Après la Syrie, Netanyahu affirme qu’Israël frappera ceux qui veulent lui nuire
Sans mentionner directement l'attaque présumée, le Premier ministre a déclaré que "nous avons une règle simple : Si quelqu'un tente de vous attaquer - levez-vous et attaquez-le"

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a indiqué lundi qu’Israël attaquera quiconque tentera de nuire au pays, semblant se référer indirectement à une frappe aux missiles perpétrée avant l’aube sur une base aérienne du centre de la Syrie qui a tué 14 personnes et qui a été attribuée à l’Etat juif.
Israël a refusé de commenter directement l’attaque après que la Russie et la Syrie ont incriminé Jérusalem. NBC News a pour sa part cité deux responsables américains qui ont déclaré qu’Israël était à l’origine de la frappe, ajoutant que Washington en avait été informé en amont.
Netanyahu se trouvait dans le ville de Sderot, au sud, pour la signature d’un accord sur un projet de logement. Sderot, capitale des roquettes, est une cible fréquente de roquettes émanant de Gaza, situé à proximité.
Sdérot, la capitale mondiale des abris anti-bombes
« La première chose qui arrive ici peut être résumée en un seul mot – celui de sécurité : Sécurité pour Sderot, sécurité pour la zone adjacente à la bande de Gaza, sécurité pour le Negev, sécurité pour Israël, sécurité pour l’avenir », a dit Netanyahu.
« Nous avons une règle claire et simple et nous cherchons constamment à l’exprimer : Si quelqu’un tente de vous attaquer – levez-vous et attaquez-le. Nous ne leur permettrons pas ici, sur la frontière avec Gaza, de nous frapper. Nous les frapperons », a-t-il prévenu.
« La sécurité au présent est une condition nécessaire à la sécurité pour l’avenir et ce que nous avons ici, aujourd’hui, c’est une expression puissante de notre sécurité future », a ajouté Netanyahu, se référant apparemment aux doubles menaces auxquelles l’Etat juif est soumis au nord et au sud.
Dans la matinée de lundi, les avions israéliens ont mené des frappes aériennes au nord de la bande de Gaza, a fait savoir l’armée, quelques heures après l’entrée d’un groupe de Palestiniens sur le territoire israélien depuis l’enclave côtière. Ils avaient posé des bombes le long de la clôture de sécurité.
Israël a également été accusé d’avoir mené des frappes au-delà de ses frontières nord.
Dans une initiative rare, la Russie a accusé Israël, dans la matinée de lundi, d’avoir été à l’origine de cette frappe, comme cela a été le cas également du régime de Bachar el-Assad et de Téhéran.
« Il s’agit d’un développement très dangereux de la situation. J’espère qu’au moins les militaires américains et ceux des pays participant à la coalition menée par les Etats-Unis le comprennent », a déclaré Sergey Lavrov, ministre des Affaires étrangères russe, lors d’une conférence de presse organisée lundi.
Paris et Washington ont démenti être à l’origine des frappes, survenues peu de temps après que les deux pays ont menacé le régime d’une riposte après une attaque à l’arme chimique qui aurait été perpétrée par Assad dans la ville syrienne de Douma, samedi en fin de journée.
Le Kremlin a protesté avec fureur, dénonçant le fait de ne pas avoir été averti au préalable.
Dmitry Peskov, porte-parole du président russe Vladimir Poutine, a expliqué aux journalistes qu’Israël ne s’était pas entretenu avec Moscou avant la frappe aérienne et ce même si des conseillers militaires pouvaient avoir été présents dans la base, un facteur qu’il a qualifié « d’élément d’inquiétude pour nous ».
La cible de la frappe aérienne rapportée était la base militaire de Tiyas – également connue sous le nom de base aérienne T-4 – aux abords de Palmyre, dans le centre de la Syrie. Israël a déjà mené une attaque explicitement reconnue contre cette base qui, selon Jérusalem, abrite un programme de drones iraniens.

Selon la Russie, cette attaque a été menée peu avant 4 heures du matin, lundi, par deux avions-chasseurs de type F-15. Le ministère russe de la Défense a déclaré que les avions avaient lancé huit missiles sur la base depuis l’espace aérien libanais, dont cinq auraient été interceptés.
Dans une déclaration faite à l’agence de presse officielle syrienne SANA, un responsable militaire a néanmoins précisé que huit des missiles lancés par les jets israéliens avaient été abattus par les batteries de défense anti-aérienne, même si certains avaient continué sur leur lancée. « Il y a eu des martyrs et des blessés », a dit l’homme.
La télévision syrienne a montré des images des missiles israéliens présumés traversant l’espace aérien syrien vers la base.
Les militaires libanais ont fait savoir qu’au total, quatre avions israéliens avaient violé l’espace aérien du pays pendant 10 minutes approximativement dans la matinée de lundi. Ce récit ne contredit pas nécessairement l’affirmation faite par les Russes que deux F-15 auraient été à l’origine de l’attaque, car il est banal que des avions supplémentaires viennent escorter les bombardiers lors de telles frappes.
Le Liban a également annoncé que des drones de reconnaissance israéliens avaient opéré intensivement le long de la frontière syrienne au cours des trois derniers jours, mettant en doute l’affirmation que l’attaque présumée ait été commise en lien avec l’attaque chimique.
Selon l’observatoire syrien des droits de l’Homme, au moins 14 personnes ont été tuées et un plus grand nombre blessées. Des ressortissants iraniens figurent parmi les victimes. Des informations parues dans les médias en hébreu disent que quatre Iraniens auraient été tués.
Moscou a noté qu’aucun Russe n’avait été blessé.
« Selon une source militaire à Damas, le système de défense anti-aérienne syrien a été déployé depuis la base de Mezzeh après l’entrée des avions en Syrie depuis la Vallée de Beqaa, au Liban », a indiqué le site d’information libanais Al-Masdar News.
C’est l’itinéraire généralement emprunté par les avions-chasseurs israéliens avant de bombarder des cibles militaires en Syrie, selon des articles parus dans les médias étrangers.
La base de Tiyas avait été visée une première fois le 10 février par Israël, après qu’un drone fabriqué par l’Iran a été envoyé sur son territoire, selon l’armée.
« L’Iran et l’unité spéciale du Corps des Gardiens de la Révolution iranien de la Force Quds opèrent depuis un certain temps sur la base aérienne T-4 en Syrie à côté de Palmyre, avec le soutien de l’armée syrienne et avec la permission du régime syrien », avait déclaré à l’époque l’armée israélienne.

Le ministre de la Construction Yoav Galant, ancien major-général au sein de l’armée israélienne et membre du cabinet de sécurité israélien, n’a pas commenté directement l’attaque mais il a répété les « lignes rouges » considérées par Jérusalem comme justifiant le lancement de frappes.
« En Syrie, de nombreuses forces, d’organismes et de coalitions variés, opèrent. Chacun peut dire ce qu’il dit et nier ce qu’il nie », a-t-il commenté au micro de la radio israélienne. « Nous avons des intérêts clairs en Syrie et nous avons défini des lignes rouges. Nous ne permettrons pas aux armes de passer de la Syrie au Liban et nous n’autoriserons pas l’établissement d’une base iranienne ».
Le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan a également paru évoquer la frappe présumée durant une réunion à la Knesset – mais de manière détournée – disant que les allégations indiquaient qu’Israël avait agi sans limites.
« Je ne commenterai pas les affaires de sécurité qui nous sont attribuées mais le fait que, ce matin, il nous soit attribué ce qu’on nous attribue montre l’indépendance d’Israël en tous points. L’Etat d’Israël présente un objet d’admiration pour le monde entier », a dit Erdan, selon la radio israélienne.
L’ancien ministre de la Défense Moshe Yaalon, qui prône depuis longtemps un maintien de l’ambiguïté sur les frappes perpétrées dans les pays étrangers, a déclaré à la radio militaire que l’important pour Israël était de respecter les « lignes rouges » que le pays a défini, et de ne pas médiatiser outrageusement ses actions.
« Il n’est pas nécessaire de se précipiter pour raconter ce que nous avons fait à nos amis ou pour en revendiquer la responsabilité. Ceux qui comprendront comprendront », a-t-il dit.
Judah Ari Gross et l’équipe du Times of Israel ont contribué à cet article.
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