Affaires étrangères: « Pas de budget » pour lutter contre l’antisémitisme à l’étranger
"Il n'y a pas eu de financement substantiel depuis deux dernières semaines", affirme un diplomate au Times of Israel
Malgré la récente recrudescence des attaques et du harcèlement contre les juifs de la diaspora, la diplomatie israélienne n’a pas de fonds pour lutter contre l’antisémitisme à l’étranger, a affirmé mercredi la cheffe du département de la lutte contre l’antisémitisme du ministère des Affaires étrangères.
« Jusqu’à aujourd’hui, le ministère a investi des centaines de milliers de shekels dans la lutte contre l’antisémitisme dans le monde », mais « aujourd’hui, nous fonctionnons avec un budget zéro et nous ne pouvons rien faire pour aider nos diplomates à travers le monde à combattre l’antisémitisme », a affirmé Ruth Cohen-Dar, la directrice du département de lutte contre l’antisémitisme du ministère, devant la commission de la Knesset pour l’Immigration, l’Intégration et les Affaires de la Diaspora.
Depuis 2015, Netanyahu a veillé à ce que le budget du ministère des Affaires étrangères subisse des coupes importantes, ce qui a conduit à des conflits répétés sur les salaires – dont un en 2019 au cours duquel les ambassades et consulats israéliens à travers le monde ont fermé en signe de protestation après que le Trésor est revenu sur des accords antérieurs et eut annoncé qu’il forcerait les envoyés à restituer des milliers de dollars qui leur avaient été versés en remboursement de frais.
Depuis le 7 octobre, date à laquelle des milliers de terroristes de Gaza ont traversé la frontière israélienne, massacré près de 1 200 personnes, enlevé plus de 240 autres, provoquant une vaste opération terrestre israélienne destinée à démanteler le régime du Hamas à Gaza, les incidents antisémites se sont multipliés dans toute l’Europe et aux États-Unis.
Un diplomate israélien de haut rang a déclaré au Times of Israel, sous couvert d’anonymat, que les propos de Cohen-Dar étaient exacts.
« Aucun versement substantiel n’a été effectué depuis deux semaines et on ne sait pas quand il y en aura. Cela entrave considérablement nos activités diplomatiques et celles liées à la lutte contre l’antisémitisme ».
Un deuxième diplomate a partagé cet avis, affirmant que « de nombreuses activités pourraient être organisées » si l’argent était disponible, comme la création de programmes scolaires en collaboration avec les ministères de l’Éducation à l’étranger, l’organisation de conférences et l’embauche de personnel à l’ambassade pour gérer la question.
« Je n’ai même pas le budget nécessaire pour louer une salle si je veux organiser une conférence. C’est ridicule. Nous ne parlons pas de millions », a expliqué le diplomate.
Lorsque le directeur général adjoint du ministère de la Diaspora, Amit Efrati, a fait savoir à la commission que son département avait alloué 8 millions de shekels à la protection des institutions juives dans le monde, ainsi qu’à des programmes dans les écoles juives, le diplomate a déclaré que cela n’était pas suffisant.
« Il faut quelqu’un sur le terrain » qui puisse s’occuper de cette manifestation unique qu’est l’antisémitisme dans chaque pays et qui puisse cultiver « des contacts influents avec le gouvernement local et même faire pression pour l’adoption de lois » contre l’antisémitisme, ont-ils déclaré.
Une source du ministère a toutefois expliqué au Times of Israel qu’il était trompeur de dire qu’il n’y avait pas de budget pour la lutte contre l’antisémitisme, en précisant que le ministère des Affaires étrangères n’avait pas encore reçu son budget global pour 2024 et qu’il n’y avait pas de catégorie budgétaire spéciale pour traiter de cette question, qui est englobée dans des affectations plus larges de « diplomatie publique. »
Selon un rapport présenté lors de cette audience par le ministère de la Diaspora, les incidents antisémites ont augmenté de 211 % à Toronto et de 162 % à Londres depuis le déclenchement de la guerre actuelle.
Le mois dernier, l’Anti-Defamation League (ADL) a déclaré avoir enregistré 2 031 incidents aux États-Unis entre le 7 octobre et le 7 décembre, soit le nombre le plus élevé jamais atteint sur deux mois depuis que l’ADL a commencé à les recenser en 1979. Au Royaume-Uni, le Community Security Trust (CST) a déclaré avoir « enregistré au moins 2 093 incidents antisémites » à la mi-décembre, soit « plus d’incidents antisémites que le total des incidents signalés tout au long de l’année précédant l’attaque du Hamas ».
« Il est nécessaire de mettre en place un plan d’action structuré pour lutter contre l’antisémitisme dans le monde », a demandé le député Moshe Roth (Yahadout HaTorah), un immigrant américain, lors de l’audience.
Israël « devrait consacrer des ressources pour intenter des procès contre les organisations et les institutions qui contribuent à la propagation de l’antisémitisme », a-t-il ajouté, notant que les juifs haredi, « qui sont les plus faciles à identifier comme juifs, souffrent de l’antisémitisme dans le monde plus que tout autre groupe démographique. »