Allemagne: Après 50 ans sur une étagère, des manuscrits juifs rentrent en Israël
Un étudiant en doctorat découvre des manuscrits juifs, achetés chez un marchand de souvenirs pour 25 dollars par un prêtre catholique lors d'une visite en Israël dans les années 60
(JTA) – Lorsque Leor Jacobi a visité une bibliothèque catholique de la ville allemande de Mayence pour examiner sa collection de Judaica, il a été surpris lorsque les responsables de la bibliothèque lui ont montré des rouleaux en hébreu datant d’environ trois siècles, qui dormaient depuis 50 ans sur une étagère poussiéreuse.
Doctorant en art juif à l’Université Bar-Ilan d’Israël, Leor Jacobi s’est rendu à Mayence en mars. Il était là en tant qu’invité de l’Université Johannes Gutenberg pour y étudier la version spécifique de Mayence du livre de prières de Yom Kippour. La ville est connue sous le nom de Magentza en yiddish.
Au cours d’une visite à la bibliothèque Martinus, Leor Jacobi a pu admirer son impressionnante collection de Judaica, dont des livres et manuscrits rares. Le directeur de la bibliothèque, Helmut Hinkel, a ensuite sorti trois rouleaux qui n’avaient jamais été catalogués et demandé à Leor Jacobi de lui dire ce qu’ils représentaient.
Jacobi a déterminé que deux des manuscrits étaient des versions ashkénazes du Livre d’Esther, vieilles d’au moins 200 ans. Le troisième était le début d’un rouleau de la Torah samaritaine, qui comprenait les chapitres de la Genèse et de Noé.
Les rouleaux, lui a-t-on dit, avaient été achetés chez un marchand de souvenirs pour environ 25 dollars par Nikolaus Adler, un prêtre catholique de Mayence mort en 1970, alors qu’il était en visite en Israël dans les années 1960.
Leor Jacobi a écrit un résumé d’une page sur chacun des manuscrits pour la bibliothèque, afin que ses responsables comprennent ce qu’ils avaient en leur possession, sans jamais imaginer qu’il reverrait les manuscrits.
Il a indiqué à JTA que l’un des manuscrits d’Esther, unique en son genre parce qu’il était écrit en colonnes de longueur inégale, devait avoir une valeur sentimentale pour son propriétaire puisqu’il était abrité dans un conteneur en laiton personnalisé. Le doctorant s’est demandé à haute voix, et ce n’est pas la première fois, comment il avait pu finir entre les mains d’un marchand de souvenirs israélien, être vendu à un prêtre et transporté en Allemagne.
Peu de temps après son retour en Israël, il reçoit un appel d’Helmut Hinkel lui demandant s’il voulait aider la bibliothèque de Mayence à donner les manuscrits à une bibliothèque en Israël. Leor Jacobi est alors allé consulter ses mentors à Bar-Ilan, qui étaient tous d’avis que les manuscrits devaient être remis à la Bibliothèque nationale d’Israël.
Leor Jacobi, qui est titulaire d’une maîtrise en Talmud, a accepté de retourner à Mayence le mois dernier pour récupérer les manuscrits et a donné une conférence sur le Livre d’Esther dans le cadre de la cérémonie de remise.
Quand on lui a remis les rouleaux, un quatrième est apparu, découvert derrière certains des livres entreposés sur cette même étagère poussiéreuse. Et celui-ci était un peu plus rare : un rouleau du Cantique des Cantiques. (Le Cantique des Cantiques est lu dans les synagogues le Shabbat de Pessah).
Les rouleaux d’Esther viendront s’ajouter à la collection d’environ 200 rouleaux partiels et complets d’Esther du 15e au 20e siècles de l’ère commune, qui proviennent d’Europe, du Yémen, d’Iran, d’Irak et d’Afrique du Nord. La bibliothèque possède également huit manuscrits de la Torah samaritaine datant du 13e au 20e siècles.