Abbas en Europe pour contourner les USA dans le processus de paix
Le président de l'AP se rend en Europe pour chercher des fonds, obtenir la reconnaissance d'un état et tenter de se passer des Etats-Unis dans le processus de paix

Lundi, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas se rendra à Bruxelles, où il espère ouvrir une nouvelle voie susceptible de mener à la fondation d’un état palestinien sans les Etats-Unis.
Après que le président américain Donald Trump a reconnu Jérusalem en tant que capitale d’Israël au mois de décembre, les dirigeants palestiniens ont déclaré que Washington ne pouvait plus assumer le rôle central et historique que les Etats-Unis tenaient depuis plus de deux décennies dans le processus de paix.
La semaine dernière, le comité central de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) – second organe décisionnaire le plus important des Palestiniens – a voté pour officialiser cette décision.
Les Etats-Unis « ont perdu leur droit à agir en tant qu’intermédiaires et parrains du processus de paix » jusqu’à ce qu’ils reviennent sur leur changement de politique concernant Jérusalem, avait fait savoir le comité.
Alors que les Etats-Unis, selon lui, n’ont plus de crédibilité, Abbas doit cepandant affronter deux défis majeurs. Et il espère que l’Europe aidera à les résoudre.

Le premier – peut-être le plus facile à relever – est financier. Les Etats-Unis sont, de loin, les plus importants donateurs d’aides aux Palestiniens. Maintenant que la Maison Blanche et le Congrès menacent de mettre un terme à cette aide, Abbas espère que les Européens viendront combler ce manque.
On peut croire que cette approche soit vouée à réussir. Les Etats-Unis ont gelé des paiements à hauteur de 100 millions de dollars à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) au début du mois. Depuis, la Suède et la Belgique, ensemble, ont versé 81,5 millions de dollars. Bien que les fonds de l’UNRWA ne rejoignent pas les caisses de l’AP, il permet de nourrir, d’éduquer et d’employer un grand nombre de Palestiniens.
La visite d’Abbas à Bruxelles survient également une semaine seulement avant qu’une commission de groupes importants donateurs de fonds aux Palestiniens ne se rencontre dans la capitale de l’UE pour une session d’urgence. Ce groupe de 15 membres, appelé la Commission de liaison Ad-Hoc, comprend les Etats-Unis et l’Union européenne.
Lorsqu’il se trouvera lundi à Bruxelles, Abbas rencontrera les ministres des Affaires étrangères lors d’un déjeuner privé et prononcera des discours publics aux côtés de la haute-représentante de l’UE Federica Mogherini.
Le second problème qu’Abbas espère résoudre est existentiel – du moins du point de vue de Ramallah.
Abbas cherche un cadre international à travers lequel les Palestiniens pourraient obtenir un état indépendant. Les principaux acteurs qui se trouvent dorénavant dans l’arène, selon lui, sont l’UE, les Nations unies, la Russie et la Chine.
Selon le membre du comité exécutif de l’OLP Wasel Abu Yusef, qui s’est entretenu dimanche avec le Times of Israel, Abbas espère pouvoir organiser une conférence internationale qui réunira ces acteurs et qui permettrait de créer un nouveau cadre ouvrant la voie à la fondation d’un état.
Abbas va également demander que les pays européens reconnaissent l’état de Palestine. C’est une démarche qu’il a déjà faite auparavant, même si cette fois – alors que l’Union européenne et les Etats-Unis sont plus que jamais en désaccord sur la question palestinienne – cette initiative pourrait remporter plus de succès.
Il y a pourtant des raisons d’afficher un certain scepticisme concernant ce plan-cadre international d’Abbas.

Les Etats-Unis détenaient une place unique pour parrainer les pourparlers entre Israéliens et Palestiniens parce qu’ils ont une influence significative sur les deux parties. Et aucun acteur international ou alliance d’acteurs internationaux, à part eux, ne semblent être en mesure de pouvoir faire suffisamment pression sur Israël pour amener l’Etat juif à accepter des concessions pour la paix – qui seront douloureuses. Et il en va de même pour les Palestiniens.
La conférence pour la paix de Paris en a été un exemple important. La France a passé une grande partie de l’année 2016 à préparer une Initiative de paix qui s’est soldée par la participation à un sommet de 70 pays au début de l’année 2017. Ce dernier s’est achevé par la signature de la part des pays présents d’une déclaration réaffirmant qu’une « solution négociée à deux états, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, est le seul moyen de mettre en place une paix durable ».
Israël n’a pas assisté au sommet, insistant toutefois sur le fait que le pays ne s’entretiendrait qu’avec les Palestiniens dans un cadre de négociations bilatérales directes. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a, pour sa part, rejeté la conférence, la qualifiant de « faussée » et « vaine ».
Après la signature de la déclaration et le retour des ministres des Affaires étrangères dans leurs pays respectifs, on a rarement entendu reparler de cette conférence – comme si elle n’avait jamais eu lieu.
Il y a aussi une autre question majeure : Les Européens sont-ils au diapason avec l’éloignement radical d’Abbas des Etats-Unis ?
L’équipe de Trump travaille sur un plan de paix qui, dit-elle, n’est pas encore complètement déterminé. Des informations ont émergé sur le contenu du plan, mais ce dernier n’a pas encore été proposé de manière officielle. Et il est peut être présomptueux de la part d’Abbas d’estimer que l’UE souhaitera renoncer à ce plan avant même qu’il ne soit proposé.
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