Ayman Odeh mettra fin à sa carrière de député à la fin de l’actuelle législature
Cette annonce de l'ancien chef de feu la Liste arabe unie a pris au dépourvu certains de ses collègues ; selon sa faction Hadash, il dit vouloir laisser la place à du "sang neuf"

Le leader du parti arabe Hadash Ayman Odeh, qui a dirigé le principal bloc de députés arabes à la Knesset pendant longtemps, a indiqué mardi qu’il ne se représenterait pas au Parlement.
Odeh devrait rester à la Knesset jusqu’aux prochaines élections.
Il n’a pas donné d’explication justifiant cette décision – qui a pris un grand nombre de membres de son parti au dépourvu – se contentant de dire qu’une partie de son travail était « de savoir quand prendre du recul et regarder l’image dans son ensemble ». Cette initiative est toutefois prise alors que sa popularité a chuté au cours des dernières années, avec la scission de l’union de partis arabes qu’il présidait dans le passé.
En tant que président de Hadash – un parti de gauche aux penchants communistes – Odeh avait pris la tête de la Liste arabe unie qui était composée de sa faction et de trois autres formations arabes dès sa création en 2015, amenant les politiciens arabes à être représentés au Parlement d’une manière sans précédent. Il avait toutefois rencontré des difficultés pour transformer ses avancées dans les urnes en influence politique, les factions arabes étant souvent boudées par les partis juifs israéliens mainstream et eux-mêmes refusant toute perspective de coopération avec une coalition au pouvoir ou avec une opposition officielle.
Aujourd’hui, seuls les mouvements Hadash et Taal restent alliés après que Raam, une formation islamiste, a rompu les rangs en faisant le choix de la coopération avec les partis sionistes. La faction nationaliste palestinienne Balad, qui avait pris elle aussi la décision de l’indépendance, a pour sa part échoué à entrer au parlement lors des dernières élections.
« Au cours des huit dernières années, j’ai assisté à certains des moments les plus beaux dans notre société, avec notamment des accomplissements sidérants qui ont été obtenus par des batailles difficiles et par l’unité », a dit Odeh dans un bref message annonçant sa décision, un message émis par son bureau.
Il a précisé qu’il resterait impliqué dans la vie publique arabe et qu’il lutterait « pour la construction de l’unité dans la société arabe et avec nos partenaires juifs ainsi que pour la paix entre les deux peuples ».
Dans un communiqué, Hadash a annoncé qu’Odeh resterait à son poste jusqu’à la fin de son mandat – qui pourrait potentiellement durer quatre ans si le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu parvient à se maintenir jusque-là.

Un communiqué de Hadash-Taal a affirmé qu’Odeh se retirait parce que « un leader sait quand il faut laisser la place à la nouvelle génération ».
Selon la Douzième chaîne qui a été la première à faire état de cette information – avant l’annonce officielle, par le leader arabe, de son départ – Odeh aurait perdu ses illusions politiques et il aurait eu la conviction que seul un sang neuf permettrait à la Liste arabe unie de se reformer.
La Liste arabe unie était un mariage de convenance entre les formations arabes qui avait été décidé après l’élévation du seuil électoral nécessaire pour que les factions puissent être représentées à la Knesset, ce qui avait favorisé les alliances entre les petits partis qui craignaient, le cas échéant, que les votes de la base électorale qu’ils partageaient soient perdus. Odeh avait été choisi pour diriger la Liste arabe unie parce qu’il avait pris le contrôle de Hadash, cette année-là, et que son charisme juvénile devait séduire les électeurs. Avant sa scission, l’alliance était régulièrement le troisième parti de la Knesset, fort de 13 à 15 sièges.

Mais Ehab Jabareen, un analyste politique, déclare qu’Odeh a perdu en influence ces dernières années.
« Ce qui n’est pas surprenant parce qu’il n’avait pas une chance réelle lors des primaires », dit Jabareen au Times of Israel. « Il a perdu beaucoup de son pouvoir au sein de Hadash. Il n’a jamais été très stable, il a toujours bougé d’un camp à l’autre à l’intérieur du parti ».
Odeh avait été secrétaire-général de Hadash entre 2006 et 2015 et, avant cela, il siégeait au conseil municipal de Haïfa, sa ville natale. Certains médias ont laissé entendre qu’Odeh pouvait se préparer à se présenter à la mairie de la troisième plus grande ville d’Israël pour en prendre la tête.

L’ancien député Issam Makhoul, président du mouvement Hadash, a exprimé son désarroi face à une annonce d’Odeh qui a été faite sans avertissement préalable.
« Nous ne le savions pas… Nous étions au siège du mouvement samedi et le sujet n’a pas du tout été abordé. Il aurait dû être au moins mentionné si Odeh y songeait », a-t-il déclaré, des propos qui ont été relayés par le site d’information Walla. Makhoul a ajouté qu’il ne s’opposerait pas à cette démission.
« S’il voulait quitter la politique, je comprendrais », a-t-il noté. « Mais avec une déclaration qui ne se concrétisera pas avant 2026 – j’aurais suggéré qu’il attende au moins jusqu’à 2025 ».