Israël en guerre - Jour 426

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Ben Gvir tombe dans le piège d’une campagne de « fake news » en ligne

Selon la police, l'initiative incitant à dénoncer les flics "traîtres" serait probablement le fruit d'un réseau de désinformation d'un pays étranger pour semer la discorde

Le chef du parti Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir (à gauche) s'entretenant avec son chef de cabinet, Chanamel Dorfman, lors d'une réunion de la commission spéciale de la Knesset pour discuter des changements proposés à l'ordonnance sur la police, le 18 décembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le chef du parti Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir (à gauche) s'entretenant avec son chef de cabinet, Chanamel Dorfman, lors d'une réunion de la commission spéciale de la Knesset pour discuter des changements proposés à l'ordonnance sur la police, le 18 décembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le ministre de la Sécurité publique, Itamar Ben Gvir, a publié samedi soir une déclaration accusant les manifestants anti-gouvernement de mener une action coordonnée visant à publier les données personnelles des policiers et à les qualifier de « traîtres », mais la police israélienne a rapidement fait une annonce inhabituelle, affirmant que la campagne en ligne était en fait probablement menée par un État étranger dans le but d’accroître les divisions au sein de la société israélienne.

Malgré la déclaration de la police et la découverte de nombreuses preuves indiquant que la campagne présentait de nombreuses caractéristiques d’une initiative de désinformation, Ben Gvir n’a pas supprimé son premier message, se contentant de publier ultérieurement un message de clarification.

Au cours du week-end, les photos, les noms et d’autres informations personnelles d’au moins 10 policiers ont été publiés dans un groupe Telegram comptant environ 2 500 abonnés, les qualifiant de « traîtres » et de « criminels » pour avoir prétendument « trahi les idéaux et les rêves d’Israël » en soutenant l’initiative controversée du gouvernement visant à radicalement réformer le système judiciaire.

Simultanément, des milliers de comptes Twitter ont publié des messages similaires renvoyant à une pétition en ligne et écrivant, souvent dans un hébreu approximatif : « Nous sommes un groupe de citoyens demandant au gouvernement d’arrêter le coup d’État et de lancer une réforme de l’establishment de la Défense et de la Police. Jusqu’à ce que ces demandes soient satisfaites, nous publierons les détails de l’identité de ces forces de police qui trahissent les idéaux et les rêves d’Israël ».

Samedi soir, Ben Gvir a publié sur Twitter une capture d’écran du groupe Telegram, alléguant que « les opposants à la réforme [judiciaire] franchissent une autre dangereuse ligne rouge ».

« Ils tentent d’intimider les policiers et de les empêcher de faire leur travail », a déclaré le ministre en charge de la police, ajoutant que cela visait à « harceler et nuire aux policiers et à leurs familles » et qu’il leur apportait son « soutien total ».

Peu après le tweet de Ben Gvir, les dirigeants des manifestations hebdomadaires contre la réforme judiciaire ont publié un communiqué indiquant qu’ils n’étaient pas à l’origine de cette campagne et qu’elle semblait porter les signes d’une initiative de désinformation étrangère, notamment des photos volées, des numéros de téléphone étrangers et un mauvais hébreu.

Les dirigeants de la manifestation ont déclaré que le tweet de Ben Gvir représentait « une incitation encore plus fausse, sauvage et irresponsable de la part de la personne qui est censée être en charge de la sécurité et qui devrait se contrôler elle-même avant de dénigrer [les autres] ». Ils ont également exhorté la population à ne pas coopérer à la campagne en ligne contre la police.

En outre, un groupe de surveillance visant à lutter contre « la désinformation, les discours haineux et autres activités malveillantes en ligne », appelé FakeReporter, a publié une analyse détaillée du réseau de fausses nouvelles 30 minutes seulement après le tweet de Ben Gvir.

L’analyse a montré que le réseau était composé de quelque 700 bots – certains se faisant passer pour des leaders de la contestation, volant l’identité de personnes réelles – et qu’il avait posté des dizaines de milliers de tweets sur le sujet.

Pour preuve, FakeReporter a indiqué que des milliers de signatures sur la pétition – qui utilisait la plateforme de campagne israélienne Drove – avaient été créées en quelques minutes le 12 avril, et que des milliers de comptes Twitter avaient posté le même contenu à quelques secondes d’intervalle. Les détails concernant les policiers, publiés par le réseau de fausses nouvelles, ont été tirés de bases de données disponibles en ligne.

Le député Itamar Ben Gvir, à gauche, et le chef de la police Kobi Shabtaï, à droite, lors d’une réunion de commission à la Knesset, le 14 décembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Deux heures après le tweet de Ben Gvir, la police israélienne a publié une déclaration officielle contredisant le message du ministre de la Sécurité publique.

« Au cours des dernières heures, des milliers de tweets ont été publiés sur les réseaux sociaux, dans lesquels les coordonnées de policiers ont été divulguées, accompagnées d’appels à leur nuire », a déclaré la police. « Selon l’examen des responsables de la sécurité, il s’agirait très probablement d’une campagne menée par un pays étranger visant à provoquer des frictions au sein de la population. »

Bien que le public ait vivement critiqué Ben Gvir et lui ait demandé de supprimer son tweet, le ministre d’extrême-droite a refusé de le faire. Il a, cependant, publié un tweet de suivi reconnaissant que la campagne avait sans doute été menée au nom d’un pays étranger.

« Je suis plein d’espoir que ces tweets ne viennent pas de chez nous (bien que l’implication d’un pays étranger soit très grave) – je continuerai toujours à soutenir les policiers face aux attaques dont ils font l’objet », a-t-il écrit.

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