Le Likud annonce que Liberman rejoint le gouvernement d’urgence ; il réfute
Le chef du parti de droite et ex-ministre de la Défense a exigé l'anéantissement du Hamas, précisant qu'il n'accepterait pas l'invitation du Likud sans siège au cabinet de guerre
Le chef du parti d’opposition Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a démenti samedi soir avoir accepté de rejoindre le gouvernement d’urgence du Premier ministre Benjamin Netanyahu, peu après l’annonce faite par le parti Likud de Netanyahu.
Liberman a déclaré qu’il n’était pas satisfait de l’offre de Netanyahu de le faire entrer dans le cabinet de sécurité élargi et qu’il souhaitait plutôt intégrer le cabinet de guerre nouvellement créé, composé de Netanyahu, du ministre de la Défense Yoav Gallant et du ministre récemment entré dans le gouvernement, Benny Gantz.
« Je suis prêt à rejoindre le cabinet de guerre afin d’apporter la victoire, aussi rapidement que possible. Je n’ai pas l’intention d’être le 38e ministre du gouvernement et de servir de feuille de vigne », a écrit Liberman sur X.
« Nous soutenons et continuerons à soutenir les actions du gouvernement visant à éliminer le Hamas et ses dirigeants », a-t-il ajouté.
Plus tôt dans la soirée, le Likud avait publié un message indiquant que Liberman rejoindrait le gouvernement d’urgence nationale et son cabinet de sécurité avec effet immédiat.
Liberman, ancien ministre de la Défense, a manifesté le souhait de rejoindre le gouvernement de Netanyahu peu après le déclenchement de la guerre à la condition qu’Israël ne se contente pas d’une nouvelle série de combats limités, mais cherche plutôt à écraser et à éliminer le Hamas. L’ancien allié de Netanyahu a rompu politiquement avec le Premier ministre en 2019 et, depuis, se positionne comme un adversaire acharné.
Liberman n’avait jamais formulé de demandes relatives à son rôle au sein du gouvernement.
Le Likud avait expliqué que Liberman rejoindrait le cabinet de sécurité – mais pas le cabinet de guerre restreint – et un deuxième membre d’Yisrael Beytenu rejoindra le cabinet élargi.
L’arrivée de Liberman au sein du cabinet de sécurité aurait eu pour conséquence de temporiser l’influence des ministres d’extrême droite Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich.
Ce rétropédalage intervient après que le parti HaMahane HaMamlahti et son chef Gantz ont rejoint le gouvernement jeudi, formant le cabinet de guerre de haut niveau avec Netanyahu et Gallant.
Le leader de l’opposition Yair Lapid n’envisage pas pour l’instant de rejoindre le gouvernement d’urgence nationale, a déclaré une source proche du leader de Yesh Atid peu après que le Likud a annoncé que Yisrael Beytenu rejoindrait le gouvernement.
Gantz a félicité Liberman peu après l’annonce, ignorant apparemment que celle-ci n’avait pas été finalisée.
« Je me réjouis de l’arrivée du chef du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, au sein du gouvernement. Ensemble, nous serons victorieux », a écrit Gantz sur X.
Avec Liberman, la coalition d’urgence aurait compté 82 députés – 64 de la coalition initiale, 12 de l’Unité nationale de M. Gantz et 6 de Yisrael Beytenu.
Dimanche, Liberman avait proposé de rejoindre le gouvernement actuel, mais il a conditionné son soutien à l’annonce publique par Netanyahu, Gallant et le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, que le gouvernement avait l’intention « d’éliminer l’organisation terroriste du Hamas et tous ses chefs terroristes ».
Dans une déclaration à la presse prolongeant son offre, Liberman a déclaré : « Je comprends que nous ayons d’autres défis à relever, notamment dans le nord contre le Hezbollah, les otages dans la bande de Gaza, la communauté internationale et d’autres défis ».
« Nos priorités doivent être claires : l’élimination du Hamas et de ses chefs… Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons rétablir la sécurité pour les habitants du sud et le reste des citoyens israéliens, et ramener nos captifs et nos disparus », ajoutait-il.
Dans l’intervalle, Netanyahu, Gallant et le chef du Conseil national de sécurité, M. Tzachi Hanegbi, ont précisé qu’Israël chercherait à obtenir un changement de régime dans la bande de Gaza, en chassant le Hamas du pouvoir et en neutralisant sa capacité militaire.
Liberman a été ministre de la Défense jusqu’en novembre 2018, date à laquelle il a annoncé sa démission, affirmant que Netanyahu « capitulait » devant le terrorisme après la conclusion d’un cessez-le-feu entre Israël et des groupes terroristes palestiniens à Gaza après un violent barrage de deux jours comprenant 400 roquettes tirées par le Hamas et autres groupes terroristes sur Israël.
Liberman a ensuite retiré les six députés d’Yisrael Beytenu de la coalition pour protester contre la gestion par le gouvernement de la violence à la frontière avec la bande de Gaza, ce qui a provoqué la crise politique qui a donné lieu à quatre cycles d’élections en moins de trois ans.
En 2019, en pleine escalade de la violence avec Gaza, le chef d’Yisrael Beytenu avait violemment accusé le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un post féroce sur Facebook, l’accusant de « capituler » devant le groupe terroriste du Hamas et de n’avoir « aucune réponse ou solution » aux tirs de roquettes dans le sud.
Et s’il a commencé sa carrière en tant qu’allié de Netanyahu, Liberman, président du parti nationaliste et laïc Yisrael Beytenu, a, ces dernières années, catégoriquement refusé de rejoindre un gouvernement dirigé par le leader du Likud et des partis ultra-orthodoxes. Les alliés de Netanyahu ont accusé Liberman d’antisémitisme pour ses remarques considérées comme nuisibles à la communauté ultra-orthodoxe.
Le désaccord s’était cristallisé autour d’un projet de loi qui prévoyait de réguler le recrutement militaire des hommes ultra-orthodoxes au sein de Tsahal. Liberman voulait qu’un plus grand nombre d’étudiants de séminaires soient obligés de s’enrôler, dénonçant une grande partie des membres de la communauté haredi en les qualifiant de « déserteurs », tandis que les partis religieux exigeaient qu’une loi qui avait été partiellement adoptée à la Knesset, il y a plusieurs années, soit réexaminée de manière significative.