Israël en guerre - Jour 426

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Opinion

A l’origine de la dernière flambée avec Gaza, le rejet implacable d’Israël

Tout peut arriver - dans les prochaines minutes, dans les prochaines heures et dans les prochains jours. Gallant, pour sa part, n'a émis que peu de doutes sur ce qui peut survenir

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Un soldat israélien bloque une route sur la frontière avec Gaza, dans le sud d'Israël, le 10 mai 2023. (Crédit : Flash90)
Un soldat israélien bloque une route sur la frontière avec Gaza, dans le sud d'Israël, le 10 mai 2023. (Crédit : Flash90)

Au moment où je suis en train d’écrire ces lignes, les sirènes poussent leur cri déchirant dans le sud d’Israël dans ce qui est, à l’évidence, le premier sursaut de la réponse promise par les groupes terroristes de Gaza à l’assassinat par Israël de trois chefs terroristes du Jihad islamique palestinien, des frappes qui ont aussi entraîné la mort de dix civils aux premières heures de la matinée de mardi.

Au moment même où vous êtes en train de lire ces lignes, comme l’a reconnu ce mercredi matin le porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari, « tout » peut déjà être arrivé ou arriver – et ce qu’il a voulu dire, c’est qu’une escalade pourrait avoir été évitée ou qu’au contraire, nous pourrions nous retrouver plongés dans des violences plus profondes encore, avec notamment la possibilité d’un conflit inspiré par les Iraniens sur de multiples fronts, comme l’a dit le Premier ministre Benjamin Netanyahu, la nuit dernière, lors d’une conférence de presse avec les responsables de la sécurité.

A sa racine, le face à face actuel entre Israël et son armée, d’un côté, et les groupes terroristes de Gaza soutenus par leurs alliés et par leurs parrains haineux de l’autre, reflète le rejet encore important dans notre région du droit à l’existence d’Israël et du droit de la nation juive à retrouver une souveraineté sur ses terres ancestrales – un rejet dont les ayatollahs de Téhéran sont à l’avant-garde.

Ce dernier cycle de violences dans une bataille sans fin, une bataille qui a accompagné notre État moderne depuis sa renaissance officielle, il y a 75 ans, a commencé la semaine dernière quand Khader Adnan, ancien porte-parole du Jihad islamique, est mort dans une prison israélienne des suites d’une grève de la faim qu’il avait entamée 86 jours auparavant, avant son procès pour incitation au terrorisme et autres charges.

Dans le cadre de l’équation que l’Iran et les groupes terroristes sponsorisés par la république islamique tentent d’établir – en considérant que tout ce qui peut survenir en Israël de déplaisant à leurs yeux est utilisé comme prétexte pour attaquer les civils israéliens – le Jihad islamique a répondu à la mort d’Adnan, un activiste de Cisjordanie, par des tirs de barrage de roquettes et d’obus de mortier qui ont été lancés sur le territoire israélien depuis Gaza. Ces agressions, « des attaques indiscriminées menées contre les citoyens israéliens », ont lancé un défi direct au droit de l’État juif à ses terres, comme l’a résumé, la nuit dernière, le ministre de la Défense Yoav Gallant.

La décision du lancement de ‘l’Opération Bouclier et Flèche’ – c’est le nom qu’Israël a donné à sa campagne militaire et qui semble avoir été longue en matière de préparation – a été prise suite aux tirs de roquettes de la semaine dernière et menée dès que les conditions ont été réunies pour ce faire. S’il avait été possible de prendre pour cible les trois chefs terroristes sans porter atteinte aux non-combattants, a souligné Herzi Halevi, le chef d’état-major, hier, il est évident et il est clair que l’armée l’aurait fait. Mais le terrorisme, a-t-il fait remarquer, « se cache dans les zones peuplées » – plaçant la vie des civils palestiniens en péril alors qu’il s’emploie à tuer et à mutiler les civils israéliens.

De gauche à droite : Les commandants du Jihad islamique que Tsahal a déclaré avoir tués à Gaza, le 9 mai 2023 : Khalil Bahtini, Tareq Izz ed-Din et Jihad Ghanem (Crédit : Porte-parole de Tsahal)

Avec la frappe initiale contre les trois chefs du Jihad islamique – qui a duré 20 secondes – « tous les objectifs » de l’opération ont été atteints, a commenté Gallant de manière abrupte. Pas besoin d’une nouvelle escalade, pas besoin de nouvelles frappes. « Le leadership du Jihad islamique palestinien a été abattu », a-t-il dit.

« Une boucle qui a été bouclée », a ajouté le dirigeant du Shin Bet, Ronen Bar, avec l’élimination de Jihad Ghanem, l’un des trois hommes qui, selon lui, avait orchestré, il y a 19 ans, les meurtres de triste mémoire de Tali Hatuel, une femme israélienne qui était alors enceinte de huit mois, et de ses quatre filles à Gaza. Bar a noté que « boucler la boucle » était un impératif central pour les services de sécurité israéliens, un impératif qui transmet le message aux terroristes potentiels qu’ils ne pourront jamais échapper aux conséquences de leurs actes – renforçant la dissuasion israélienne et offrant une forme de réconfort aux familles des victimes. La mort de Jihad Ghanem a permis de boucler cette boucle en particulier, a-t-il déclaré. « Si la famille se souvient, le Shin Bet, pour sa part, n’oublie jamais ».

Tali Hatuel et ses filles (Utilisé conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)

La suite des événements

La suite des événements, a souligné Gallant, la nuit dernière, dépendra du Jihad islamique et de son grand frère dans le terrorisme, le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza.

Ce qui est le cas pour Gaza, bien entendu, depuis 2005, l’année où le gouvernement israélien s’était « désengagé » de la bande, déracinant les implantations qui se trouvaient dans l’enclave côtière, évacuant leurs résidents et faisant reculer les soldats sur la ligne pré-1967, la ligne la plus officiellement reconnue.

Le départ d’Israël aurait pu apporter une nouvelle ère positive pour les habitants de la bande de Gaza, qui ne subissaient plus le contrôle israélien, et pour l’État juif aussi. Une telle ère aurait pu graduellement permettre le rétablissement de la confiance des Israéliens dans le potentiel de négociations de fond dans le cadre du conflit israélo-palestinien plus largement.

Mais c’était le contraire qui était arrivé. Après une brève lune de miel – pendant laquelle des investissements extérieurs avaient commencé à affluer dans la bande – le Hamas s’était saisi du pouvoir qui se trouvait alors entre les mains du Fatah, la principale faction de l’Autorité palestinienne (AP), transformant l’enclave côtière en État quasi-terroriste. Un État quasi-terroriste qui a depuis pris pour cible Israël de manière répétée, malgré le retrait de l’État juif de son territoire – ce qui souligne le message qui nous est transmis maintenant depuis plus de 75 ans. Celui que l’opposition à Israël, de la part de ses implacables ennemis, ce n’est pas l’opposition à notre présence dans les secteurs capturés pendant la guerre de 1967, mais c’est l’opposition à notre existence même, indépendamment du territoire. C’est un rejet d’Israël en lui-même et dans toutes ses configurations.

Optimiser la résilience

Comme Netanyahu l’a fait remarquer la nuit dernière, dans ce combat sans fin qui vise à protéger Israël de ceux qui veulent le détruire, « nous sommes tous aux côtés les uns des autres dans cette bataille – en frères ». Comme cela avait été le cas lors de la dernière flambée de violences similaires, il y a moins de trois ans, une flambée qui avait été marquée par les pires tirs de barrage de roquettes du Liban depuis la guerre de 2006, il est certain que tous les réservistes actifs de Tsahal, avec les pilotes de l’armée de l’air parmi eux, ont entendu le rappel qui a été lancé par l’armée à se présenter au service cette semaine – même si certains d’entre eux sont au cœur de la large opposition aux politiques de la ligne dure qui sont mises en œuvre par le gouvernement de Netanyahu et à son projet de réforme du système de la justice israélien en particulier.

De gauche à droite : le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le chef de Tsahal Herzi Halevi, le ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef du Shin Bet Ronen Bar lors d’une conférence de presse le 9 mai (Crédit : Avi Ohayon / GPO)

Un plan qui a été mis en pause il y a plus de six semaines maintenant, alors que les négociateurs issus de la coalition et de l’opposition, accueillis par le président Isaac Herzog, recherchent un cadre alternatif et constructif de réforme du système judiciaire israélien – et qu’ils tentent même peut-être d’avancer vers une Constitution pour le pays, une charpente consensuelle qui permettra d’établir et d’ancrer les valeurs et les principes qui se trouvent au cœur de cette nation divisée, ouvrant la voie à une ère plus prometteuse d’harmonie pour l’avenir de la société israélienne fracturée.

Nous n’avons pas réellement besoin de piqûres de rappel de la part de nos ennemis pour nous souvenir du fait qu’ils rejettent Israël sous toutes ses formes, et pour nous souvenir du fait que nous devons conserver et optimiser notre cohésion intérieure, notre résilience dans le combat sans relâche que nous menons pour déjouer leurs manœuvres. Mais les groupes terroristes de Gaza nous le rappellent toutefois aujourd’hui, anéantissant les vies de leur propre population et frappant les nôtres, toujours profondément hostiles à Israël qui n’a aucune présence dans la bande et qui ne fait aucune revendication sur son territoire.

Tout peut arriver – dans les prochaines minutes, dans les prochaines heures et dans les prochains jours. Et Gallant, pour sa part, n’a émis que peu de doute sur ce qui peut dorénavant survenir. Attendez-vous à « des tirs de roquettes d’une puissance considérable dans les secteurs proches et reculés », a-t-il averti en s’adressant à la nation.

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