenous Embassy in Jerusalem a organisé un symposium académique au Musée des Terres Bibliques de Jérusalem, au cours duquel une douzaine d’érudits ont présenté le résultat de leurs recherches.

Sheree Trotter, universitaire maorie et codirectrice de l’Indigenous Embassy in Jerusalem, lors d’un symposium au Musée des terres bibliques de Jérusalem, le 29 octobre 2024. (Perry Trotter)

C’est Natan Sharansky, icône de la lutte pour la communauté juive soviétique, qui a ouvert la conférence à laquelle ont notamment pris part la chercheuse sur l’antisémitisme Izabella Tabarovsky, chercheuse principale à l’Institut Z3 pour les priorités juives en Californie, qui a fait une présentation sur la propagande soviétique tardive visant à nier le lien des Juifs avec la Terre d’Israël et empêcher les Juifs de quitter l’Union soviétique.

Wayne Horowitz, professeur d’archéologie à l’Université hébraïque, a donné un passionnant aperçu de ses recherches sur l’ethno-astronomie et des affinités entre les traditions cosmologiques de l’ancien Israël et de la tribu Gwich’in, dans l’Arctique canadien.

La militante canadienne des Premières Nations Karen Restoule a évoqué la récupération de la cause des peuples autochtones à des fins néfastes.

Lors d’un rassemblement devant le Parlement canadien à Ottawa, en décembre dernier, Restoule avait dénoncé l’utilisation au Canada par les manifestants anti-israéliens de termes tels que « coloniser » ou
« décoloniser » pour justifier le terrorisme et les violences commises contre ses civils israéliens.

La co-directrice de l’IEJ, Trotter, a également pris la parole pour évoquer le « détournement de l’indigénéité » en faveur du récit palestinien dans le discours maori sur le conflit, chez elle, en Nouvelle-Zélande natale.

Aux premières semaines de la guerre, les vidéos de Maoris en train de faire le Haka – leur danse traditionnelle – lors de manifestations pro-israéliennes ont fait le tour de la toile.

Trotter a expliqué que si ces témoignages publics de soutien reflétaient grandement le sentiment des Maoris, c’était loin d’être le cas des autorités politiques de sa communauté ou des politiciens néo-zélandais en général.

« La Nouvelle-Zélande est devenue très anti-Israël. Cela fait partie de la mouvance progressiste et woke qui s’est emparée de notre pays et de certains de nos politiciens. C’est très compliqué. Nous n’arrivons pas à trouver un équilibre, ce qui me désole. C’est à sens unique », admet-elle.

« Une partie de ce que nous faisons consiste à éduquer, défendre et bâtir une communauté de peuples autochtones consciente de l’histoire. Nous organisons cette conférence universitaire et cette campagne sur les réseaux sociaux pour changer cette culture », conclut-elle.

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