Amichaï Eliyahu retweete un message appelant à la conquête du Sinaï
Le ministre appelle ainsi à acheter des tee-shirts ornés d'une carte d'un Israël élargi - comprenant la Cisjordanie, Gaza et le Sinaï égyptien - et du slogan "L'occupation maintenant"

Le ministre du Patrimoine, l’ultra-nationaliste Amichaï Eliyahu, a retweeté mercredi un message sur les réseaux sociaux promouvant la vente d’articles appelant à l’occupation de la péninsule du Sinaï, plus de quarante ans après qu’Israël a restitué le territoire à l’Égypte dans le cadre du traité de paix historique conclu entre les deux pays en 1979.
Le tweet, rédigé par l’utilisateur Ayelet Lash, invitait le grand public à acheter un tee-shirt sur lequel est imprimé ce qui est censé être une carte d’Israël – comprenant la Cisjordanie, Gaza et le Sinaï – ornée du slogan « Occupation Now » (« L’occupation maintenant »).
La publication contenait également un lien vers un site web vendant des articles « Occupation Now » et prônant l’extension de la souveraineté israélienne au Sinaï, au Sud-Liban et, à terme, à la Jordanie.
Le message original, promu par Eliyahu, indiquait : « Le peuple exige une occupation ! « Le peuple exige une occupation ! Occupation maintenant ! »
Ni le porte-parole du ministre, ni celui du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, n’ont répondu aux demandes de commentaires. Ben Gvir est le chef du parti d’extrême droite Otzma Yehudit, dirigé par Eliyahu.
Amichai Eliyahu, a member of PM Netanyahu’s cabinet, retweets a post endorsing a website calling for “occupation now” in both Gaza and the Sinai Peninsula (part of Egypt).
The website states “ניפגש בתעלת סואץ” – which in English means “we will meet at the Suez Canal.” pic.twitter.com/vB6XpGuTe3
— Sam Sokol (@SamuelSokol) July 3, 2024
Le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est refusé à tout commentaire lorsqu’on lui a demandé son avis sur la publication du ministre.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukri, avait déclaré au début de l’année que Le Caire s’engageait à respecter son traité de paix avec Israël, malgré les inquiétudes suscitées par les opérations militaires de Tsahal dans le sud de la bande de Gaza, qui borde l’Égypte et Israël.
Eliyahu a toujours eu une rhétorique controversée : il a notamment accusé les chefs de la sécurité israélienne de s’être « rebellés » contre la coalition actuelle, a qualifié les manifestants anti-gouvernement de « diaboliques » et a qualifié le gouverneur de la Banque centrale d’Israël, Amir Yaron, de « sauvage ».
En novembre dernier, il avait suscité l’indignation de la communauté internationale en suggérant que le largage d’une bombe nucléaire sur la bande de Gaza pourrait être envisageable, une déclaration qualifiée de « détachée de la réalité » par Netanyahu.
Cette déclaration a ensuite été citée par l’Afrique du Sud dans une motion accusant Israël de « génocide » devant la Cour internationale de justice (CIJ), ce qui a incité Eliyahu à se vanter plus tard que « même à La Haye, ils connaissent ma position ».
Dans une interview accordée au Times of Israel en février, Eliyahu – fils du grand rabbin de Safed Shmuel Eliyahu et petit-fils du grand rabbin séfarade Mordechaï Eliyahu – s’en est pris à la communauté internationale qui s’oppose à l’émigration « volontaire » des Palestiniens de Gaza et à la reprise de la l’expansion de la présence juive dans cette région.
« Là où il y a des implantations, il y a de la sécurité », avait-il affirmé. « On ne parle pas aux gens de faiblesse. Et il est préférable de revenir à la l’expansion de la présence juive plutôt qu’à la guerre et aux massacres ».
Depuis le 7 octobre, les appels au rétablissement des implantations évacuées lors du désengagement d’Israël de la bande de Gaza en 2005 se sont multipliés au sein de la droite politique.

Alors que Netanyahu s’est prononcé contre l’idée qu’Israël établisse de nouvelles implantations à Gaza après la guerre, onze ministres et quinze députés de la coalition, dont Eliyahu, ont participé en janvier à une conférence de masse prônant la relance des implantations juives israéliennes au cœur de la bande de Gaza.
Plus de la moitié des Israéliens s’opposent à l’annexion de la bande de Gaza et au rétablissement des implantations déracinées lors du désengagement, selon un sondage de l’Université hébraïque publié en décembre.
Certains Israéliens ont également commencé à plaider en faveur de l’annexion et de l’occupation juive israélienne du sud-Liban au cours des derniers mois, mais ce point de vue reste cantonné à une infime frange de la population.
La semaine dernière, le cabinet de sécurité a approuvé la légalisation de cinq avant-postes en Cisjordanie et l’avancement des plans pour plus de
6 000 nouveaux logements dans les implantations.
« Depuis le début de la guerre, le gouvernement israélien a concentré tous ses efforts sur la construction, le développement et l’investissement dans la construction en Cisjordanie », a déclaré en début de semaine le groupe de veille de gauche La Paix maintenant.