Alors qu’Israël œuvre à rapatrier ses ressortissants, les rues de Kiev sont calmes
Arrivé en Ukraine, le correspondant diplomatique du Times of Israël a trouvé une capitale étrangement indifférente aux forces russes rassemblées à la frontière
KIEV, Ukraine — Alors que les dirigeants Israéliens exhortent leurs ressortissants de quitter l’Ukraine « avant que les choses ne se compliquent » le long de la frontière russe, et que les journaux occidentaux affichent des manchettes qui mettent en garde contre un conflit potentiel qui serait le plus sanglant en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, la capitale ukrainienne ne donne le sentiment d’être à mille lieues d’une imminente guerre.
J’ai pris des dispositions de dernière minute pour me rendre à Kiev lundi matin. Alors que de très nombreuses personnes attendaient pour embarquer dans l’avion en partance vers la Géorgie, une dizaine de passagers seulement sont montés à bord de l’avion El Al à 6:30 à destination de Kiev. Parmi les passagers, il y avait une famille ukrainienne, un Ukrainien seul, arborant d’impressionnants tatouages, votre humble correspondant diplomatique et la délégation de diplomates israéliens envoyés dans le pays pour renforcer le personnel de l’ambassade et aider les citoyens israéliens à rentrer chez eux – et même préparer la possibilité d’évacuer des dizaines de milliers de juifs ukrainiens, si cela s’avérait nécessaire.
Bien que le personnel d’El Al s’efforçait de faire bonne figure, il était impossible de ne pas remarquer un soupçon d’inquiétude alors que nous débarquions. Le pilote a souhaité aux quelques passagers « une joyeuse Saint-Valentin, et un séjour en sécurité à Kiev », pendant que les agents de bord à la porte de l’avion nous enjoignaient à « prenez soin » de nous.
Arrivé à Kiev, et à présent loin du groupe de passagers israéliens, rien n’indiquait que quiconque se préoccupait de la centaine de groupes tactiques des bataillons russes déployés aux frontières est et nord de l’Ukraine. L’aéroport était animé comme à son habitude, les fonctionnaires de l’immigration au contrôle des passeports avaient une mine sérieuse, mais plaisantaient entre eux.

Mon chauffeur de taxi était un Ouzbek nommé Mohamed. Je lui ai demandé à quel point il était préoccupé par la possibilité d’une guerre, et il a fallu un moment pour qu’il comprenne pourquoi je posais la question au sujet d’une invasion russe. En me conduisant sur l’autoroute, alors que j’étais assis sur la banquette arrière, il me dévisageait dans son rétroviseur. Joignant à ses propos un geste dédaigneux de la main, il a blâmé le journalisme jaune britannique pour sa couverture sensationnaliste. Il semblait beaucoup plus intéressé par le sort de son ami juif ouzbek Isaac, qui était parti pour Israël et qui, apparemment, se porte bien.
Dans le centre de Kiev à midi, il n’y avait aucun sentiment de tension ou de préparation à la guerre. Sur Maïdan Nezalezhnosti, la Place de l’Indépendance, des pancartes ont été érigées avec l’inscription #saveUkraine. J’ai supposé que la campagne appelait à la défense contre la menace russe, mais il s’est avéré être un mouvement civil luttant contre la corruption du gouvernement.
Au café Cuba à proximité, des couples dégustaient des cappuccinos. Des employés britanniques d’une entreprise de télécommunications attablés devant leur whisky parlent de tout, sauf de la guerre, jusqu’à ce que je soulève le sujet. Ils ont admis que leur entreprise les avait informés de la possibilité d’évacuer immédiatement si davantage de compagnies aériennes annulaient des vols en partance d’Ukraine, mais pour l’instant, ils n’étaient pas trop inquiets.
L’ambiance dans les rues de Kiev reflétait le message que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lancé alors que les pays occidentaux parlent d’une guerre « à tout moment ».

« À l’heure actuelle, le plus grand ennemi du peuple est la panique dans notre pays. Et toutes ces informations ne font que provoquer la panique et ne nous aident pas », a-t-il déclaré samedi. « Si vous ou quiconque avez des renseignements supplémentaires au sujet des risques d’invasion, donnez-les-nous. »
Toutefois, un nombre croissant des 10 à 15 000 Israéliens qui vivent dans le pays semblent adopter un point de vue différent. Les vols en partance pour l’étranger se remplissent, et le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lior Haiat, m’a dit : « Notre campagne de rapatriement commence à fonctionner. »
Pour l’instant, les Ukrainiens — de leurs dirigeants aux convives dans les cafés de Kiev — considèrent que cette campagne de rapatriement est inutile.
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