Israël en guerre - Jour 393

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Accusé de prôner la désertion en temps de guerre, Yaïr Golan dénonce une « manipulation »

Le nouveau chef d'Avoda dit que ses propos tenus à un événement au début du mois ont été déformés ; la police dément enquêter sur l'ancien général pour incitation à la haine

Yaïr Golan s'exprimant après l'annonce des résultats des élections primaires du parti Avoda, à Tel Aviv, le 28 mai 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
Yaïr Golan s'exprimant après l'annonce des résultats des élections primaires du parti Avoda, à Tel Aviv, le 28 mai 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Le nouveau chef du parti Avoda a rejeté jeudi les nombreuses critiques dont il a fait l’objet, affirmant qu’il était victime d’une campagne de diffamation menée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d’autres politiciens de droite désireux de le présenter comme compromettant l’effort de guerre du pays.

Mercredi, le Likud, le parti au pouvoir de Netanyahu, a accusé le nouveau président du parti travailliste de pousser les réservistes à refuser de servir dans Tsahal, suite à la publication d’une vidéo dans laquelle l’ancien officier supérieur évoquait la possibilité de mener des actions de « désobéissance civile » pour faire tomber le gouvernement.

« Nous avons été choqués d’entendre les remarques provocatrices et irresponsables du nouveau chef du parti Avoda », a déclaré le Likud dans un communiqué, accusant Golan de chercher à « encourager la désertion en temps de guerre ».

Un tel appel « nuit aux chances de ramener les otages et nuit à la sécurité du pays », a affirmé le Likud. « Tout cela dans le seul effort de renverser le gouvernement. Ou s’arrête la haine ? »

Dans des images diffusées par la Quatorzième chaîne pro-Netanyahu lors d’un événement au début du mois, on entend Golan parler de la façon dont les réservistes des unités d’élite ont cessé de se présenter au service volontaire l’année dernière pour protester contre les plans de refonte du système judiciaire du gouvernement Netanyahu.

« La moindre menace de désobéissance civile met Netanyahu sous une pression intense », a-t-il déclaré. « Pourquoi ne pas en faire un usage plus large ? »

Pressé de donner un exemple, Golan a répondu que la désobéissance civile pourrait signifier que « jusqu’à ce que ce gouvernement soit remplacé, nous ne remplissions plus notre devoir de réserve ».

Golan a ajouté qu’il ne discutait pas « de savoir si cette démarche était la meilleure à entreprendre » pour le moment. Cependant, dans les images publiées par Quatorzième chaîne, le mot « si » est inaudible et n’apparaît pas dans les sous-titres de la chaîne, ce qui laisse supposer qu’il a pu dire : « Je ne discute pas maintenant, c’est la meilleure démarche à suivre ». Le mot « si » est audible dans d’autres enregistrements.

Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a dénoncé la rhétorique « irresponsable » de Golan, et le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a envoyé une lettre à la procureure générale, Gali Baharav-Miara, lui demandant d’ouvrir une enquête criminelle sur Golan pour avoir « incité ouvertement à l’insubordination et à la désobéissance parmi les réservistes alors que l’État d’Israël est en guerre ».

Répondant à ses détracteurs, Golan a condamné la « tentative de la machine à poison » de le faire passer pour un partisan de la désobéissance, estimant qu’il s’agissait de « rien de moins qu’une manipulation de bas étage ».

La « machine à poison » est le nom que certains critiques avoués de Netanyahu utilisent pour désigner ce qui, selon eux, est un réseau d’experts, de journalistes, d’influenceurs et d’activistes qui se consacrent à diffamer les rivaux politiques du Premier ministre. Ils sont également appelés « Bibistes », un jeu de mots inspiré du surnom de Netanyahu, Bibi.

« Nous appelons à un mouvement de protestation civile non violent, large et continu qui conduira à un changement de gouvernement, à des élections, au retour des otages, au retour des personnes déplacées dans leurs foyers et à la fin de cette guerre menée pour faire perdurer le règne de Netanyahu », a tweeté Golan mercredi soir.

Dans une publication ultérieure, jeudi après-midi, Golan a réitéré ses critiques, déclarant que « au cours de cette dernière journée, j’ai été attaqué par Netanyahu et la machine à poison des Bibistes et ses agents sur la Quatorzième chaîne, sur les stations de radio, sur les réseaux, et partout où ils injectent leur poison de la division et de l’incitation à la haine et à la violence ».

Les ministres d’extrême-droite Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, à la Knesset, le 29 décembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« Nous n’avons pas peur ! Nous n’avons pas peur de la machine à poison, nous n’avons pas peur des menaces et de l’incitation à la haine, nous n’avons pas peur de l’utilisation politique illégale de la police de Ben Gvir », a-t-il ajouté, faisant référence aux informations publiées par des médias de droite selon lesquelles la police, qui dépend de Ben Gvir, avait ouvert une enquête sur la possibilité que ses remarques constituent une incitation à la haine.

La police a nié avoir ouvert une enquête sur Golan, déclarant que « contrairement à diverses publications, aucune enquête/examen n’a été ouverte contre l’ancien député Yaïr Golan ».

La police a examiné certaines plaintes concernant les propos de Golan, précisait toutefois le communiqué.

Golan a remporté mardi soir les primaires pour la tête d’Avoda avec 95 % des voix et a promis d’unir les partis de gauche afin de « construire un parti dominant ».

Ancien commandant du front nord et du front intérieur de Tsahal, Golan, 61 ans, aujourd’hui général de réserve, n’avait pas été retenu pour le poste de chef d’état-major de Tsahal en 2018, à la suite d’un discours prononcé en 2016 dans lequel il avait comparé les tendances contemporaines en Israël aux « processus troublants » qui se sont déroulés en Europe à l’approche de la Shoah.

Il a ensuite rejoint le parti Meretz – plus à gauche qu’Avoda – et a occupé le poste de vice-ministre de l’Économie pendant l’éphémère coalition idéologiquement diverse dirigée par Naftali Bennett et Yaïr Lapid, avant sa tentative infructueuse de prendre la tête du Meretz avant les dernières élections.

Yair Golan, le 14 octobre 2023. (Capture d’écran : Kan TV, utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Yaïr Golan a fait la une des journaux et a été salué l’année dernière lorsqu’il s’est rendu de sa propre initiative sur les lignes de front lors de l’assaut du Hamas le 7 octobre et y a sauvé de nombreux festivaliers qui fuyaient les massacres perpétrés lors de la rave Supernova.

Critique acerbe de Netanyahu, il a affirmé mercredi à la radio 103FM qu’Israël aurait dû mettre fin à la guerre à Gaza il y a quatre mois et demi, « lorsque nous avons écrasé l’aile armée du Hamas ».

« Malheureusement, le Premier ministre ne veut pas que les otages soient libérés parce qu’il sait que cela signifierait la fin des combats, et il mène le pays tout droit au désastre. C’est pourquoi nous devons changer de cap », a-t-il déclaré.

Le reportage de la Quatorzième chaîne sur Golan a été diffusé moins d’une semaine après l’apparition de la vidéo d’un réserviste d’infanterie armé et masqué sur les réseaux sociaux, jurant qu’il refuserait les ordres du ministre de la Défense Yoav Gallant et affirmant que les soldats n’écouteraient que le Premier ministre. La vidéo a initialement été partagée sur les réseaux sociaux par le journaliste d’extrême-droite Yinon Magal, résolument pro-Netanyahu, avant d’être reprise par Yaïr Netanyahu, le fils de Netanyahu, qui l’a supprimée par la suite.

La capture d’écran d’une vidéo censée montrer un réserviste de l’armée israélienne à Gaza menaçant de se révolter, publiée le 24 mai 2024. (Crédit : Capture d’écran X : utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Après avoir été attaqué pour ne pas avoir condamné la vidéo, le bureau du Premier ministre a publié une déclaration disant que Netanyahu avait « mis en garde à de nombreuses reprises contre les dangers du phénomène de l’insubordination et l’attitude permissive à son égard ».

Semblant critiquer à la fois Golan et Netanyahu, le chef de HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, membre du cabinet de Guerre du Premier ministre, a publié une déclaration fustigeant le refus de répondre à l’appel et le refus de suivre les ordres une fois en uniforme.

« Il est obligatoire de se présenter au service régulier et au service de réserve [et] le chef d’état-major est le plus haut niveau de commandement dans l’armée. Nous ne refusons pas un ordre, nous ne refusons pas de nous présenter – et nous obéissons simplement aux ordres », a-t-il déclaré. « Cela vaut pour toutes les composantes de la société israélienne. »

« Je lance un appel à mon compagnon d’armes Yaïr Golan, et à tous les dirigeants : laissez Tsahal en dehors de ce différend, aussi profond soit-il », a appelé Gantz.

Golan a répliqué par une publication au ton ferme sur X, attaquant le politicien centriste qui a rejoint le gouvernement d’urgence du Premier ministre après le 7 octobre, offrant « une bouée de sauvetage à Netanyahu et siégeant dans un gouvernement nationaliste, messianique et extrémiste » qui, selon lui, nuit à Israël à bien des égards.

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