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Allemagne : Rivlin croit à l’amitié de l’Europe face au procès de la CPI

Le président a dit à son homologue allemand que l'Iran utilisait le "chantage au nucléaire" pour la levée des sanctions, ajoutant que "nous ferons tout" pour épargner des innocents

Le président Reuven Rivlin, à gauche, et son homologue allemand  Frank-Walter Steinmeier se rencontrent à Berlin, le 16 mars 2021. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)
Le président Reuven Rivlin, à gauche, et son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier se rencontrent à Berlin, le 16 mars 2021. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)

Le président Reuven Rivlin a rencontré mardi son homologue allemand à Berlin, Frank-Walter Steinmeier, donnant le coup d’envoi à une série de visites européennes, dont l’objectif est de souligner la menace nucléaire incarnée par l’Iran et de rassembler les oppositions à la décision prise par la Cour pénale internationale (CPI) d’enquêter sur des crimes de guerre présumés qui auraient été commis par Israël et par les groupes terroristes palestiniens.

Au cours de leur réunion, Rivlin a remercié Steinmeier pour « son attachement à l’approfondissement des relations entre les deux pays » ainsi que pour la détermination de l’Allemagne à préserver la sécurité israélienne. Il a qualifié l’enquête de la CPI de décision « scandaleuse » et remercié l’Allemagne qui s’est opposée aux investigations.

La procureure en chef de la CPI, Fatou Bensouda, a annoncé au début du mois qu’une enquête sur des actes commis par Israël et les Palestiniens en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est, depuis 2014, allait être lancée. Les Palestiniens ont d’ores et déjà déclaré qu’ils coopéreraient avec ces investigations menées par le tribunal, dont le siège de trouve à La Haye. L’État juif, pour sa part, n’a pas apporté de réponse mais de hauts-responsables israéliens ont critiqué cette décision d’ouvrir une enquête.

« Nous sommes fiers de nos soldats, de nos fils et de nos filles, de nos petits-fils et de nos petites-filles. Ils nous protègent de nos ennemis et nous les protégerons à notre tour de cette décision », a déclaré le président, selon un communiqué de son bureau.

Il a expliqué que les efforts palestiniens de faire appel à la justice dans le conflit n’aideraient pas à le résoudre.

« Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que la confiance puisse se construire et à ce que nos relations puissent s’améliorer alors que l’une des parties prône une enquête criminelle sur des civils appartenant à l’autre partie devant un tribunal étranger », a indiqué Rivlin.

De gauche à droite : Le chef d’État-major Aviv Kohavi, le président Reuven Rivlin et le président allemand Frank-Walter Steinmeier à Berlin, le 16 mars 2021. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)

Il a également évoqué la décision de la CPI au cours d’une conférence de presse conjointe donnée avec Steinmeier.

« Nous avons la conviction que nos amis européens nous défendront dans ce combat important que représente l’usage abusif de la Cour pénale internationale contre nos soldats et nos civils », a-t-il déclaré.

Le chef d’État-major de l’armée Aviv Kohavi, qui accompagne Rivlin lors de cette tournée européenne, a déclaré que les soldats israéliens « faisaient tout » pour épargner les civils innocents.

« La différence fondamentale entre nous et nos ennemis, c’est que si nous faisons tout ce que nous pouvons pour épargner des civils innocents, nos ennemis, pour leur part, font tout ce qui est possible pour frapper nos civils qui sont entièrement innocents. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère de guerre, une guerre hautement complexe, et la CPI doit s’adapter à une nouvelle réalité », aurait dit Kohavi pendant la réunion, selon les médias.

Il a aussi déclaré à Steinmeier que « vos soldats pourraient être amenés à affronter les mêmes problèmes dans d’autres parties du monde et votre soutien, aujourd’hui, est très important pour nous ».

La procureure générale Fatou Bensouda dans la salle d’audience de la Cour pénale internationale (CPI) lors des déclarations de clôture du procès de Bosco Ntaganda, un chef de milice congolaise, à La Haye, Pays-Bas, le 28 août 2018. (Crédit : Bas Czerwinski / Pool via AP)

Évoquant l’Iran, Rivlin a accusé la république islamique de se livrer à un « chantage au nucléaire » pour obtenir la levée des sanctions.

« La communauté internationale doit se défendre, elle doit s’exprimer avec force et sans compromis contre le plan nucléaire de Téhéran et le soutien aux groupes terroristes qui menacent Israël et la stabilité de la région », a-t-il indiqué lors de la conférence de presse.

Steinmeier, pour sa part, a estimé que les accords de normalisation conclus entre l’État juif et plusieurs pays arabes étaient « rien de moins qu’historiques » tout en notant les inquiétudes israéliennes face aux programmes nucléaire et balistique iraniens.

« La politique de la précédente administration américaine n’a pas, selon nous, soutenu des développements positifs et nous pensons que nous pouvons dorénavant faire changer les choses, à l’avenir, avec la nouvelle administration et avec nos voisins européens », a noté le président allemand.

Il a aussi félicité Rivlin pour la « rapidité » et pour « l’efficacité » de la campagne de vaccination israélienne contre la COVID-19 et il a précisé que l’Allemagne « a beaucoup à en apprendre ».

Rivlin et Kohavi se sont ultérieurement entretenus avec Heiko Maas, ministre allemand des Affaires étrangères. Le président israélien l’a mis en garde contre un retour au sein de l’accord sur le nucléaire qui avait été signé en 2015 et qui limite le programme iranien sur le nucléaire en échange d’un allègement des sanctions. Les trois hommes ont aussi discuté du renforcement des liens bilatéraux et du « bilan des votes » de l’Allemagne qui s’est « amélioré de manière notable » au sein des organisations internationales, a fait savoir un communiqué émis par la résidence du président.

« Votre véritable amitié à notre égard ne s’exprime pas seulement en mots, mais elle se traduit aussi dans les actes », aurait ainsi déclaré Rivlin à Maas.

Suite à sa visite en Allemagne, Rivlin devrait se rendre en Autriche et en France pour y rencontrer les présidents respectifs des deux pays.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas, à droite, rencontre le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, à gauche, lors de la 56e conférence de Munich sur la sécurité à Munich, en Allemagne, le 15 février 2020. (Crédit : Thomas Kienzle / Pool via AP)

Ce voyage de trois jours a lieu alors que l’Observatoire du nucléaire des Nations unies œuvre actuellement à sauver l’accord entre les grandes puissances et l’Iran, qui s’est effondré depuis le retrait des Etats-Unis du pacte, qui avait été décidé en 2018 par l’ex-président américain Donald Trump. L’Allemagne et la France sont tous deux signataires du JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action) qui offrait à l’Iran un allègement de sanctions contre une diminution de son programme nucléaire.

Après le retrait des Etats-Unis du plan, les Américains avaient restauré des sanctions strictes sur l’Iran qui avait répondu alors en cessant de respecter ses propres engagements, en particulier en augmentant ses travaux d’enrichissement de l’uranium, un processus déterminant dans la production d’une arme nucléaire.

Le président américain Joe Biden et son administration ont fait savoir de manière répétée qu’ils réintégreraient le JCPOA si Téhéran acceptait au préalable de se conformer une nouvelle fois à ses engagements. La république islamique, de son côté, a demandé à ce que les Etats-Unis suppriment les sanctions avant toute autre chose, mettant les deux parties dans l’impasse.

Ces derniers mois, l’Iran a, de manière répétée, pris des initiatives qui ont violé les termes de l’accord et ils ont fait monter la pression sur les Etats-Unis, notamment en enrichissant de l’uranium au-delà des limites autorisées dans l’accord et en interdisant à l’ONU d’inspecter ses structures nucléaires.

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