À Londres, Gantz rencontre Cameron et Sunak malgré l’opposition de Netanyahu
Selon le compte-rendu britannique des réunions des ministres, le Premier ministre a souligné le soutien israélien aux solutions à la crise humanitaire, tandis qu'Israël est resté muet sur la question
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak s’est joint à une réunion qu’un de ses principaux collaborateurs tenait avec le ministre du cabinet de guerre en visite, Benny Gantz, mercredi, signe de légitimité pour le haut fonctionnaire israélien qui se trouvait à Londres, et ce contre la volonté du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Sunak a participé à la réunion que le conseiller britannique à la sécurité nationale Tim Barrow tenait avec Gantz, la deuxième des deux réunions que le membre du cabinet de guerre a tenues à Londres, selon un communiqué israélien.
Gantz « a remercié le Royaume-Uni pour ses efforts en faveur de la sécurité d’Israël et a souligné l’importance d’une pression internationale continue sur le [groupe terroriste palestinien du] Hamas pour obtenir la libération des otages », a déclaré son bureau.
Le texte en anglais publié par son bureau indique qu’Israël soutiendra les solutions à la crise de l’aide humanitaire qui ne conduisent pas à détourner l’aide vers le groupe terroriste palestinien du Hamas. Il est à noter que le communiqué en hébreu de son bureau ne mentionne pas la crise humanitaire, quelques jours seulement après que des dizaines de Palestiniens ont été tués en tentant de collecter de l’aide dans le nord de la bande de Gaza, qui a été en grande partie coupée de l’aide humanitaire, dans des circonstances qui font toujours l’objet d’une enquête de l’armée israélienne.
En hébreu, le bureau de Gantz a déclaré qu’il avait souligné, lors de ses entretiens à Londres, qu’Israël restait déterminé à démanteler le Hamas et qu’il le ferait dans le respect du droit international.
Gantz a également remercié le « Royaume-Uni pour ses efforts visant à réduire la menace posée par l’axe iranien du terrorisme en mer Rouge et dans la région de manière plus générale ».

Le gouvernement britannique n’a pas fait de déclaration sur la participation de Sunak à la réunion, mais a diffusé une photo dans laquelle il apparait en train de s’entretenir avec Gantz.
La Douzième chaîne a rapporté que Sunak a dit au ministre de guerre israélien qu’alors que la pression monte au sein du peuple et du Parlement britanniques, il ne pouvait pas oublier le 7 octobre parce que l’attaque terroriste du Hamas a « tout changé ».
Plus tôt dans la journée, Gantz a rencontré le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, qui lui a adressé des messages sévères sur la nécessité pour Israël de faire face à la « crise humanitaire dévastatrice et croissante » à laquelle les Palestiniens sont confrontés à Gaza, cinq mois après le début de la guerre menée par Tsahal contre le groupe terroriste du Hamas, a indiqué le ministère des Affaires étrangères.
« Nous avons discuté des efforts visant à obtenir une pause humanitaire afin que les otages puissent rentrer chez eux sains et saufs et que des produits de première nécessité puissent être acheminés à Gaza. J’ai une nouvelle fois insisté auprès d’Israël pour qu’il augmente le flux d’aide. Nous ne voyons toujours pas d’amélioration sur le terrain. Il faut que cela change », a déclaré Cameron dans un communiqué.
« Nous avons besoin d’une pause humanitaire immédiate », a-t-il ajouté, se faisant l’écho de la position américaine sans employer le mot « cessez-le-feu » que les hauts fonctionnaires de Biden ont de plus en plus l’habitude d’utiliser ces dernières semaines.
Cameron a également demandé « une augmentation de la capacité de distribution de l’aide à l’intérieur de Gaza, un accès accru par les voies terrestres et maritimes, et un élargissement des types d’aide humanitaire autorisés à Gaza, y compris les abris et les matériaux essentiels à la réparation des infrastructures ».
Il a ajouté que « le Royaume-Uni est également très préoccupé par la perspective d’une incursion militaire à Rafah », où Israël a l’intention d’opérer pour démanteler les derniers bataillons du Hamas dans le sud de la bande de Gaza.
« Le Royaume-Uni soutient le droit d’Israël à l’autodéfense, mais en tant que puissance occupante à Gaza, Israël a la responsabilité légale de veiller à ce que l’aide soit disponible pour les civils. Cette responsabilité a des conséquences, notamment lorsque le Royaume-Uni évalue si Israël respecte le droit humanitaire international », a affirmé le ministre des Affaires étrangères.

Gantz a reçu des messages tout aussi frustrants lors de ses rencontres avec des hauts fonctionnaires américains à Washington en début de semaine.
Des proches conseillers du président américain Joe Biden ont indiqué au ministre du cabinet de guerre que le récent désastre dans le nord de Gaza, au cours duquel des dizaines de Palestiniens désespérés ont été tués alors qu’ils se précipitaient sur un convoi d’aide humanitaire, mettait en évidence, pour Washington, l’incapacité d’Israël à planifier correctement la guerre, ont déclaré deux responsables américains au Times of Israel, mardi.
Lors de leurs rencontres avec Gantz cette semaine, les responsables américains ont fait valoir que le vide administratif dans le nord de Gaza qui est apparu au grand jour lors de la bousculade meurtrière donne un aperçu de ce que pourrait être la bande dans l’après-guerre si Israël ne présente pas une alternative viable au régime du Hamas qu’il cherche à démanteler.
Les responsables américains ont expliqué que la colère ressentie par l’administration Biden face à la quantité d’aides humanitaires – insuffisante – qui entre actuellement dans la bande de Gaza semblait avoir eu une résonnance et ils ont noté s’attendre à ce que de nouvelles initiatives soient prises, dans les prochains jours, par Israël pour garantir qu’une assistance revue à la hausse pourra arriver jusqu’aux civils palestiniens. La principale demande émise par les États-Unis à Israël concerne l’ouverture de nouveaux postes-frontières, notamment vers le nord de Gaza, de manière à laisser les aides affluer au sein de l’enclave, avec pour objectif de minimiser l’impact des pillages ou des vols commis par les gangs, qui tentent de vendre les aides sur le marché noir.

Les visites de Gantz à Washington et à Londres ont été éclipsées par la fureur de Netanyahu à l’égard du ministre de la guerre qui a pris part à ces réunions sans son approbation et avec des dirigeants étrangers qui semblent avoir peu d’intérêt à rencontrer le Premier ministre israélien.
Un fonctionnaire israélien a déclaré que Netanyahu avait ordonné à l’ambassade d’Israël à Washington de ne pas fournir d’aide à Gantz, qui, selon les sondages, serait en mesure de détrôner Netanyahu si des élections législatives avaient lieu aujourd’hui.
Le Premier ministre est allé encore plus loin lors de la visite à Londres, en interdisant à l’ambassade de fournir à Gantz une équipe de sécurité, ce qui l’a contraint à s’en remettre à la police locale pour sa protection.
Alors que Netanyahu s’est donné beaucoup de mal pour saboter le voyage de Gantz, la décision de Sunak de le rencontrer malgré tout a été perçue par certains comme un message adressé au Premier ministre israélien, qui est considéré comme indigne de confiance par un nombre croissant de dirigeants du monde entier.