Baisse du nombre de grues qui passent l’hiver dans la vallée de Hula
Après la mort de 8 000 grues cendrées, l'année dernière, pour cause de grippe aviaire, les autorités ont réduit le programme d'alimentation des oiseaux pour éviter le surpeuplement
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Les visiteurs du parc du lac de Hula ont l’habitude, à cette période de l’année, de prendre place dans un observatoire ornithologique pour admirer dans un champ des milliers de grues cendrées poussant leurs cris perçants et nasillards si caractéristiques. Juste avant le coucher du soleil, les oiseaux prennent leur envol et se dirigent vers l’eau, où ils se sentent plus en sécurité pour passer la nuit.
Quand l’auteure de ces lignes s’est rendue au parc, il y a une semaine, le champ était vide. Une nuée de grues est alors arrivée, épuisée par son long voyage au-dessus du désert du Sahara et elle s’est posée directement sur le lac.
Pendant de nombreuses années, environ 40 000 grues passaient l’hiver en Israël, l’Autorité de la nature et des parcs (INPA) assurant un approvisionnement régulier en grains.
Cette année, ce programme d’alimentation n’a pas été mis en œuvre et le nombre d’oiseaux est tombé à entre 18 000 et 25 000.
Un grand nombre de vallées israéliennes étaient des marécages dans le passé, des marais qui offraient une nourriture riche pour le demi-milliard environ d’oiseaux qui passaient par Israël lors des période des migration entre l’Europe et l’Afrique et vice-versa, chaque année.
La majorité de ces anciens marécages ont été drainés de manière à laisser la place au développement et à l’agriculture, mais une partie de la vallée de Hula avait été ré-inondée, dans les années 1990, pour aider à réparer les dégâts essuyés par l’écosystème local. Le parc de la vallée de Hula, qui est géré par le Fonds national Juif (KKL-JNF), est devenu depuis une attraction touristique de premier plan.
Les agriculteurs avaient commencé à semer du maïs et des arachides dans le sol revigoré – ce qui correspond très exactement au menu plébiscité par les grues cendrées. Et ce qui avait entraîné une confrontation. L’Autorité de la nature et des parcs avait, en conséquence, commencé à nourrir les oiseaux pour les conserver à l’écart des terres agricoles, dans les frontières du parc lui-même.
Parce qu’une alimentation était mise à disposition, un grand nombre de grues venant en automne avaient décidé de rester l’hiver. Avec en résultat un surpeuplement qui a finalement laissé les oiseaux vulnérables face aux maladies.
Et l’année dernière une épidémie de grippe aviaire a décimé 8 000 grues, selon les estimations – même si les chiffres pourraient être beaucoup plus élevés.
Dans la foulée, craignant une nouvelle épidémie, l’INPA s’est entretenue avec les agriculteurs et avec les autres parties impliquées pour décider quoi faire.
Ils ont opté pour un plan sur cinq ans qui éliminera, à terme, toute alimentation des oiseaux dans le parc. Toutefois, le gouvernement précédent s’était effondré avant que les agriculteurs puissent obtenir l’assurance qu’ils seraient indemnisés financièrement pour les dégâts à leurs récoltes qui devraient résulter de l’abandon de ce programme, alors même que les oiseaux retourneront chercher de quoi se nourrir dans leurs champs.
Toutefois, les parties se sont accordées sur le fait que pendant la première année, l’Autorité commencerait à nourrir les oiseaux plus tard dans la saison – à la fin du mois de décembre, et non au début – et qu’elle cesserait d’offrir une alimentation plus tôt, à la fin février plutôt qu’au mois de mars. Elle a aussi réduit de 10% son approvisionnement.
Des facteurs variés ont dû être pris en compte avec minutie, explique Ohad Hazofe, ornithologue au sein de l’INPA, qui cite les touristes, les besoins des fermiers et la nécessité de faire au mieux pour les oiseaux.
L’écologue Yifat Artzi ajoute que la baisse du nombre d’oiseaux ne s’applique qu’aux grues cendrées venues passer l’hiver en Israël, notant qu’il est difficile de chiffrer celles qui ne font que traverser le pays en poursuivant leur voyage dans la mesure où la plus grande partie d’entre elles volent pendant la nuit.