Le tir de cinq roquettes depuis la bande de Gaza vers le territoire israélien n’a pas été très surprenant en dépit de la relative période de calme entre Israël et les responsables du Hamas qui contrôlent l’enclave palestinienne.
Pendant au moins deux semaines, le Hamas a accusé l’Etat juif de violer les accords négociés par des intermédiaires égyptiens et internationaux – mais les déclarations faites par le Hamas n’ont pas été pour autant outrageusement agressives.
Toutefois et immédiatement après la révélation de la mort de deux Palestiniens (notamment d’un adolescent de 17 ans) au cours de violents affrontements qui ont eu lieu vendredi le long de la barrière israélienne, des organisations terroristes de la bande ont menacé de l’imminence d’une riposte – et ils ont effectivement donné suite à cette menace.
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La majorité des roquettes est retombée dans des zones inhabitées et l’une d’entre elles aux abords de la ville de Sdérot, dans le sud du pays – ce qui suggère que quelqu’un, à Gaza, a tenté d’envoyer un message, mais sans pour autant vouloir entraîner un prix qui aurait fait encore plus empirer la situation.
Cette vieille formule ressortie aujourd’hui par les factions palestiniennes, avec à leur tête le Hamas, et qu’elles tentent d’imposer est claire : S’il y a des morts lors des mouvements de protestation hebdomadaires qui se transforment la plupart du temps en de violentes émeutes, alors il y aura également des roquettes.
Les Palestiniens affrontent les forces israéliennes le long de la clôture de sécurité, à l’est de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 6 septembre 2019 (Crédit : Mahmud Hams/AFP)
Le désir d’établir une telle dynamique rappelle la situation avec le Hezbollah et le Liban. Tout comme le chef du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré qu’une frappe contre ses agents déployés en Syrie appellerait une réponse, le Hamas cherche lui aussi à fournir sa propre formule – avec comme objectif, avant tout, d’atteindre l’opinion publique palestinienne, dans la bande et hors de l’enclave côtière.
Le groupe terroriste palestinien s’efforce de créer la perception, auprès des Palestiniens, que lui seul est en mesure de les protéger tout comme le Hezbollah et Nasrallah s’efforcent de convaincre les Libanais que seul le Hezbollah est en mesure de lutter contre Israël.
Dans les faits, bien sûr, les deux situations sont différentes. Le Hamas, militairement, n’est pas le Hezbollah – c’est le moins qu’on puisse dire.
Il faut malgré tout noter que les choses sont encore loin d’être simples pour l’organisation terroriste chiite libanaise. Le Hezbollah traverse une crise financière impliquant des réductions et des coupures de fonds, et doit faire face à un problème plus important encore dans le contexte politique dans lequel il opère dorénavant : Le Liban tout entier a actuellement tourné son attention sur l’effondrement de l’économie dans le pays.
Au cours de la semaine passée, des responsables libanais (s’il y en a réellement d’autres que Nasrallah) se sont réunis à plusieurs reprises pour débattre des moyens de sauver l’économie libanaise. Si à ce moment-là, le Liban devait se trouver encore une fois entraîné dans une guerre pour le compte du Hezbollah, cela nuirait assurément à l’image du Hezbollah en tant que protecteur du pays et cela frapperait de plein fouet l’image même de Nasrallah.
Un homme fixe un drapeau du Hezbollah dans le parc du « Jardin d’Iran » dans le village libanais de Maroun al-Ras le 1er septembre 2019, alors que des incendies se déclarent du côté libanais de la frontière après un échange de feu avec Israël. (Mahmoud Zayyat/AFP)
De plus, une telle aventure militaire pourrait entraîner un exode de masse. Si, il y a quelques années, des centaines de milliers, voire des millions de Syriens, sont partis au Liban en raison de la guerre civile en Syrie, cette migration pourrait être inversée au cours de la prochaine guerre contre Israël avec des citoyens libanais fuyant en masse vers la Syrie.
Enfin, l’absence de morts du côté israélien au cours de l’attaque au missile anti-char du début de la semaine – et le sentiment d’accomplissement, ou au moins de résultat temporaire au Liban dû au fait que l’Etat juif a été touché « avec succès » – a finalement permis à tous d’enlever le doigt de la gâchette.
La décision prise par Israël de ne pas riposter pour ce tir anti-char ou de ne pas frapper lourdement les cellules terroristes présentes dans toute la zone est née du désir de mettre un terme à l’incident dans les meilleurs délais.
Il est manifeste, pour les deux parties, qu’il y aura des phases supplémentaires dans cette campagne – mais jusque-là, le Liban pourra retourner à ses dossiers économiques et Israël à ses imminentes élections.
Mais parce que le Moyen-Orient est le Moyen-Orient, la décision prise par Israël de ne pas répondre sur le champ – et l’enthousiasme avec lequel l’Etat juif a mis fin à la situation dans le nord – transmet un message de faiblesse. Ce qui a amené d’autres acteurs comme le Hamas à avoir le sentiment que tirer quelques roquettes n’entraînera pas une réponse de la part de l’Etat juif – ou bien si c’est le cas, seulement des ripostes mineures.
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