Affaire Jérémie Cohen : 2 hommes seront jugés par la cour criminelle départementale
"Sa fuite en direction des voies du tramway est à l'évidence la conséquence immédiate des violences qu'il subissait", ont conclu les magistrates

Plus de deux ans après les faits, deux hommes vont être jugés pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner et violences en réunion pour la mort de Jérémie Cohen, jeune homme juif percuté par un tramway.
L’ordonnance de mise en accusation a été rendue le 26 septembre, a indiqué le parquet de Bobigny à l’AFP. Les deux hommes âgés de 29 et 26 ans seront jugés par la cour criminelle départementale : le premier, placé en détention provisoire, pour un crime et le second pour un délit connexe.
« Jérémie Cohen a couru en direction des voies du tramway pour échapper à ses agresseurs et dans la crainte d’être de nouveau agressé », estiment les juges dans leur ordonnance de mise en accusation consultée par l’AFP.
« Sa fuite en direction des voies du tramway est à l’évidence la conséquence immédiate des violences qu’il subissait », concluent les magistrates.

« Je réserve mes déclarations pour la cour mais les demandes d’actes que j’ai sollicitées et obtenues devraient permettre de faire la lumière sur ce que l’accusation refuse de voir », a déclaré à l’AFP Me Lucas Minkowski qui défend l’homme renvoyé pour violences en réunion.
« L’ordonnance est entachée d’une irrégularité, nous allons interjeter appel », a indiqué de son côté Me Kamel Derouiche qui assiste l’accusé principal, expliquant ne pas avoir été notifié du réquisitoire définitif par le parquet.
Pour la famille du défunt, c’est une « satisfaction » en revanche. « Ils attendent que la justice passe et punisse sévèrement les auteurs de ces faits qui ont entraîné la mort de leur fils et frère », a rapporté leur avocat Me Franck Serfati.
Scène de « lynchage »
Le 16 février 2022 vers 20H00, Jérémie, 31 ans, porteur d’un handicap psychique, traverse les voies ferrées quand il est percuté par un tramway à Bobigny, juste après avoir été frappé par un groupe.
En arrêt cardio-respiratoire, victime d’un traumatisme crânien, il succombe à l’hôpital quelques heures après.
L’affaire prend une dimension politique lorsque, quelques jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, le père de la victime sollicite Eric Zemmour pour médiatiser le drame.
Zemmour se demande alors publiquement si Jérémie est « mort parce que juif ».

Mais, un an après les faits, le parquet de Bobigny assure qu’aucun élément n’accrédite le « motif religieux ».
Les deux mis en cause ont admis l’agression mais récusent son caractère antisémite.