Israël en guerre - Jour 593

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Arbel Yehud, menacée de mort par ses geôliers si Tsahal approchait, témoigne

L'ex-otage, qui refuse de partager certains détails, même avec ses parents, estime qu'Israël "se bat actuellement pour attaquer, et n'a pas combattu pour se défendre" le 7 octobre

L'ex-otage Arbel Yehud s'exprimant sur la Treizième chaîne dans les ruines de la maison qu'elle partageait avec l'otage Ariel Cunio dans le kibboutz Nir Oz, lors d'une interview diffusée le 28 avril 2025. (Crédit : Capture d'écran/Treizième chaîne)
L'ex-otage Arbel Yehud s'exprimant sur la Treizième chaîne dans les ruines de la maison qu'elle partageait avec l'otage Ariel Cunio dans le kibboutz Nir Oz, lors d'une interview diffusée le 28 avril 2025. (Crédit : Capture d'écran/Treizième chaîne)

L’ex-otage Arbel Yehud, qui a été relâchée le 30 janvier dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu à Gaza, affirme que ses ravisseurs du groupe terroriste du Jihad islamique palestinien lui ont clairement fait comprendre qu’ils la tueraient si l’armée israélienne découvrait leur cachette et venait la secourir.

« Je suis assise à côté d’eux, ils ont des armes chargées et je sais qu’ils me tireront dans la tête dès que l’armée entrera », a déclaré Yehud, 29 ans, au micro de la Treizième chaîne dans une interview diffusée lundi et filmée dans les ruines de la maison du kibboutz Nir Oz qu’elle partageait avec Ariel Cunio, qui est lui toujours otage.

De retour en Israël, Yehud a déclaré en février avoir réalisé que sa pire nuit à Gaza avait eu lieu un an plus tôt, le 12 février 2024, lorsque les troupes opérant dans le camp de tentes de Rafah où elle était détenue avaient mené une opération audacieuse pour libérer les otages Louis Har et Fernando Marman.

« J’ai vu des fusées éclairantes de l’autre côté de la toile de la tente, puis les avions ont commencé à arriver », raconte-t-elle.

« Des avions de combat, qui semblaient voler très bas et tout près. Les bombardements ont commencé, puis j’ai entendu des coups de feu et des bruits de course. »

Au cours de l’opération de sauvetage, l’un de ses geôliers « était armé d’un pistolet chargé, pointé vers la tente » où elle était retenue captive, explique-t-elle.

Ariel Cunio, enlevé par des terroristes du Hamas dans le kibboutz Nir Oz le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

« Je ne pense pas qu’il existe un mot pour décrire la peur que provoque le bruit des combats : les bombardements, les avions, ces quelques secondes avant qu’un missile ne tombe, les fusillades. »

« Cette peur est paralysante, elle est terrifiante. Vous ne savez pas si vous serez encore en vie la minute d’après, ni où la peur vous frappera. »

« Où étaient-ils tous le 7 octobre ? » a-t-elle demandé.

« Vous vous battez actuellement pour attaquer, mais vous ne vous êtes pas battus pour défendre. Ce matin-là, il n’y avait pas un seul avion jusqu’à mon arrivée à Gaza. »

Environ un quart des quelque 400 membres de Nir Oz ont été enlevés ou assassinés le 7 octobre 2023, lorsque des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tuant plus de 1 200 personnes et enlevant 251 otages, déclenchant ainsi la guerre à Gaza. Les groupes terroristes de Gaza détiendraient toujours 24 otages vivants, dont Ariel et son frère aîné David Cunio, ainsi que les corps de 35 otages, dont Hadar Goldin, un soldat tué au combat lors de la guerre de Gaza en 2014.

La première fois qu’elle a pleuré en captivité, c’était lorsqu’elle a entendu quelques mots à la radio arabe au sujet du « massacre de Nir Oz ».

« Ils n’aiment pas quand tu pleures », explique-t-elle en parlant de ses bourreaux.

« Ce n’est pas cool de pleurer là-bas. »

« Je m’y suis habituée à un moment donné. J’ai arrêté de pleurer », dit-elle.

« Les larmes coulaient, mais je ne pleurais pas. »

« Il y a eu des moments où je me suis dit : ‘Ça suffit, finissons-en’. »

« À un moment donné, j’ai écrit ‘à l’aide’ en hébreu et en anglais sur ma main et je l’ai pointée vers le ciel pour qu’on me repère et qu’une roquette me tombe dessus. »

Des soldats israéliens marchant à côté des destructions causées par les terroristes du Hamas dans le kibboutz Nir Oz le 7 octobre 2023, près de la frontière entre Israël et la bande de Gaza, dans le sud d’Israël, le 21 novembre 2023. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Yehud se souvient qu’elle, ses frères et sœurs ainsi que sa grand-mère avaient partagé le repas du Shabbat avec David et les parents d’Ariel dans le kibboutz la veille de l’assaut. « Il y avait beaucoup de joie, des cris d’enfants, un bon repas comme d’habitude, et après le repas du vendredi soir, nous sommes allés chez nos amis », raconte-t-elle.

« Nous n’étions que quelques-uns là-bas. Le lendemain matin, 80 % des personnes présentes avaient disparu. »

Parmi les personnes tuées à Nir Oz le 7 octobre figurait le frère d’Arbel, Dolev, qui s’était précipité hors de chez lui pour venir en aide aux blessés. Il a été présumé otage jusqu’à ce que son corps soit identifié en Israël en juin 2024. Son épouse, Sigal, a donné naissance à une petite fille deux semaines plus tard.

Yehud, qui a été détenue en isolement par diverses familles affiliées au Jihad islamique palestinien pendant près de 500 jours, a déclaré qu’une partie du temps, elle était détenue avec un petit garçon qui lui rappelait ses propres neveux et sa nièce qu’elle n’avait pas encore rencontrée.

Dolev Yehud, tué par des terroristes du Hamas le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

« Je ressentais un lien particulier » avec le bébé, dit-elle.

« Je m’occupais un peu de lui. »

Yehud n’a appris qu’une fois en captivité que son frère, avec lequel elle conversait dans sa tête, avait été tué lors de l’assaut du Hamas.

« Après quelques semaines assez sombres, je lui ai parlé et j’ai réalisé que je ne pouvais pas faire mon deuil seule. Je me souviens m’être excusée auprès de lui de devoir me détacher de la situation. »

« Je ne me suis pas rendue sur sa tombe, et je ne pense pas être capable de faire mon deuil et d’accepter cette perte avant le retour d’Ariel et de tous les autres. »

Ariel et Arbel ont été enlevés à leur domicile de Nir Oz et séparés pendant leur transfert vers Gaza : la voiture dans laquelle elle se trouvait a pris une direction et celle dans laquelle il se trouvait une autre. Yehud se souvient avoir regardé dans le rétroviseur jusqu’à ce que la voiture transportant Ariel disparaisse de sa vue.

Elle a expliqué qu’elle s’était forcée à apprendre l’arabe pendant sa captivité et qu’elle avait échangé quelques mots dans cette langue avec la journaliste arabe israélienne Lucy Aharish, qui l’interviewait pour la Treizième chaîne. Yehud a déclaré que la seule fois où elle s’était exprimée à voix haute pendant sa captivité, c’était le deuxième jour, lorsqu’elle s’était dit à elle-même d’une voix basse : « Arbel, tu as été enlevée et emmenée à Gaza, tu es à Gaza, tu ne sais pas combien de temps cela va durer, tu dois être forte et patiente. »

Néanmoins, dit-elle, elle n’aurait jamais imaginé qu’il aurait fallu attendre 482 jours avant de pouvoir rentrer chez elle. Elle se souvient avoir appris, en novembre 2023, la conclusion d’un accord de trêve d’une semaine, dans le cadre duquel le groupe terroriste palestinien du Hamas avait libéré 105 femmes et enfants, et s’être dit qu’elle aussi serait bientôt libre.

Des terroristes du Hamas et du Jihad islamique palestinien remettant des otages israéliens à la Croix-Rouge, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 28 novembre 2023. (Crédit : Flash90)

Être une femme seule en captivité était « une autre histoire », dit Yehud, sans donner plus de détails.

« Il y a des choses qui seront révélées plus tard ou qui ne le seront peut-être jamais. »

Yehud a ajouté qu’elle n’avait pas révélé certains détails à ses propres parents. « Il vaut mieux qu’ils ne sachent pas. »

En captivité, elle ne se sentait jamais propre et était constamment entourée de « saleté, de sable et de souris qui couraient partout ».

« Au tout début, une souris m’a mordu le doigt, et vers la fin, elles me rendaient folle », raconte-t-elle.

« À plusieurs reprises, certains terroristes ont tué des souris, mais vers la fin, je me suis surprise à écraser moi-même des souris. »

Le campement où elle était détenue à Rafah était « incroyablement étouffant » en été et « extrêmement froid » en hiver, dit-elle.

Yehud, qui est restée pieds nus pendant toute sa captivité, se souvient qu’elle « essayait de bricoler des chaussettes » pendant la saison hivernale.

Un char israélien à l’arrière-plan alors que des Palestiniens déplacés se dirigent vers la ville de Gaza en passant par le corridor de Netzarim depuis le sud de la bande de Gaza, le 27 janvier 2025. (Crédit : Eyad Baba/AFP)

Pendant environ six semaines avant d’être relâchée, Yehud a eu accès à une télévision et a pu regarder la libération des trois premiers otages dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages signé en janvier, a-t-elle indiqué.

Dans le cadre de cet accord, le Hamas a relâché 33 femmes, enfants, hommes civils âgés de plus de 50 ans et personnes considérées comme des « cas humanitaires », en échange de quelque 1 900 prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël, dont plus de 270 condamnés à perpétuité pour le meurtre de dizaines d’Israéliens.

Le groupe terroriste a violé l’accord dès le début en ne relâchant pas Yehud, une civile, avant un groupe de soldates. En réponse, Israël a temporairement bloqué le retour vers le nord des Gazaouis déplacés, comme le prévoyait l’accord.

Dans ce contexte de crise, Yehud est devenue une sorte de célébrité à Gaza. Elle a entendu à plusieurs reprises les médias arabes l’a qualifiée de « soldate Arbel Yehud ». C’est alors qu’elle a compris qu’elle était sur le point d’être libérée.

Dans les jours qui ont précédé sa libération, ses geôliers l’ont forcée à apparaître dans des vidéos de propagande, dont une où on la voit distribuer des bonbons à des enfants de Gaza.

Une autre vidéo de propagande la montrait retrouvant Gadi Mozes, un autre habitant de Nir Oz. C’était la première fois qu’elle affichait un sourire sincère et qu’elle parlait hébreu à quelqu’un depuis près de seize mois.

Yehud, Mozes et cinq ressortissants thaïlandais qui ne figuraient pas dans l’accord initial ont été libérés ce jour-là. Yehud se souvient que Mozes, âgé de 80 ans, les a tous fait rire en racontant des blagues et en « faisant de petites danses » pour se réchauffer, tandis qu’elle et les Thaïlandais s’étaient enveloppés dans une couverture.

Cette libération a marqué les esprits en raison de la foule de Gazaouis qui avait encerclé le véhicule transportant les otages. Yehud a rapidement compris que ses bourreaux voulaient filmer les otages marchant au milieu de la foule. Elle a alors pointé du doigt le terroriste le plus imposant dans la voiture et lui a dit : « Toi, tu me tiendras la main. »

Des terroristes du Jihad islamique palestinien et du Hamas escortant les otages israéliens Arbel Yehud (au centre), Gadi Moses (à droite) et un ressortissant thaïlandais (à l’arrière) afin de les remettre à une équipe de la Croix-Rouge, à Khan Younès, le 30 janvier 2025. (Crédit : Eyad Baba/AFP)

Marcher à travers cette foule « m’a semblé une éternité », dit-elle.

« Elle devenait de plus en plus dense, poussait et bousculait. »

Yehud a été conduite jusqu’à un représentant de la Croix-Rouge qui l’a tirée hors de la foule et poussée dans une camionnette, raconte-t-elle. Interrogée sur la première chose qu’elle a faite une fois dans la camionnette, Yehud répond : « J’ai hurlé. »

S’adressant à la Treizième chaîne depuis les ruines de sa maison à Nir Oz, Yehud, qui vit actuellement dans un logement temporaire à Kiryat Gat, a souligné qu’il était important pour elle d’être interviewée dans la maison qu’elle partageait avec Ariel.

« Après tout, nous avons été enlevés ensemble, et s’il y a la moindre chance qu’il voie ceci, qu’il voie quoi que ce soit de tout ça, alors il est important pour moi qu’il sache que je l’attends », explique-t-elle.

« C’est important pour moi qu’il sache que je suis à la maison et que je ne vais nulle part avant qu’il ne revienne. »

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