Après les tirs, Ashkelon tente de retrouver un semblant de normalité
La nuit a été marquée par une salve de roquettes meurtrières, qui a fait un mort et 13 blessés ; les cours sont suspendus et les résidents restent sur leurs gardes
Secoués, les résidents d’Ashkelon ont commencé leur journée quelques heures après qu’une roquette provenant de la bande de Gaza a atterri directement sur un immeuble résidentiel du sud de la ville, faisant un mort et 13 blessés.
« La vie continue. Nous ne pouvons pas les laisser nous dicter notre vie depuis Gaza », a déclaré Galit Tzaban, employée dans un supermarché ouvert 24 heures sur 24, qui est resté ouvert durant la salve de roquettes nocturnes. Les employés ont passé la nuit à courir vers les abris publics situés à proximité de l’immeuble.
Tzaban était chez elle, avec son fils. « Chaque fois que la sirène retentissait, je devais sauter avec mon fils de 6 ans et courir vers un abri », a-t-elle raconté. « Nous sommes paralysés. Les gens viennent à peine dans les magasins aujourd’hui, juste prendre un ticket de loterie et ils s’en vont. »
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Au matin, les rues d’Ashkelon étaient désertes, à l’exception des quelques individus qui courraient d’un magasin à l’autre. Les écoles étaient fermées dans le sud d’Israël et les autorités ont enjoint les résidents à rester à proximité des abris et des endroits protégés. Dans l’après-midi, les tirs d’obus ont continué à pleuvoir sur la périphérie de Gaza, mais ne sont pas allés plus loin. Les habitants d’Ashkelon ont commencé à sortir de chez eux et à reprendre leurs occupations. Les restaurants se sont remplis de parents essayant de divertir leurs enfants pendant ce jour de congé imprévu.
Eyal Signon, coiffeur, est resté devant son salon vide mardi matin. Ses clients avaient annulé leurs rendez-vous.
Après une nuit difficile à courir vers la chambre blindée de la maison à chaque fois que la sirène retentissait, Signon a enchaîné cigarette sur cigarette devant son salon, à regarder les voitures passer. Ses enfants, âgés de 6 à 12 ans, ont partagé un matelas cette nuit, pour dormir dans la pièce blindée, ne laissant pas de place à Signon et son épouse, a-t-il raconté.
« Nous sommes scotchés à nos téléphones et à la télévision, d’une alerte rouge à l’autre », a-t-il dit. « Tout est vide ici, les rues sont vides, les magasins sons vides. Seuls les abris sont ouverts. »
Signon revenait d’un congrès de coiffure lundi à Tel Aviv, quand il a appris que les sirènes d’alerte à la roquette commençaient à se faire entendre. « J’ai vu les explosions de roquettes Grad au-dessus de Kiryat Gat, et j’ai compris que la situation n’était pas normale », a-t-il dit. Selon lui, les résidents du sud d’Israël n’étaient pas en proie à une telle panique depuis la dernière grande opération à Gaza en 2014.
« Les gens vivent toujours dans l’attente de la prochaine escalade », a-t-il dit. « Il y a toujours des roquettes qui pleuvent ici et là. »
Signon a ajouté qu’il avait l’habitude de considérer que les alertes étaient des « blagues » et qu’il avait refusé d’aller se mettre à l’abri, se demandant à quoi cela pouvait servir. Mais après avoir entendu l’histoire de Miri Tamano, à Beer Sheva, qui a réussi à se mettre à l’abri, avec ses trois fils le mois dernier, il a changé d’opinion.
« Elle nous a sauvé de la guerre, d’une certaine manière », a déclaré Signon, au sujet de la réaction militaire qu’Israël aurait probablement eue par rapport à Gaza si Tamano et sa famille avaient été blessées ou tuées. « J’ai compris que ce n’était plus une blague. Je dois être responsable de mes actions. J’ai deux [systèmes de défense du] Dôme de fer près de chez moi, ce n’est plus une plaisanterie. »
Comme Tzaban, Signon est excédé par le fait que les roquettes de Gaza dictent son quotidien. En tant que propriétaire d’une petite affaire, il estime qu’il lui faut quatre jours pour recouvrer financièrement de chaque journée où la ville est paralysée à cause de la situation sécuritaire.
« Personne ne reconnaît [les petits commerces], nous sommes toujours touchés par la situation sécuritaire », a-t-il dit. « Ils veulent que l’on maintienne nos activités, que nous sortions et ouvrions nos magasins. Mais quid des babysitters pour les enfants ? C’est très difficile pour eux. Les enfants recommencent à mouiller leur lit parce qu’ils sont effrayés. »
L’équipe des services sociaux du conseil régional d’Eshkol a envoyé un courrier à tous les parents pour les aider à aborder la question de la sécurité avec leurs enfants, suggérant aux parents de mettre à profit les jours chômés pour prendre part à des activités familiales, comme la pâtisserie ou les jeux de société, afin d’aider les enfants à se sentir en sécurité.
« Ne surchargez pas votre enfant d’informations, mais ne cachez rien », conseille le courrier. « Nous vivons une situation compliquée, et c’est à nous, les adultes, d’aider les enfants à la gérer, même si c’est difficile, de façon adaptée à chaque âge. »
La lettre suggère également que les parents mettent en évidence le fait qu’aussi stressante que soit l’alerte, elle est destinée à protéger les citoyens.
Mardi, des centaines de personnes, notamment des journalistes et des forces de sécurité, ont afflué vers le site d’une attaque à la roquette à Ashkelon où un homme, travailleur palestinien en Israël de 48 ans, a été tué, et une femme grièvement blessée.
La roquette a touché la partie supérieure de l’immeuble, faisant exploser les fenêtres et envoyant des éclats dans les immeubles voisins.
Les dégâts dans les derniers étages étaient plus importants. Des effets personnels sont tombés, au milieu des débris de verre et des réfrigérateurs renversés. Dans un appartement du dernier étage, le toit de la cuisine s’est envolé.
Au deuxième étage, un chat noir apeuré se frayait un chemin à travers les débris de miroirs brisés, miaulant de panique à chaque bruit.
« Cet immeuble a subi des dégâts considérables », a déclaré Micky Rosenfeld, porte-parole de la police israélienne, alors que les unités de démineurs finissaient leurs inspections.
Les démineurs sont toujours les premiers à arriver sur les lieux d’une attaque à la roquette, avant même que les secours ne soient autorisés à entrer.
Rosenfeld a identifié l’homme tué dans la frappe. Il s’agit de Mahmoud Abu Asabeh, 48 ans, originaire de la ville de Halhul, près de Hébron en Cisjordanie. Abu Asabeh était dans l’appartement du dernier étage durant l’attaque et a été tué par l’impact de la roquette.
Lors de cette même attaque, une femme a été grièvement blessée et 12 autres personnes ont été prises en charge par des équipes médicales. La police et les premiers secours n’avaient pas vu, dans un premier temps, les deux personnes portées disparues du dernier étage. Ce n’est qu’une heure plus tard, quand la police a autorisé l’accès au bâtiment, qu’un photographe a trouvé le corps sans vie d’Abu Asabeh et d’une femme, dans un état critique.
Abu Asabeh passait la semaine à Ashkelon et le week-end à Halhul, selon ses proches. Il était marié et père de cinq enfants. Il était titulaire d’un permis de travail qui l’autorisait à passer la nuit en Israël.
Abu Asabeh a été tué dans un quartier d’Ashkelon ou les immeubles sont anciens. Peu d’appartements sont équipés de chambres blindées qui peuvent résister à une attaque de roquettes. Ce genre de pièce blindée fait partie des exigences dans toute nouvelle construction en Israël.
Les résidents d’Ashkelon ont 30 secondes après que la sonnerie d’alerte se déclenche pour se précipiter vers l’abri le plus proche. Dans ce cas-là, il s’agissait d’un abri public qui fait office de synagogue, situé à 10 mètres de l’immeuble.
Abu Asabeh aurait pu survivre s’il avait été dans une autre pièce de son appartement. Bien que l’appartement ait explosé, une rangée de bouteilles de whisky est restée intacte sur une étagère du salon.
Les résidents disent qu’ils essayent de retrouver leur sérénité après cette nuit difficile.
« Nous avons entendu des booms toute la nuit », a raconté Rami Ivgui, qui vit dans le quartier. « A tout moment, des avions nous survolaient, ou [on entendait] des explosions. Nous avons dormi dans l’abri. Nous avons encore peur aujourd’hui, j’ai mis mon téléphone en mode urgence. J’essaye de continuer ma journée, mais j’ai toujours peur. »
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