Des Juifs s’installent dans une maison d’un quartier arabe de Jérusalem
Le bâtiment de Silwan était jadis la synagogue d'un village, construite vers 1880 pour les immigrants du Yémen, affirme l'ONG
Des membres d’Ateret Kohanim, une organisation de droite qui installe des Juifs dans les zones arabes de Jérusalem-Est, sont entrés dans un bâtiment dans le quartier palestinien de Silwan mercredi, vers 1 heure du matin.
Des résidents locaux ont jeté des pierres sur le groupe quand ils sont entrés dans l’immeuble, et la police des frontières est arrivée sur les lieux.
L’immeuble, dont Ateret Cohanim affirme qu’il était jadis la synagogue de Kfar Hashiloah, un village construit pour les immigrants pauvres du Yémén sur les flancs du mont des Oliviers, au début des années 1880, appartient au hekdesh (dépôt) de Kfar Hashiloah.
Une longue bataille juridique devant le tribunal de Jérusalem, entre les représentants du dépôt et les membres de la famille Abu Naab, qui s’était installée dans le bâtiment, a pris fin avec un ordre qui a été donné à la famille de partir.
Des Juifs vivaient à Kfar Hashiloah à partir des années 1880 jusqu’en 1938, au pic des émeutes arabes de 1936 à 1939, quand les Britanniques les ont fait partir.
L’entrée des membres de Ateret Cohanim dans le vieux bâtiment de la synagogue s’inscrit dans un effort continu de cette organisation et d’autres pour restaurer la présence juive à Silwan.
Des membres de l’organisation Elad ont ainsi pris possession d’environ 25 maisons en septembre, et de plusieurs autres habitations depuis. Selon le quotidien Haaretz, quelque 500 Juifs vivent à Silwan.
« Les Juifs ont le droit de vivre là où ils le souhaitent dans le monde, et en particulier à Jérusalem », a déclaré un porte-parole de la municipalité dans un communiqué.
« Au mieux de notre connaissance, il s’agit d’un cas dans lequel des résidents juifs exercent leur droit d’entrer dans un bâtiment qui leur appartient et qui était vacant. Ni la municipalité de Jérusalem ni la police israélienne ne sont impliqués dans le processus, et il n’y a pas non plus eu d’ordre prononcé contre les résidents arabes. Ceci est une affaire purement civile qui n’a rien à voir avec les autorités. »
« C’est l’Etat, par l’intermédiaire du curateur public, qui a décidé de transférer la propriété (la maison de Abu Naab) à Ateret Kohanim, même si une famille palestinienne vivait là-bas », a affirmé pour sa part l’organisation de gauche Ir Amim dans un communiqué.
« A présent, la municipalité de Jérusalem, la police et les autres autorités gouvernementales se présentent comme des ‘observateurs sur le banc de touche’, comme si cette question n’était pas de leur domaine de compétence. En réalité, l’Etat soutient Ateret Cohanim et les autres associations de colons, auxquelles il sous-traite la prise de contrôle d’avant-postes dans les quartiers palestiniens de la ville. »