Antisémitisme en Belgique : le fondateur du JID dénonce une « glorification » des actes antisémites sur internet
Ralph Pais estime que certains auteurs d'actes antisémites "sont fiers" de partager leurs délits sur les réseaux sociaux "parce qu'ils savent qu'ils ne risquent rien"

Depuis le 7 octobre 2023 et le début de la guerre entre Israël et les terroristes palestiniens du Hamas à Gaza, l’antisémitisme atteint des sommets dans la plupart des pays occidentaux. La Belgique n’est pas épargnée, bien au contraire. Un sondage réalisé par l’institut français Ipsos en juin 2024 avait ainsi révélé que près d’un Bruxellois sur quatre déclare ressentir de l’antipathie pour les Juifs.
Cette semaine, c’est le fondateur du Centre d’information et de documentation juives (JID), Ralph Pais, qui tire la sonnette d’alarme. Dans une interview publiée par le journal belge DH Les Sports+, il dénonce le rôle des réseaux sociaux dans la recrudescence de l’antisémitisme, expliquant que le fait de s’en prendre à des Juifs est devenue chez certains une activité glorifiée en ligne.
« Le problème, c’est que les agresseurs publient eux-mêmes leurs vidéos sur leurs réseaux sociaux », a-t-il déclaré. « Ils en sont fiers. Ils ne cachent même pas leurs méfaits. Ils publient ça sur TikTok pour rigoler, pour se moquer. Et pourquoi ? Parce qu’ils savent qu’ils ne risquent rien. »
« C’est la raison pour laquelle je dis que le monde politique doit agir. Si les gens se sentent intouchables, ça ne fera qu’aggraver la situation », a-t-il ajouté.
La situation pour les Juifs de Belgique, a-t-il estimé, est devenue intenable. « À Bruxelles, personne ne se promène avec une kippa visible sur la tête. Ceux qui la portent mettent une casquette au-dessus », a-t-il raconté.
« À Anvers, nombreux sont ceux qui osent sortir en étant visiblement juif. Mais ils le font dans des quartiers où vivent et travaillent d’autres Juifs. Dans ces quartiers, ils s’y sentent en sécurité. Mais dès qu’ils en sortent, ou qu’ils se rendent dans des capitales comme Bruxelles ou Paris, ça devient très problématique. La situation s’est terriblement aggravée depuis le 7 octobre 2023. De façon exponentielle. »
Depuis le 7 octobre en effet, les actes antisémites se sont multipliés en Belgique. Une semaine et demie après l’assaut des terroristes du Hamas sur le sud d’Israël, des tags « Juifs = terroristes » avaient été découverts sur des façades de magasins et des bâtiments d’habitation de Bruxelles.

En novembre 2023, une enquête a été ouverte après la profanation du carré juif du cimetière de Marcinelle, un quartier de Charleroi, où au moins 85 tombes ont été dégradées et des objets et étoiles de David en bronze volés.
En novembre 2024, une auberge de jeunesse de Bruxelles avait refusé un touriste israélien au motif que l’établissement « n’accepte pas les personnes qui se livrent à des crimes contre l’humanité », en référence aux accusations qui pèsent sur la conduite israélienne de la guerre à Gaza.
Le mois dernier, des affiches dénonçant l’antisémitisme à l’Université libre de Bruxelles avaient été violemment arrachées le jour-même où elles avaient été collées par l’Union des étudiants juifs de Belgique.
« Ce genre de moqueries et de micro-agressions arrive tout le temps, presque tous les jours », a précisé Ralph Pais. « Mais ce n’est rien à côté de la vraie violence, la violence physique, les coups que certains subissent. »

Le JID répertorie sur son site internet les vidéos publiées sur les réseaux sociaux qui font l’apologie de l’antisémitisme. L’organisation a récemment dénoncé un incident antisémite survenu dans un bowling d’Anvers le 4 mai dernier : cinq jeunes garçons avaient réservé une piste mais ont découvert le message « 5 JUIFS » écrit sur l’écran de la piste à la place de leurs noms.
Les actes antisémites sont souvent justifiés par leurs auteurs par leur solidarité revendiquée pour la cause palestinienne. Or, « être juif ne signifie pas que l’on soutient la politique du gouvernement de Benjamin Netanyahou », a déclaré Ralph Pais.
« Faire le lien n’a aucun sens. Par ailleurs, je n’ai jamais entendu dire qu’un Russe s’était fait attaquer dans la rue parce que Vladimir Poutine a décidé d’envahir l’Ukraine. Ou qu’un Chinois s’était fait agresser à cause de ce qu’il se passe avec les Ouïghours. Pourquoi c’est toujours avec les Juifs ? »