Après son départ de Koulanou, Michael Oren cherche un nouveau parti
Pour l'ancien envoyé aux États-Unis, son temps à la Knesset a été gâché par sa "déception de la coalition", mais il n'est pas encore prêt à abandonner la partie

Dans son best-seller de 2007, Power, Faith and Fantasy: America in the Middle East, Michael Oren retrace l’engagement historique des États-Unis pour le Moyen-Orient via les trajectoires d’Américains motivés par une myriade de raisons – un zèle missionnaire, des ambitions commerciales ou politiques, une ferveur patriotique – pour insuffler leur influence sur Israël et au-delà.
Pour ce natif de New York, son alyah, à l’âge de 19 ans, constituait un autre chapitre de cette épopée d’Américains idéalistes espérant façonner une petite partie de cette région.
Trente-cinq ans plus tard, s’étant déjà fait un nom en tant qu’historien et écrivain avant de devenir ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Michael Oren se vit offrir l’opportunité de non seulement raconter l’histoire de l’État juif ou de le représenter à l’étranger, mais aussi d’influencer directement la politique du pays en devenant membre de la Knesset.
Mais quatre ans après avoir quitté la scène diplomatique pour rejoindre la scène politique parfois intransigeante d’Israël, la carrière politique de Michael Oren semble promise à une fin au terme des prochaines élections générales d’avril.
Quelques jours après l’annonce du prochain scrutin, le député Koulanou a fait savoir qu’il ne se représenterait pas sous l’étiquette du parti, son leader Moshe Kahlon lui ayant dit qu’il n’aurait pas de vraie place sur sa liste électorale. (La liste Koulanou est entièrement fixée par Kahlon)
Si le parti aux 11 sièges qui l’avait désigné quatrième candidat sur sa liste aux élections de 2015 ne lui prévoit pas de deuxième candidature, l’ancien diplomate, lui, a d’autres projets. Lors d’un entretien avec le Times of Israel cette semaine, il avait expliqué que son service auprès d’Israël, et peut-être même pour la Knesset, n’étaient pas encore finis.
« J’ai consacré toute ma vie à servir ce pays d’une façon ou d’une autre, » a-t-il déclaré dans une interview peu après l’annonce de son départ imminent de Koulanou.
« Si je peux servir au mieux mon pays, je le ferais, peu importe sous quelle forme. »

Son mandat de député vient s’ajouter à un curriculum déjà bien fourni. Il indique qu’il pourrait facilement aller diriger l’un des nombreux organismes quasi-gouvernementaux du pays consacrés aux relations internationales ou à celles avec la diaspora.
Pour l’instant, néanmoins, il n’est pas satisfait de son étiquette « d’ancien membre de la Knesset », et bien qu’il reste flou sur son avenir, il confirme chercher un autre parti avec lequel se représenter aux élections.
Une semaine plus tôt, Michael Oren avait tenté d’accéder au gouvernement en faisant publiquement part de son intérêt pour le ministère de l’Immigration, se considérant comme « le plus qualifié pour le poste ». Mais aujourd’hui, c’est un nouveau parti politique qu’il recherche.
Les partis commencent à constituer leur liste et à recruter des grands noms pour appâter anciens et nouveaux électeurs. L’historien espère que son expérience et son dévouement joueront en sa faveur.
« En 2015, j’étais appelé à servir l’État d’Israël à la Knesset. Pendant quatre années, en tant que membre du parlement puis vice-ministre, j’ai travaillé sans relâche pour renforcer la diplomatie israélienne dans le monde, » expliquait-il dans son annonce de lundi, promettant qu’il
« n’abandonnerait pas » cette mission.

Ayant joué un rôle clé dans la conception de l’agenda diplomatique du parti centriste Koulanou, tout en défendant des positions dures sur une variété de sujets et en défendant de façon ardente l’État juif sur la toile, il pourrait potentiellement se retrouver dans de nombreux partis cherchant à occuper le centre politique du pays, ou centre-droit.
« Oui, je discute avec différentes personnes », s’est-il enorgueilli, affirmant qu’il n’excluait pas de rejoindre un nouveau parti ou un autre membre de la coalition gouvernementale actuelle, refusant d’en dire plus à ce stade.
Quoi qu’il arrive, l’ancien diplomate a promis de « continuer à se battre contre les organisations du BDS et les groupes anti-israéliens et de représenter Israël dans le monde entier.
En tant que rare parlementaire né aux États-Unis, il déclare s’être senti le plus accompli quand il travaillait au nom des autres immigrés. « Pour moi, c’était eux mes électeurs, » dit-il avec nostalgie, ajoutant qu’il était déterminé à faire de l’alyah un de ses sujets et priorité principaux.
« Personne d’autre que moi n’a autant fait sur ces sujets », affirme-t-il, rappelant sa création d’un lobby pour les soldats seuls à la Knesset, son travail avec les groupes d’alyah français ainsi que ses préparatifs pour ce qu’il prévoit comme « une alyah à grande échelle » depuis le Royaume-Uni en cas d’élection de Jeremy Corbyn au poste de Premier ministre.

Il a également souligné qu’il était l’un des parrains de la loi de 2016 érigeant les bases de la journée de l’Alyah, une célébration annuelle de l’immigration juive dans le pays.
Au-delà de ses projets personnels, Michael Oren explique qu’en tant que membre de la coalition, où les députés sont rarement libres de voter selon leur conscience, il a souvent dû prêter la main à une politique qu’il n’approuvait pas. « J’ai été déçu par la coalition, et mon propre pays, » déclarait-il avant de se lancer dans une énumération des points de contentieux auxquels il regrette d’avoir été associés.
Sa récrimination numéro 1 concerne la décision du gouvernement d’avoir abandonné un accord longuement négocié créant un espace de prières pluraliste au mur Occidental. Il avait alors considéré cet abandon comme « un renoncement au sionisme ».
« Nos relations avec de grands pans de la communauté juive issue de la diaspora se sont dégradées. J’ignore comment l’on peut être l’État-nation du peuple juif et ne pas reconnaître les Juifs réformés, » s’est-il exclamé cette semaine.
« Je pense », ajoute-t-il tristement, « que j’étais une voix isolée dans la coalition. »
Mais malgré les écueils de la realpolitik israélienne, Michael Oren assure qu’il n’est pas prêt à renoncer à son désir d’influer sur le futur d’Israël.
« Si je suis rappelé au drapeau, je répondrai à l’appel, » conclut-il avec insistance.
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