Alstom se retire de l’appel d’offres pour le tramway desservant Jérusalem-Est
Le maire de Jérusalem a demandé à Netanyahu d'interdire la participation de la compagnie française dans d'autres projets au niveau national
L’entreprise française de transport Alstom s’est retirée d’un appel d’offres pour la construction du nouveau tramway à Jérusalem, apparemment parce que la ligne passera par la zone contestée de Jérusalem-Est, a déclaré le maire de la capitale Moshe Lion dans une lettre adressée jeudi au Premier ministre Benjamin Netanyahu pour lui demander d’empêcher l’entreprise de participer à d’autres projets à travers le pays.
« Refuser de participer à l’appel d’offre pour la nouvelle ligne de tramway de Jérusalem pour des raisons politiques revient à baisser les bras devant les oppresseurs d’Israël, et nous ne devrions pas soutenir une telle attitude », a écrit Lion.
« La reddition d’Alstom devant les pressions contre la capitale d’Israël ne correspond pas aux intérêts du pays. Nous ne devons pas accepter cela. Je demande des mesures au niveau national contre l’entreprise et à ce qu’on lui ôte toute possibilité de participer à des appels d’offres dans le pays. Ceux qui boycottent Jérusalem ne doivent pas participer [à un appel d’offres] ailleurs dans le pays », a-t-il dit.
Alstom a aussi fourni les rames pour le tramway qui existe déjà à Jérusalem. Il a aussi répondu aux appels d’offres pour le tramway en construction à Tel Aviv, ainsi qu’à des projets de chemins de fer dans le pays.
L’entreprise a déclaré dans un communiqué qu’elle travaillait en Israël depuis trente ans, y compris à Jérusalem, et avait pleinement l’intention de continuer à y travailler, a rapporté le site d’information Ynet.
Le retrait d’Alstom est survenu alors que des tribunaux français ont rejeté, à deux reprises, des plaintes palestiniennes sur le passage des tramways dans le territoire de Jérusalem-Est.
En 2013, un tribunal français a maintenu une décision de justice de 2007 déposée par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et par l’Association Solidarité France Palestine contre Veolia Transport, Alstom et Alstom Transport. Citant des traités internationaux sur les lois d’occupation, les Palestiniens ont fait valoir l’argument qu’étant donné que les trains desservant la capitale israélienne passaient tous par Jérusalem-Est, qu’Israël a capturé en 1967, les entreprises françaises étaient complices des violations israéliennes du droit international.
Israël a officiellement annexé Jérusalem-Est en 1980 et considère toute la ville comme sa capitale, mais la communauté internationale n’a jamais reconnu la décision. Les Palestiniens réclament cette partie de la ville pour capitale d’un futur Etat.
Citipass, l’entreprise qui gère depuis huit ans la seule ligne de tramway de Jérusalem, a annoncé qu’elle se retirait de la course pour l’exploitation de deux lignes de la capitale en projet. Elle a notifié au ministère des Finances qu’elle se retirait de l’appel d’offres pour ce qu’elle a qualifié de demandes « déraisonnables et disproportionnées » faites à l’exploitant dans les termes du nouvel appel d’offres.
La ligne rouge de 14 kilomètres de la capitale, qui va de Pisgat Zeev dans le nord jusqu’au mont Herzl dans l’ouest de la ville, était la première ligne de tramway d’Israël quand elle a ouvert en 2011. Lorsque les nouvelles extensions seront terminées, elle ira jusqu’à l’hôpital Hadassah Eim Kerem, et dans le quartier de Neve Yaakov dans le nord.
Le nouvel appel d’offres inclut la construction de 19 kilomètres d’un nouveau rail pour une deuxième ligne, la Ligne verte, qui au final s’étendra sur 27 kilomètres, du campus de l’université hébraïque du mont Scopus dans le nord de la ville jusqu’au quartier de Gilo, au sud de la ville.
Citipass fait depuis longtemps l’objet de critiques de la part des passagers, avec des milliers de réclamations sur la pénurie de distributeurs de billets, des contrôleurs agressifs et des amendes injustes. Le plus important journal de Jérusalem, Kol Hair, a recensé 80 000 amendes infligées aux passagers sur une période de cinq ans.
L’entreprise est aussi visée par un procès collectif pour demander 250 millions de shekels (62 millions d’euros) d’indemnités, car ses contrôleurs n’étaient pas formés ou autorisés légalement à distribuer des amendes.
Citipass a déclaré que son retrait n’était pas lié aux plaintes passées, mais aux risques placés sur le futur opérateur du réseau de tramway par les nouveaux termes de l’appel d’offre. Il a pointé une longue liste d’incidents sécuritaires, y compris des attaques terroristes palestiniennes et des jets de pierre, mais aussi des émeutes et des manifestations dans les zones ultra-orthodoxes, qui ont endommagé et retardé les rames. Le contrat de l’entreprise avec l’Etat ne le protégeait pas suffisamment des pertes occasionnées par de tels événements, a déclaré l’entreprise à des journaux israéliens d’affaires ces derniers jours.
Avant la publication du nouvel appel d’offres, le ministère des Finances a activé son option « rachat » dans le contrat avec Citipass, pour s’assurer que les deux lignes verte et rouge de la capitale seront gérées par un seul opérateur après le nouvel appel d’offres. Le vainqueur devra reprendre les opérations de la ligne rouge de Citipass dans les six mois après l’annonce de sa désignation.
Trois groupes devraient y participer après le retrait de Citipass, chaque groupe se compose de plusieurs entreprises proposant une expertise en matière d’infrastructure, de construction de tramway, de maintenance et de gestion des transports publics. Les compétiteurs viennent d’Israël, d’Espagne et Chine, avec des entreprises d’investissements d’autres pays soutenant les groupes en compétition. Des entreprises allemandes, russes, grecques et autrichiennes envisagent aussi de participer, mais elles n’ont pas encore finalisé leur décision, selon des médias israéliens.