Appel à une grève nationale lundi contre la refonte du système judiciaire
Moshe Yaalon a appelé les organisations syndicales et autres organismes à autoriser leurs travailleurs à participer à la grève
Les leaders de la protestation ont appelé à une grève nationale lundi contre la refonte du système judiciaire prévue par le gouvernement, dont le vote en commission des Lois est prévu la semaine prochaine.
Ils appellent également à une manifestation de masse devant la Knesset à Jérusalem.
Les organisateurs de la manifestation ont déclaré que des dizaines d’organisations, dont des entreprises et des groupes de la société civile, vont participer à la grève prévue.
« C’est la lutte la plus importante pour l’Etat – la lutte pour l’indépendance d’Israël en tant qu’Etat juif et démocratique », ont déclaré les organisateurs de la manifestation.
« L’État d’Israël est dans une crise de leadership et politique, comme nous n’en avons pas connu depuis la déclaration d’indépendance », a déclaré mardi l’ancien ministre de la Défense Moshe Yaalon lors d’une conférence de presse.
« De nombreux citoyens s’inquiètent pour l’avenir de l’État. La règle de la majorité n’est pas la tyrannie de la majorité, cette initiative législative est un coup d’État », a-t-il signalé.
« Le gouvernement est criminel et illégal. Un drapeau noir flotte au-dessus », a affirmé Yaalon, appelant les organisations syndicales et autres organismes à autoriser leurs travailleurs à participer à la grève.
Bien que les membres de l’opposition de la commission de la Constitution, du Droit et de la Justice de la Knesset, au sein de laquelle le projet de loi est en cours de préparation, puissent retarder l’avancement de la législation de plusieurs jours en émettant des réserves, il est probable que le projet de loi sera voté par la commission et soumis à un vote initial en plénière au cours des deux prochaines semaines.
Le projet de loi sera ensuite renvoyé à la commission pour une préparation plus approfondie avant les deuxième et troisième lectures en plénière pour le faire passer en loi.
Le député Avoda, Gilad Kariv, a également appelé à des grèves et à des manifestations de masse contre l’avancement rapide de la législation.
« Nous arrivons au moment fatidique. La coalition de la destruction et de la corruption soumettra la législation sur la nomination des juges à une première lecture [en plénière à la Knesset] dans les prochains jours », a-t-il écrit sur Twitter. « C’est le moment de passer des manifestations aux grèves. Dans les écoles, dans les entreprises, lors des événements culturels. C’est le moment pour des rassemblements d’un million de citoyens. C’est le moment pour des dizaines de milliers de personnes de venir manifester devant la Knesset le jour du vote », a déclaré Kariv.
Des dizaines d’employés du secteur de la high-tech ont envahi mardi la rue Kaplan, très fréquentée à Tel Aviv, pour protester contre le projet de réforme du système judiciaire du gouvernement, bloquant partiellement la circulation.
Les critiques affirment qu’avec d’autres lois prévues, les réformes radicales auront un impact sur le caractère démocratique d’Israël car elles affecteront son mécanisme d’équilibre des pouvoirs, accorderont un pouvoir presque total à l’exécutif et ne protégeront pas les droits individuels ni les minorités.
Le projet de refonte du ministre de la Justice Yariv Levin, qui est soutenu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu actuellement jugé pour corruption, prévoit de restreindre de manière importante la capacité de la Haute-cour à invalider des lois et des décisions gouvernementales avec l’adoption d’une clause dite « dérogatoire » qui permettrait au Parlement de surseoir aux décisions de la Cour suprême avec un vote à la majorité simple de 61 députés.
Ces propositions prévoient aussi de donner au gouvernement le contrôle total de la sélection des juges ; de faire disparaître la notion juridique du « caractère raisonnable » du code pénal israélien, une notion sur laquelle s’appuient les magistrats pour juger une législation ou une décision prise par la coalition et elles prévoient également que les ministres seront autorisés à nommer leurs propres conseillers juridiques au lieu de devoir faire appel à ceux qui opèrent sous les auspices du ministère de la Justice.
Le plan a suscité des critiques intenses et des avertissements de la part des plus éminents experts, ainsi que des manifestations massives et des pétitions publiques lancées par des officiels variés, des professionnels et des entreprises privées, qui ont tous averti que ces réformes porteront atteinte à la démocratie et à l’économie.