Amichaï Eliyahu: La Ligne verte est imaginaire, j’exige l’annexion de la Cisjordanie
Pour cet élu d'extrême-droite, le concept de 2 États est une erreur ; Netanyahu a exhorté à ne pas utiliser les concessions territoriales pour un éventuel accord avec les Saoudiens

Le ministre du Patrimoine, Amichaï Eliyahu, du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit, a exhorté mercredi le gouvernement à annexer la Cisjordanie, qualifiant « d’imaginaire » la Ligne verte qui sépare l’État d’Israël de ce territoire.
« Je ne pense pas vraiment qu’il y ait une Ligne verte. C’est une ligne imaginaire. C’est notre patrie. C’est ici que le peuple juif est né. L’attitude de l’État d’Israël qui consiste à dire qu’il y a deux États ici est une erreur. Nous devrions imposer notre souveraineté à la Judée et à la Samarie », a-t-il déclaré à la radio de l’armée, en utilisant le nom biblique de la Cisjordanie.
« Nous devrions avancer sur cette voie aussi rapidement que possible, aussi intelligemment que possible. Nous devrions commencer à le dire partout, afin que la communauté internationale reconnaisse que cet endroit est le nôtre. En Judée et en Samarie, tout le monde comprend que nos racines et notre histoire sont là, et je pense donc que toute la Ligne verte n’est qu’une absurdité. Il y a une réalité déformée que nous devons effacer. »
La Ligne verte délimite la frontière entre Israël et ses voisins en vertu des accords d’armistice de 1949 qui ont mis fin à la Guerre d’Indépendance d’Israël. Lors de la Guerre des Six jours de 1967, Israël s’est emparé du plateau du Golan, de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza. Israël a ensuite annexé le plateau du Golan et Jérusalem-Est dans le cadre de mesures non reconnues par la communauté internationale, puis s’est retiré unilatéralement de la Bande de Gaza.
En 2019, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait promu un plan visant à étendre la souveraineté israélienne – une annexion de facto – à toutes les implantations de Cisjordanie et de la vallée du Jourdain. Dans le cadre des Accords d’Abraham, l’accord de normalisation conclu en 2020 avec les Émirats arabes unis, Netanyahu a accepté d’attendre au moins jusqu’en 2024, mais il a insisté sur le fait que ce projet était toujours « d’actualité ».
Mercredi, le Mouvement de souveraineté, mouvement pro-implantations, a également exhorté Netanyahu à ne pas utiliser d’éventuelles concessions territoriales aux Palestiniens comme monnaie d’échange pour un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite, alors que les médias rapportent qu’Israël pourrait être contraint de faire des compromis significatifs en échange d’un accord.

« La souveraineté d’Israël sur la Terre d’Israël n’est pas une carte politique, mais l’âme, la vision et l’espoir du peuple juif à travers les générations d’exil et la génération de la rédemption. C’est cette vision, être une nation libre et souveraine sur sa propre terre, qui a poussé des milliers de personnes du monde entier vers la Terre d’Israël », ont écrit les dirigeants du groupe, Yehudit Katzover et Nadia Matar.
Tout en admettant qu’un accord avec les Saoudiens peut avoir des avantages en matière d’économie et de sécurité, ils affirment que le prix à payer n’en vaut pas la peine.
« Faire de la souveraineté un pion politique, c’est ôter l’âme du cœur du peuple d’Israël, sa force et la justesse de sa voie », ont-ils déclaré.
Au Moyen-Orient, seuls ceux qui s’en tiennent à leurs principes et font preuve de force sont respectés, insiste la lettre, affirmant que même si la normalisation est retardée de quelques années, « le monde arabe qui nous entoure, et les Saoudiens en leur sein, respecteront et apprécieront le leadership israélien ».
Selon un article du New York Times sur un accord potentiel, des concessions majeures envers les Palestiniens seraient nécessaires pour obtenir un accord.
L’article note qu’il est peu probable que de tels gestes soient approuvés par les éléments d’extrême-droite du gouvernement Netanyahu et qu’une poussée dans cette direction pourrait provoquer sa dissolution.