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Explications

Avant les élections 2026, Ayman Odeh veut réunifier les partis arabes d’Israël

"Il est indubitable que la majorité de la population arabe souhaite une seule et unique liste commune", a dit le président du parti Hadash, qui estime que l'union est essentielle pour vaincre "la droite messianique fasciste"

Le député Ayman Odeh préside la réunion hebdomadaire de la faction du parti Hadash-Taal à la Knesset, le 10 juin 2024. (Crédit : haim Goldberg/Flash90)
Le député Ayman Odeh préside la réunion hebdomadaire de la faction du parti Hadash-Taal à la Knesset, le 10 juin 2024. (Crédit : haim Goldberg/Flash90)

Aux toutes premières heures de la matinée, le 12 juin, les partis Shas et Yahadout HaTorah, qui appartiennent à la coalition, ont renoncé à leurs menaces de renverser le gouvernement de l’intérieur sur la question controversée du service militaire des jeunes ultra-orthodoxes – évitant ainsi des élections anticipées et préservant, du moins pour l’instant, le pouvoir du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Moins de 24 heures après, Tsahal a lancé une attaque-surprise qui a pris pour cible le programme nucléaire iranien, incitant les opposants politiques du Premier ministre à mettre de côté leurs désaccords au nom de l’unité nationale.

Mais si les partis juifs de tout le spectre politique ont souligné qu’ils apportaient leur soutien à Netanyahu sur cette problématique iranienne, le député Ayman Odeh, leader de l’alliance majoritairement arabe Hadash-Taal, a adopté une approche différente, déposant une motion de censure contre le gouvernement. Il a aussi accusé l’opposition de se laisser « entraîner », encore et encore, par le Premier ministre, dans le cadre « d’une capitulation silencieuse et honteuse », a-t-il estimé.

Et malgré le répit politique qui a été accordé par les haredim à Netanyahu, le politicien arabe vétéran – qui, au début du mois, a été visé par des appels à la destitution après qu’il a indiqué que « Gaza a gagné et Gaza gagnera » – reste focalisé sur la préparation des élections, actuellement prévues pour le mois d’octobre 2026, avec pour objectif « d’empêcher la droite messianique fasciste de revenir au pouvoir ».

Dans le cadre de cette initiative, Odeh s’efforce de rétablir la « Liste arabe unie », qui était formée d’une coalition de partis arabes aux opinions très divergentes qui était déjà parvenue à mobiliser les électeurs arabes et à octroyer à la communauté un pouvoir politique sans précédent.

Environ 2,1 millions d’Israéliens – ce qui représente 20,9 % de la population forte de 10,1 millions environ de personnes – sont arabes. Lors des élections de 2015, la Liste arabe unie, qui venait d’être formée, avait remporté 13 sièges sur 120 à la Knesset, tout en portant le taux de participation dans les localités à majorité arabe à 64 % – un pourcentage qui avait traduit une augmentation significative par rapport aux 55 % qui avaient été enregistrés deux ans auparavant.

Ahmad Tibi, chef du parti (Taal , dépose son bulletin de vote dans un bureau de vote de la ville majoritairement arabe de Taybeh, dans le centre d’Israël, lors des élections nationales du 1er novembre 2022. (Crédit : AHMAD GHARABLI / AFP)

Néanmoins, si cette liste commune avait fait un score considéré comme honorable lors du scrutin, les luttes politiques internes avaient divisé les factions arabes, les chefs des différentes formations constituant l’alliance s’affrontant sur des questions de représentation.

Les disputes acharnées sur la répartition et sur la rotation des sièges à la Knesset avaient finalement conduit le parti islamiste Raam, de Mansour Abbas, à prendre la décision de se retirer de la liste arabe unie en 2021. Abbas devait finalement rejoindre Naftali Bennett et Yair Lapid dans le cadre de leur gouvernement d’unité de courte durée.

Hadash, la faction d’Odeh – un parti juif-arabe de gauche, qui intègre l’ancien Parti communiste israélien – avait toutefois maintenu son alliance avec le Taal du député Ahmad Tibi et avec Balad, une formation nationaliste laïque.

Balad, qui revendique son antisionisme et dont les ambitions électorales avaient été disqualifiées à plusieurs reprises – le parti avait toutefois gagné tous ses recours devant la Cour suprême, et il avait ainsi été réintégré dans la course – s’était séparé de l’alliance en 2022. Se présentant seul, Balad n’était pas parvenu à franchir le seuil de représentation à la Knesset, laissant les partis arabes avec seulement 10 sièges au total.

Après l’effondrement du gouvernement Bennett-Lapid, Abbas avait fait preuve de mépris à l’égard de ses anciens partenaires, affirmant qu’à cause de Tibi et Odeh – trop « dogmatiques », avait-il dit – les Arabes israéliens avaient « manqué une occasion historique ».

Le président de la Liste arabe unie, le député Mansour Abbas, dirigeant une réunion de sa faction à la Knesset, à Jérusalem, le 19 février 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Mais malgré ces tensions, Odeh travaille d’arrache-pied pour reconstruire cette liste commune. Dans le cadre d’une interview accordée la semaine dernière, il indique au Times of Israel que les prochaines élections seront « existentielles » pour les électeurs arabes et qu’elles nécessiteront « beaucoup de responsabilité de notre part ».

« Il ne fait aucun doute que la majorité de la population arabe veut une seule et unique liste commune. En d’autres termes, cela augmente les chances qu’un plus grand nombre de citoyens arabes se rendront aux urnes, ce qui, de notre point de vue, est crucial pour empêcher la droite messianique fasciste de revenir au pouvoir », s’exclame-t-il.

Odeh et d’autres politiciens arabes ont critiqué avec âpreté le gouvernement actuel, notamment pour son incapacité à freiner l’essor de la criminalité dans le secteur arabe et pour avoir bloqué le financement des municipalités arabes.

Ils ont également dénoncé une législation qui visait à faciliter la disqualification des candidats arabes aux élections, notamment en leur interdisant de se présenter s’ils ont pu tenir, dans le passé, des propos isolés considérés comme favorables au terrorisme.

Des questions qui sont sont la raison pour laquelle « toutes nos luttes intestines doivent passer au second plan face à cette menace plus grande », déclare Odeh.

L’homme politique ajoute qu’il est entré en contact avec Abbas « cinq ou six fois » au cours des six derniers mois, avec pour objectif de tenter de parvenir à une réconciliation.

« Il  est absolument impensable que nous nous présention comme la dernière fois, avec trois listes », insiste-t-il. « Il ne faut pas plus de deux listes avec la conclusion d’un accord de partage des voix excédentaires – et ce afin de tirer le maximum de la puissance électorale de la population arabe ».

Abbas « n’en est pas encore personnellement persuadé mais au sein du Raam, une large majorité est convaincue de la nécessité de cette union et elle le souhaite », dit Odeh.

Le chef du parti Balad, le député Sami Abu Shehadeh, arrive à un bureau de vote à Jaffa, le 1er novembre 2022. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Un porte-parole d’Abbas n’avait pas répondu à une demande de commentaire au moment de la rédaction de cet article.

Odeh précise qu’il est également en pourparlers avec Balad, arguant que l’échec de la faction à intégrer la Knesset ne devra pas se reproduire dans la mesure où il s’agit, in fine, d’un gaspillage de voix arabes déterminantes.

Même si Odeh parvient à unifier les partis arabes, il ne prendra pas la tête d’une nouvelle Liste arabe unie. En effet, il avait annoncé, au mois de mai 2023, que s’il resterait en fonction jusqu’à la fin de la législature actuelle, il n’avait pas l’intention de se représenter.

Dans un communiqué, Hadash-Taal avait indiqué qu’Odeh se retirait parce que « un leader sait quand il doit laisser la place à la génération suivante ».

À l’époque, il avait expliqué qu’il resterait impliqué dans la vie publique arabe et qu’il se battrait pour construire « l’unité au sein de la société arabe et avec nos partenaires juifs, et pour construire la paix entre les deux peuples ».

Mais même s’il devait se maintenir à la Knesset, son avenir politique personnel reste néanmoins incertain. La commission intérieure du parlement devait se réunir, dans la journée de mardi, pour discuter de sa destitution éventuelle dans le sillage d’une déclaration dans laquelle il avait semblé assimiler les otages israéliens aux prisonniers palestiniens incarcérés au sein de l’État juif pour atteinte à la sécurité nationale.

Un récent sondage, commandité par la Treizième chaîne, a révélé que si des élections avaient lieu aujourd’hui, Hadash-Taal obtiendrait six sièges et Raam quatre, tandis que Balad ne franchirait pas le seuil électoral permettant à une faction d’être représentée à la Knesset. Ce seuil est de 3,25 %.

Une enquête qui a été réalisée au mois de février par l’Abraham Fund Initiatives, une organisation qui lutte pour la coexistence, a fait savoir qu’une majorité d’électeurs arabes soutenaient l’idée d’une nouvelle liste commune, a déclaré le docteur Thabet Abu Rass, qui était codirecteur du groupe jusqu’à une date récente et qui défend farouchement le concept d’unité, au Times of Israel dans la journée de dimanche.

Néanmoins, le secteur arabe n’est pas monolithique et il comprend des électorats très différents, allant des partisans ruraux et religieux d’Abbas aux sympathisants urbains et laïques d’Odeh. Mais malgré ces différences et la concurrence entre les politiciens arabes susceptibles de prendre la barre d’une telle alliance, les électeurs sont « vraiment impatients » de voir une telle liste se former, a fait remarquer Abu Rass.

« Ils se moquent des différences. Nous sommes dans une situation d’urgence. C’est ce que disent les gens dans la rue », ajoute-t-il.

La JTA a contribué à cet article.

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