Ben & Jerry’s a cessé d’utiliser les réseaux sociaux depuis le 18 mai
La compagnie fondée par deux hippies juifs publie souvent de jolis messages, mais ses comptes sont muets depuis la dernière flambée de violence entre Israël et le Hamas
JTA — Des pro-palestiniens ont envahi les sections de commentaires des comptes de Ben & Jerry’s sur les réseaux sociaux, exigeant que la compagnie boycotte Israël. En réponse, Ben & Jerry’s semble s’être effectivement engagé dans une sorte de boycott – mais contre les réseaux sociaux eux-mêmes.
La marque internationale de crème glacée, dont le chiffre d’affaires annuel s’élève à des centaines de millions de dollars, publie généralement quotidiennement sur ses pages Twitter, Instagram ou Facebook, notamment sur les nombreuses causes sociales progressistes que l’entreprise soutient.
Mais Ben & Jerry’s s’est tu depuis le 18 mai dans le contexte de la flambée de violence meurtrière entre Israël et le mouvement terroriste palestinien du Hamas à Gaza, qui s’est joué sur les réseaux sociaux de façon très violente.
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La compagnie n’a pas répondu à une demande d’explication de la Jewish Telegraphic Agency.
Les activistes qui ont mené la campagne sur les réseaux sociaux contre Ben & Jerry’s à cause, selon eux, de leur usine en Israël qui lui est affiliée et de la disponibilité de ses produits dans les implantations israéliennes, attribuent ce silence au résultat de leurs actions.
« 20 jours sans publicité en ligne, cela signifie que @benandjerrys sait ne pas pouvoir continuer comme si de rien n’était, sans aborder la question de ses investissements dans la colonisation israélienne et le vol de terres. Ce n’est pas le moment de déposer les armes », a tweeté un utilisateur nommé @princessmlokhia, un compte anti-sioniste qui compte près de 15 000 abonnés, en début de semaine.
Le mouvement a même un hashtag, #HasBenandJerrysTweetedYet.
Cette compagnie fondée en 1978 par deux hippies juifs du Vermont est connue pour sa stratégie marketing faisant appel aux valeurs de justice sociale. L’année dernière, à la suite du meurtre de George Floyd, la compagnie avait ajouté une section spéciale sur son site Web consacrée à la lutte contre le suprémacisme blanc. « Le silence n’est PAS une option », disait le site.
Alors que la compagnie a marqué l’anniversaire de l’arrêt historique Brown v. Board of Education de la Cour suprême (qui a interdit la ségrégation scolaire dans les années 1950) et a décrit l’attaque du Capitole américain le 6 janvier comme une émeute en faveur du suprémacisme blanc, elle n’est pas intervenue lors du récent conflit entre Israël et le Hamas.
Mais sur les réseaux sociaux, les utilisateurs peuvent réagir même si rien n’a été dit à ce sujet. Et chaque fois qu’un nouveau post de Ben & Jerry’s apparaissait, une foule virtuelle se précipitait pour condamner la compagnie.
Par exemple, lorsque Ben & Jerry’s a demandé : « Y a-t-il des amateurs de menthe par ici ? », l’utilisateur @husammunism a répondu – mais pas sur ses parfums de glace préférés. « N’achètera jamais Ben & Jerry’s jusqu’à ce que vous arrêtiez de faire des affaires dans les colonies illégales en volant les terres palestiniennes et en contribuant au nettoyage ethnique de la Palestine, » a-t-il répondu.
En d’autres termes, Ben & Jerry’s a été à plusieurs reprises « ratioed » – argot Internet signifiant « clouer au pilori » –, lorsqu’un message reçoit davantage de réponses négatives que de « likes ».
La critique de la marque a culminé le 19 mai avec un appel à boycotter la compagnie par un groupe de justice sociale nommé Decolonize Burlington dans le Vermont, selon le Burlington Free Press. Des militants locaux ont également fait du lobbying pour s’opposer aux liens de Ben & Jerry’s avec Israël depuis au moins 2012.
« Si Ben & Jerry’s veut faire des profits à travers ses messages antiracistes, ils doivent être cohérents », a déclaré Decolonize Burlington dans son post. « Le mouvement B[lack] L[ives] M[atter] a publiquement soutenu la cause palestinienne. Il est temps pour Ben & Jerry’s de cesser ses investissements en Israël. »
Ben & Jerry’s n’a pas répondu aux militants.
La dernière fois que Ben & Jerry’s a été impliqué dans la politique israélo-palestinienne sur les réseaux sociaux remonte à 2018, lorsque le camp pro-israélien a attaqué la marque pour avoir soutenu des militants de gauche comme la très controversée Linda Sarsour.
Le Ben & Jerry’s israélien, seule licence indépendante de la marque, est très populaire. Il a produit des parfums spéciaux pour les fêtes, tels que la glace parfum haroset pour Pessah, et des parfums sur le thème des élections.
L’année dernière, il a même organisé une fête costumée de Pourim dont le prix était un approvisionnement de six mois en crème glacée.
Le Ben & Jerry’s israélien n’a pas non plus publié de posts pendant le récent conflit. Mais il a recommencé à poster pour ses milliers de fans au lendemain du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
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