Allemagne : Une nouvelle organisation reflète le schisme au coeur des Juifs libéraux
L’Union égalitaire judéo-libérale s'est séparée de l’ancien groupe de coordination en raison des accusations de conduite inappropriée du rabbin

Une nouvelle association de congrégations juives égalitaires a été créée en Allemagne, dernière conséquence du scandale qui secoue le judaïsme allemand depuis près d’un an.
L’Union égalitaire judéo-libérale, ou JLEV selon son acronyme allemand, s’est séparée de l’organisme qui représentait jusqu’alors le judaïsme libéral en Allemagne, à savoir l’Union des Juifs progressistes (UPJ).
Les deux organisations représentent toutes deux des synagogues non orthodoxes en Allemagne, mais l’UPJ a été créée comme une filiale de l’Union mondiale du judaïsme progressiste, basée au Royaume-Uni.
La toute nouvelle organisation est supervisée par le Conseil central des Juifs d’Allemagne, qui a notamment pour fonction de distribuer les fonds publics aux institutions juives.
« Une association libérale sous l’égide du Conseil central renforce l’idée de diversité dans l’unité », a déclaré le porte-parole de l’organisation à la JTA pour éclairer les raisons de cette décision.
La principale différence entre les deux organisations ne réside pas dans leur supervision, mais dans le fait que JLEV n’a aucun lien avec Walter Homolka, le rabbin au cœur du scandale.
Homolka a été l’un des fondateurs de l’UPJ, en 1997, ainsi que de plusieurs autres organisations juives allemandes, dont ses propres séminaires progressistes.
Depuis mai dernier, date à laquelle les accusations d’abus de pouvoir à son encontre, en sa qualité de recteur de l’école rabbinique libérale Abraham Geiger College, se sont fait jour, Homolka s’est retiré d’un grand nombre de ses fonctions au sein des organisations juives allemandes.
Lorsqu’il a refusé de briguer un autre mandat de président de l’UPJ lors des élections de décembre dernier, un nouveau conseil a été élu qui, selon les critiques, reste très lié à Homolka et montre très peu de compassion envers ceux qui se disent blessés par lui.
« Nous avons le sentiment de ne plus être représentés par l’UPJ », expliquait alors à la JTA Rebecca Seidler, cheffe des communautés juives libérales de Hanovre et présidente de l’Association officielle des communautés juives de Basse-Saxe.
Aujourd’hui, Seidler est cofondatrice de la nouvelle organisation que sa communauté a rejointe, avec huit autres, et qui entend proposer des formations pour les adultes comme pour les jeunes.
La nouvelle organisation exige que ses membres se conforment à une éthique très stricte.
Dans un communiqué, les fondateurs de JLEV -Seidler en tête – se sont déclarés déterminés à « mettre en place la nécessaire organisation faîtière distincte » après que l’UPJ ait répondu « d’une manière étrange » aux accusations portées contre Homolka.
« Ils ont banalisé, relativisé et adopté une approche unilatérale, ne prenant pas en compte les critiques des communautés membres », ajoute le communiqué.
La raison d’être, en Allemagne, de ces deux associations congrégationalistes juives progressistes est incertaine.
Cette scission n’est pas la seule actualité des communautés juives progressistes européennes cette semaine.
Un peu plus tôt, les organisations juives libérales et réformées de Grande-Bretagne ont fusionné en un nouveau mouvement qualifié de « Judaïsme progressiste » au sein de l’Union mondiale du judaïsme progressiste.
Mais alors que le mouvement s’en félicitait, un porte-parole déclarait à la JTA, par courriel, qu’il « ne ferait aucun commentaire pour le moment » sur l’actualité allemande.
On estime que sur les quelque 90 000 membres des communautés juives d’Allemagne, 5 000 d’entre eux environ s’affilient à des congrégations libérales ou égalitaires.
On estime à 100 000 le nombre de personnes qui s’identifient comme juives mais n’appartiennent à aucune communauté formelle.
L’UPJ répertorie actuellement 32 communautés membres, parmi lesquelles les neuf transfuges. Il continuera à représenter les communautés libérales d’Allemagne, du moins pour l’heure et aussi longtemps que les communautés choisiront de rester dans son giron.
« D’un point de vue organisationnel, cela n’a pas de sens pour les communautés d’être membres des deux organisations », expliquait le porte-parole du Conseil central à la JTA, ajoutant que bien que le Conseil n’ait aucune obligation légale de soutenir l’UPJ, « en sa qualité d’organisation du judaïsme libéral, dont certaines congrégations membres du Conseil central sont également membres, il continuerait à être soutenu selon les principes du Conseil central ».
Des pourparlers sont en cours pour parvenir à un accord de financement officiel pour JLEV.
L’UPJ semble peu inquiète de l’existence de cette organisation concurrente.
« Chaque juif libéral a la liberté de faire ce que bon lui semble », a déclaré par courriel à la JTA la présidente de l’UPJ, Irith Michelsohn, ajoutant qu’elle avait eu connaissance de la création de cette nouvelle organisation « depuis un certain temps déjà ».
« Cela ne change rien pour nous. », a-t-elle ajouté.