Arrestation du réserviste qui a tué Yuval Castleman lors de l’attentat de Jérusalem
La garde à vue du sergent-chef Aviad Frija, qui a été déjà été interrogé, a été prolongée en vue d'un nouvel interrogatoire pour avoir abattu le civil qui avait tiré sur les terroristes
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Un soldat réserviste soupçonné d’avoir tué un homme, pris pour un terroriste, lors d’une fusillade à Jérusalem la semaine dernière a été arrêté par la police militaire, a rapporté lundi l’armée israélienne.
Le sergent-chef de réserve Aviad Frija était l’un des deux militaires en permission qui ont réagi lors d’une attaque terroriste à un arrêt de bus de Jérusalem jeudi, tuant les deux terroristes mais également Yuval Castleman, un civil armé qui avait également ouvert le feu sur les terroristes.
Frija, qui a tiré sur Castleman alors que celui-ci avait baissé son arme et levait les mains en l’air, a été interrogé dimanche et s’est vu confisquer son arme.
« Sa détention est une arrestation préliminaire et il continuera à être interrogé demain », a expliqué Tsahal dimanche.
Frija a été arrêté après que les interrogateurs ont relevé des divergences entre son témoignage initial et le récit qu’il a fourni lors de l’interrogatoire de la police militaire – venant s’ajouter à des constatations faites sur les lieux de la fusillade.
Le deuxième soldat impliqué, qui a ouvert le feu et a été blessé, a également été interrogé dimanche. Les deux soldats faisaient une pause après avoir combattu dans la bande de Gaza et retournaient sur la ligne de front lorsque l’attaque s’est produite.
« Tsahal exprime son chagrin pour la mort de feu Yuval Doron Castleman, qui a agi avec courage et héroïsme, et a engagé et éliminé des terroristes lors de l’attaque à Jérusalem », a déclaré l’armée dans un communiqué dimanche soir.
Trois autres personnes ont été tuées et cinq ont été blessées dans l’attentat. Castleman conduisait de l’autre côté de la rue lorsque l’attaque s’est produite ; il a arrêté sa voiture, traversé la route et s’est précipité sur les terroristes avec son arme à feu et a tiré sur eux.
Les soldats, qui sont arrivés sur les lieux au même moment, ont vraisemblablement pris Castleman pour un troisième terroriste, et au moins l’un d’entre eux, Frija, lui a tiré dessus.
Une vidéo de la scène montre Castleman jetant son arme, tombant à genoux et levant les mains en l’air tout en criant « Ne tirez pas » alors que les soldats s’approchent de lui. On lui tire alors à nouveau dessus.
https://twitter.com/Yossi_eli/status/1731298987217387987
Une vidéo choquante de la scène montre Castleman jeter son arme, tomber à genoux et lever les mains en l’air tout en criant « Ne tirez pas » tandis que les soldats s’approchent de lui. Une autre balle a alors été tirée.
Selon des informations supplémentaires rapportées dimanche, Castleman a également crié aux soldats avant de s’effondrer : « Regardez ma carte d’identité, je suis Juif. »
S’adressant à la Quatorzième chaîne – une chaîne de télévision qui a adopté une position de droite – peu après l’attaque, Frija a déclaré que « quelqu’un a crié ‘terroriste' ».
« L’autre soldat et moi étions allongés sur le sol, puis nous avons fait le tour derrière la gare [routière]. Nous avons réalisé que [les terroristes] étaient derrière nous. »
« Lentement, nous les avons cherchés, nous avons marché accroupis derrière la gare, et quand nous avons passé le bâtiment, nous les avons soudainement vus et nous les avons alors abattus », a déclaré Frija. « Il y avait un terroriste là et nous l’avons abattu. »
Interrogé par la chaîne pour savoir s’il confirmait que les terroristes avaient été tués, Frija a répondu : « Oui, nous avons tiré jusqu’à ce qu’ils tombent. »
Les avocats de Frija, le colonel (res,) Shlomi Tzipori et le colonel (res) Ran Cohen Rochberger, ont déclaré aux médias lundi que les vidéos montrant l’attaque terroriste et la fusillade mortelle « créent une impression partielle et fausse qui ne reflète pas ce qui a été vu et entendu par le soldat ».
https://twitter.com/manniefabian/status/1730117252039503915
« Les tirs supplémentaires effectués par le soldat et d’autres personnes dans la zone en direction de Yuval [qu’il repose en paix] doivent être examinés en fonction de toutes les circonstances et de la situation qui se tenait sous les yeux du soldat en temps réel », ont souligné les avocats.
« De l’endroit où il se tenait, selon ce qu’il voyait et les sons qu’il entendait, le soldat était sincèrement convaincu qu’il tirait sur un terroriste qui représentait encore un danger de mort pour lui et tous ceux qui l’entouraient. Il n’avait pas l’intention de commettre un ‘meurtre confirmé’ et n’a pas agi de cette façon », précise le communiqué.
« Immédiatement après avoir vu que la personne avait été touchée et qu’elle était tombée [au sol], il a cessé de tirer. Après avoir entendu le témoignage du soldat, nous ne doutons pas que dans ces circonstances extrêmement inhabituelles, l’avocat général [du tribunal] militaire parviendra également à la conclusion claire, qu’avec toute la lourde peine de cette terrible issue, il s’agit d’une erreur tragique qui ne justifie pas de prendre des mesures pénales à l’encontre du soldat », ont ajouté les avocats.
À l’issue de l’enquête de la police militaire, Tsahal décidera si des poursuites pénales peuvent être engagées contre Frija. Les protocoles de l’armée israélienne ne permettent pas aux soldats de tirer sur quelqu’un qui lève les mains en l’air. Par ailleurs, des responsables ont affirmé que la conduite du soldat au cours de « l’incident » ne correspondait pas à ce que l’on attendait de lui d’après les normes et les valeurs de Tsahal.
Le père de Castleman a affirmé dimanche que son fils avait été « exécuté » et a appelé à l’ouverture d’une enquête approfondie.
Yuval « a fait tout ce qu’il avait à faire pour qu’ils soient en mesure de l’identifier. Il s’est mis à genoux ; il a ouvert sa veste pour bien montrer qu’il n’avait aucun explosif sur lui ; il leur a crié : ‘Ne tirez pas, je suis Juif, je suis Israélien’ mais ils ont continué », a-t-il dit au micro de la radio de l’armée, ajoutant que Yuval avait été blessé à la mâchoire et au menton, ce qui avait pu entraver sa capacité à appeler à l’aide.
Dimanche, Netanyahu s’est entretenu avec le père de Yuval, Moshe Castleman, après avoir été critiqué pour avoir affirmé que « dans la situation actuelle, c’est une politique qui doit être maintenue. Et si nous en payons le prix, c’est la vie ».
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.