Ben Gvir interdit aux policiers de participer au programme de la Fondation Wexner
Il est aussi interdit à tous les employés du ministère de la Sécurité nationale de postuler à la bourse qui permet aux fonctionnaires israéliens d'étudier la politique à Harvard
Les policiers et certains autres employés du gouvernement ne seront plus autorisés à participer à des programmes liés à la Fondation Wexner pour le leadership juif, qui envoie des fonctionnaires israéliens étudier la politique à l’université de Harvard, a déclaré lundi le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir.
Cette mesure, qui s’applique à tous les policiers et à tous les employés du ministère, a été prise à la suite de plaintes concernant « l’affiliation politique à la gauche radicale de la Fondation et sa coopération avec des organisations clairement de gauche comme Breaking the Silence », a déclaré Ben Gvir. Breaking the Silence publie régulièrement des témoignages de soldats israéliens sur des violations présumées des droits de l’Homme en Cisjordanie.
« Nous retirons la police des activités de la Fondation », a ajouté Ben Gvir. « Ma politique est claire : la politique reste en dehors de la police. »
Le Times of Israel a tenté d’obtenir une réaction de la Fondation Wexner, basée dans l’Ohio, mais sans succès. La fondation est soutenue par Les Wexner, propriétaire des marques Bath & Body Works, et Victoria’s Secret entre autres.
Sur son site web, la Fondation Wexner écrit qu’elle « développe et inspire les leaders de la communauté juive nord-américaine et de l’État d’Israël », ajoutant que « par le biais de programmes éducatifs pluralistes, basés sur des cohortes, la Fondation investit dans des professionnels et des bénévoles prometteurs, en leur donnant les outils pour exercer un leadership transformateur ».
La Fondation Wexner a deux programmes destinés aux participants israéliens. Le premier est le Wexner Israel Fellowship, destiné aux « fonctionnaires israéliens exceptionnels en milieu de carrière » qui étudient avec la Fondation pour obtenir un master dans le cadre du programme de milieu de carrière de la Kennedy School of Government de Harvard.
Le second est le programme Wexner Senior Leaders, destiné aux directeurs et dirigeants du secteur public, qui suivent également un master dans la même institution. Chaque année, Wexner accepte 10 personnes pour chaque programme.
Parmi les anciens diplômés figurent l’ancien chef d’état-major de Tsahal Aviv Kohavi et Ami Ayalon, ancien chef de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet. Yaïr Golan, un homme politique de gauche qui a été chef d’état-major adjoint de l’armée israélienne, y a également été diplômé.
Ces dernières années, la Fondation Wexner a attiré l’attention de politiciens et d’experts de la droite israélienne, qui considèrent que l’organisation tente d’injecter des programmes progressistes populaires parmi les Juifs américains dans les échelons supérieurs de la bureaucratie et de la sécurité israéliennes.
En 2021, la Cour suprême avait rejeté un recours déposé par le groupe de droite Im Tirtzu contre la Fondation Wexner, qui affirmait que les bourses étaient des cadeaux illicites et que Wexner pouvait exercer une influence sur les bénéficiaires qui s’apparentait à une ingérence étrangère. Le tribunal avait statué que les participants aux programmes de la Fondation Wexner « abandonnaient plus qu’ils ne recevaient ».
La Fondation Wexner a nié appliquer un quelconque parti pris à l’encontre des candidats lors de l’examen des candidatures à ses programmes, ni sur la base d’idéologies politiques. « La Fondation Wexner s’efforce d’assurer une représentation appropriée des différents groupes démographiques parmi ses participants, notamment les Arabes, les personnes d’origine éthiopienne, le secteur haredi et les personnes en situation de handicap », peut-on lire sur son site web.
La décision de Ben Gvir, le dirigeant du parti d’extrême-droite, Otzma Yehudit, a été saluée par d’éminentes personnalités de droite, qui ont appelé le ministre de la Défense Yoav Gallant à faire de même.
La députée Tally Gotliv (Likud), a écrit sur X – anciennement Twitter : « Une droite qui gouverne, c’est reconnaître le régime fantôme et le fait que les idées de gauche sont inculquées de manière sophistiquée. Félicitations au ministre Ben Gvir pour avoir rompu les liens de la police avec la Fondation Wexner, qui est le bras droit de l’État profond. D’autres ministres ont beaucoup à apprendre de vous sur la manière d’empêcher les fonctionnaires de la sécurité de subir un lavage de cerveau pendant leurs études avec des idées de la gauche radicale. »
Avihaï Haddad, ancien conseiller du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a écrit : « Cher Gallant, ‘ne peut pas’ n’existe pas. Il n’y a que ‘ne veut pas’. »
Mais d’autres ont critiqué cette initiative, la qualifiant de tentative de détourner l’attention du tollé provoqué par les propos de Ben Gvir, la semaine dernière, selon lequel son droit à la sécurité l’emportait sur le droit des Palestiniens à se déplacer.
« Il doit parler sans réfléchir parce qu’il sait qu’il a causé d’énormes dégâts à l’État d’Israël avec sa déclaration raciste sur la Douzième chaîne », a écrit l’un des critiques, Uri Breitman, un juriste et enseignant qui compte 15 000 abonnés sur X, à propos de la décision de Ben Gvir sur la Fondation Wexner. « Ce ministre manque de jugement. »