Ben & Jerry’s dénonce un « génocide à Gaza » et intensifie le conflit avec Unilever
La marque engagée réaffirme son indépendance idéologique, tandis qu'Unilever cherche à faire rejeter sa plainte et prévoit de séparer ses activités glaces d'ici l'été

Le conseil d’administration indépendant de Ben & Jerry’s a qualifié le conflit entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza de « génocide », intensifiant ainsi un différend de longue date avec sa maison mère, Unilever, basée à Londres.
« Ben & Jerry’s défend les droits humains et milite pour la paix. Nous nous joignons à ceux qui, à travers le monde, dénoncent le génocide en cours à Gaza », a déclaré le conseil dans un communiqué transmis à l’agence Reuters. « Nous sommes solidaires de tous ceux qui élèvent la voix contre le génocide à Gaza – des signataires de pétitions aux manifestants dans les rues, et de ceux qui risquent d’être arrêtés. »
Les différends entre Unilever et Ben & Jerry’s remontent à au moins 2021, lorsque la marque de glaces a annoncé son intention de cesser la vente de ses produits en Cisjordanie, territoire sous contrôle israélien. En 2023, Ben & Jerry’s a intenté une action en justice contre Unilever, accusant sa maison mère d’avoir tenté de censurer ses prises de position sur Gaza ainsi que ses critiques du président américain Donald Trump. La déclaration récente sur Gaza est inhabituelle dans le paysage des grandes marques américaines.
Un porte-parole d’Unilever a réagi en précisant que les propos en question reflétaient uniquement les opinions du conseil indépendant de Ben & Jerry’s chargé de sa mission sociale et « ne représentent qu’eux-mêmes ».
« Nous appelons à la paix dans la région et à venir en aide à toutes les personnes dont la vie a été bouleversée », a ajouté le porte-parole.
Unilever a demandé à un juge américain de rejeter la plainte déposée par Ben & Jerry’s. Le groupe est par ailleurs en train de finaliser la séparation de sa division glaces, qui inclut Ben & Jerry’s, basée dans le Vermont, pour en faire une société indépendante d’ici l’été.
Ben & Jerry’s affirme que l’accord de fusion signé en 2000 avec Unilever confère à son conseil d’administration indépendant la « responsabilité principale » du maintien et de la mise en œuvre de sa mission sociale. Le cœur du litige porte sur l’étendue réelle de l’autonomie dont dispose ce conseil dans la gestion des prises de position de la marque.