Antony Blinken attendu en Israël après sa visite en Arabie saoudite
Le chef de la diplomatie américaine a rencontré le prince héritier MBS, dans le cadre d'une tournée centrée sur les moyens d'éviter un potentiel embrasement régional
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est attendu ce lundi soir en Israël pour tenter d’obtenir une désescalade de la guerre à Gaza et empêcher sa contagion au Liban, où, selon une source sécuritaire, une frappe attribuée à Israël a tué plus tôt dans la journée un haut responsable du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah.
Selon des responsables américains, le déplacement de Blinken vise à presser Israël – que Washington soutient politiquement et militairement – d’entrer dans une nouvelle phase militaire moins coûteuse en vies palestiniennes, et à engager dans la région un dialogue sur l’après-guerre.
Dans la bande de Gaza, où la guerre est entrée dans son quatrième mois, les frappes israéliennes qui se poursuivent, auraient fait 249 morts ces dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas – des chiffres invérifiables de manière indépendante.
Blinken, en tournée dans la région pour la quatrième fois depuis le début de la guerre le 7 octobre, espère aussi empêcher une montée de tension dans la région, en particulier à la frontière israélo-libanaise.
Arrivé en Arabie saoudite lundi après-midi, le chef de la diplomatique américaine a rencontré le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane – MBS -, dont le pays avait annoncé au début de la guerre qu’il suspendait les négociations sur une possible normalisation avec Israël.
Cette tournée l’avait déjà conduit en Turquie, en Grèce, en Jordanie, au Qatar et lundi aux Émirats arabes unis.
À Abou Dhabi, Blinken a évoqué avec le président des Émirats arabes unis, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, la situation à Gaza et au Soudan en guerre, selon le porte-parole du département d’État Matthew Miller.
Il « a souligné l’importance de répondre d’urgence aux besoins humanitaires à Gaza » et a remercié les Émirats pour « leur importante contribution à l’acheminement de l’aide humanitaire aux civils » de Gaza, a déclaré le porte-parole.
Blinken a insisté, selon le porte-parole, sur la nécessité « d’empêcher que le conflit ne s’étende davantage » et rappelé l’engagement de Washington à assurer « une paix durable qui garantisse la sécurité d’Israël et favorise la création d’un État palestinien indépendant ».
Après Israël, le chef de la diplomatie américaine se rendra ensuite en Cisjordanie mercredi, et en Égypte.
« C’est un moment de profonde tension dans la région. C’est un conflit qui pourrait aisément se métastaser causant encore plus d’insécurité et plus de souffrances », a averti Blinken dimanche soir à Doha, au Qatar.
Face à un bilan qui dépasserait désormais les 23 000 morts dans la bande de Gaza selon le ministère de la Santé du Hamas – des chiffres invérifiables de manière indépendante -, le secrétaire d’État américain estime « particulièrement important que dans la mesure où les opérations [militaires] continuent, elles soient conçues pour protéger les civils et permettre d’acheminer l’aide humanitaire aux gens qui en ont besoin, et pas dans l’autre sens ».
Blinken s’efforce aussi de voir comment chaque pays pourrait contribuer dans la période d’après-guerre, que ce soit en matière de reconstruction à Gaza ou sa gouvernance.
Yémen
En Arabie saoudite, les entretiens dans la ville historique d’al-Ula entre de Blinken et MBS, dirigeant de facto du royaume saoudien, devaient aussi porter sur les attaques que mènent les Houthis du Yémen contre les navires marchands en mer Rouge en soutien aux Palestiniens.
Une coalition dirigée par les États-Unis pour protéger la navigation en mer Rouge a exhorté les Houthis, proches de l’Iran, à cesser ces attaques qui perturbent le commerce mondial, faute de quoi ils en assumeraient les « conséquences ».
Le sujet est délicat pour les Saoudiens, qui interviennent dans la guerre civile au Yémen en soutien au gouvernement face aux Houthis, alors qu’une trêve négociée en avril 2022 a expiré en octobre même si le pays connaît une relative accalmie.
Par ailleurs, s’il n’est pas question dans le contexte actuel d’une reprise des discussions entre Israël et l’Arabie saoudite sur une éventuelle normalisation de leurs relations, sous les auspices des États-Unis, le sujet n’en demeure pas moins en arrière-plan.
Avant que la guerre entre Israël et le Hamas n’éclate, de grands progrès dans les négociations avaient été révélés de part et d’autre et Blinken avait même prévu de se rendre dans le royaume pour des discussions détaillées à ce sujet.
Mais les États-Unis n’ont pas perdu de vue l’objectif à terme, et la rencontre avec ben Salmane devait permettre de sonder les Saoudiens, selon un haut responsable américain s’exprimant sous couvert d’anonymat.
Le royaume du Golfe, gardien des premiers lieux saints de l’islam, n’avait pas adhéré aux Accords d’Abraham de 2020, négociés par les États-Unis, qui avaient permis à ses voisins, le Bahreïn et les Émirats arabes unis, ainsi qu’au Maroc, d’établir des liens officiels avec Israël.
Israël a juré d’éliminer le Hamas après les massacres barbares du 7 octobre, au cours desquels des terroristes palestiniens ont pris d’assaut la frontière de Gaza et sauvagement assassiné 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et emmené plus de 240 otages. Au cours d’une trêve de sept jours fin novembre, 105 otages civils ont été libérés des geôles du Hamas. Au total, 132 sont toujours retenus en otage par différents groupes terroristes palestiniens. Lundi, le Jihad islamique palestinien à diffusé une vidéo d’un otage israélien en vie.
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