L’extrême-droite met en garde contre un cessez-le-feu au Liban, alors que les tirs du Hezbollah se poursuivent
Alors qu'un sexagénaire a été blessé par un éclat d'obus, le ministre de la Sécurité nationale a martelé qu'il "faut continuer jusqu'à la victoire absolue" ; Gantz appelle à à "agir puissamment" contre les actifs de l'État libanais
Les députés d’extrême-droite, avec à leur tête le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, ont mis en garde lundi contre un accord de cessez-le-feu émergent avec le Hezbollah, arguant que la sécurité ne serait rétablie dans le nord d’Israël que par la poursuite des combats contre le groupe terroriste chiite basé au Liban, jusqu’à ce qu’il soit détruit.
Ces remarques ont été faites alors qu’un conseiller américain de haut niveau rencontrait le ministre de la Défense, Israel Katz, pour discuter d’un accord négocié par les États-Unis, selon lequel Israël et le Hezbollah se retireraient du sud-Liban, l’armée libanaise et les forces internationales se chargeraient de la sécurité de cette région stratégique.
Pendant que Katz s’entretenait avec Dan Shapiro, secrétaire adjoint à la défense pour la politique au Moyen-Orient, le plus haut responsable du Pentagone pour la région, le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah continuait à tirer des drones et des roquettes sur le nord d’Israël. Un sexagénaire a été blessé.
Dans le même temps, Israël a frappé l’infrastructure du groupe terroriste par des frappes aériennes, y compris des zones de Beyrouth, la capitale libanaise.
Les pourparlers sur le cessez-le-feu ont été l’un des sujets abordés par les deux hommes, a déclaré le bureau de Katz au Times of Israel. Ben Gvir a exhorté le Premier ministre Netanyahu à rejeter la proposition de cessez-le-feu avec le Hezbollah au Liban, soutenue par les Etats-Unis.
Dans un message publié sur le réseau social X, le chef du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit a averti que l’acceptation de l’accord de cessez-le-feu reviendrait à manquer une occasion « historique » de détruire le Hezbollah, soutenu par l’Iran.
Un accord avec le Liban serait « une grosse erreur » et « une occasion historique manquée d’éradiquer le Hezbollah », a estimé Ben Gvir, sur X.
Depuis le 8 octobre 2023, le Hezbollah attaque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires le long de la frontière avec des roquettes, des drones, des missiles antichars et d’autres moyens, affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza dans le cadre de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas qui s’y déroule.
Après avoir essuyé des tirs quasi-quotidiens de la part du Hezbollah – empêchant plus de 60 000 Israéliens évacués depuis de rentrer chez eux, Israël a lancé une campagne de frappes aériennes massives le 23 septembre sur les bastions du Hezbollah à travers le Liban, et depuis le 30 septembre Israël mène une opération terrestre dans le sud du pays, élargie cette semaine aux zones côtières du sud-ouest.
Cette opération a permis d’éliminer la direction du groupe terroriste et notamment son chef de longue date, Hassan Nasrallah.
Israël a ensuite lancé une opération terrestre au sud-Liban dans le but d’éliminer les bastions du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah dans la région et de permettre aux habitants évacués du nord d’Israël de rentrer chez eux en toute sécurité.
Lors d’une tournée au Liban et en Israël la semaine dernière, l’émissaire spécial de l’administration de Joe Biden, Amos Hochstein, a fait état de « progrès supplémentaires » vers une trêve.
« Comme je l’avais déjà prévenu à Gaza, je préviens maintenant également : Monsieur le Premier ministre [Benjamin Netanyahu], il n’est pas trop tard pour mettre un terme à cet accord ! Il faut continuer jusqu’à la victoire absolue ! », a martelé Ben Gvir.
Ben Gvir s’est catégoriquement opposé à tout accord prévoyant une cessation des hostilités, même temporaire, à Gaza et au Liban, et a menacé plus d’une fois de retirer son parti de la coalition au cas où Israël signerait un accord de trêve. Mais il n’a pas lancé de nouvel ultimatum lundi.
Le chef du parti d’extrême-droite Noam, le vice-ministre Avi Maoz, s’est également prononcé contre l’accord annoncé, avertissant que tout accord qui n’inclurait pas le contrôle par la sécurité israélienne du territoire libanais jusqu’au fleuve Litani, une frontière naturelle située à environ 20 kilomètres de la frontière, serait une « négligence ».
Le député Benny Gantz, chef du parti HaMahane HaMamlahti, a déclaré qu’Israël ne doit accepter un accord de cessez-le-feu avec le Hezbollah que s’il accorde à l’armée israélienne la liberté d’agir contre le groupe terroriste chiite libanais soutenu par l’Iran s’il viole les termes de l’accord.
Gantz, a écrit sur X lundi après-midi qu’Israël devrait commencer à « agir puissamment » contre les actifs de l’État libanais, puisque le gouvernement national « donne carte blanche au Hezbollah ».
Plus tôt dans la journée, Gantz avait déclaré qu’Israël ne devait accepter un accord de cessez-le-feu avec le Hezbollah que s’il accordait à Tsahal la liberté d’agir contre le groupe terroriste s’il violait les termes de l’accord.
Dans un discours prononcé lors de la conférence annuelle Ogen, l’ancien chef d’état-major a déclaré que les habitants du nord d’Israël « ne doivent être protégés que par Tsahal. Pas par la FINUL, ni par l’armée libanaise, ni par une force européenne ».
« Nous ne devons pas revenir à la réalité du 6 octobre », a-t-il poursuivi, en référence à la période précédant le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, qui a été suivie un jour plus tard par le début des affrontements quasi-quotidiens avec le Hezbollah à la frontière septentrionale.
Selon lui, tout accord de cessez-le-feu doit s’appuyer sur la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui exhorte le gouvernement libanais à démanteler le groupe terroriste chiite libanais et à établir un contrôle total sur son territoire, et sur la résolution 1701, qui demande au Hezbollah de se retirer loin de la frontière israélienne, au nord du fleuve Litani.
« Ce qui est clair, c’est que tout accord doit permettre à Tsahal d’agir librement, à la fois contre les menaces immédiates et contre un nouveau renforcement du Hezbollah. »
Il a ajouté que Tsahal doit poursuivre ses opérations militaires contre le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah « de manière plus puissante, y compris contre les infrastructures libanaises, si cela est nécessaire » jusqu’à ce que les conditions requises par Israël pour un cessez-le-feu soient remplies.
Le député Gilad Kariv (Avoda) a, quant à lui, soutenu l’accord annoncé.
« Si nous pouvons parvenir à un accord au Liban sans une ‘victoire totale’ et la destruction complète du Hezbollah, nous pouvons également le faire à Gaza », a déclaré Kariv, reprenant le slogan de Netanyahu pour la politique israélienne dans la guerre de Gaza, déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, date à laquelle quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle.
On estime que 97 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023 se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 34 otages dont le décès a été confirmé par l’armée israélienne.
Avichaï Stern, maire de la ville frontalière de Kiryat Shmona, dévastée par les tirs de roquettes du Hezbollah depuis l’année dernière, a également critiqué l’accord de cessez-le-feu qui se dessine.
Dans une déclaration, Stern a qualifié l’accord de « capitulation ».
Il a appelé les dirigeants israéliens à « s’arrêter et à penser aux enfants de Kiryat Shmona. Regardez-les droit dans les yeux et ne scellez pas leur destin en faisant d’eux les prochains otages ».
L’ambassadeur d’Israël à Washington, Mike Herzog, a déclaré qu’un accord de cessez-le-feu visant à mettre fin aux combats pourrait être conclu très prochainement.
Herzog a déclaré à la radio de l’armée qu’il restait « des points à finaliser » et que tout accord nécessitait l’accord du gouvernement. Mais il a déclaré que « nous sommes proches d’un accord » et que « cela peut se faire dans les jours qui viennent ».