Ben Platt arbore une étoile de David au Met Gala
L'artiste joue dans une pièce qui raconte l'histoire du lynchage antisémite de Leo Frank en 1915 aux États-Unis, et dont la première a suscité des protestations néo-nazies
JTA – Ben Platt, la star de Broadway en tête d’affiche d’une pièce sur un épisode antisémite de l’histoire américaine, a porté un pendentif en forme d’étoile de David pour le Met Gala, lundi soir.
Le gala annuel est un événement marquant du calendrier du monde de la mode, et les célébrités doivent choisir leur tenue en fonction du thème de l’exposition. Cette année, l’événement était un hommage à Karl Lagerfeld, le créateur dont les parents étaient nazis et qui dirigeait la maison de couture, Chanel, qui avait son propre passé nazi.
La tenue de Platt – un tailleur en tweed bouclé blanc sur un corset, avec des talons compensés – s’inspirait des modèles emblématiques de Chanel pour femmes. Comme pour les costumes du Met Gala des années précédentes, Platt a également incorporé des bijoux robustes, notamment une ceinture en chaîne en or, des bagues à plusieurs doigts et, autour du cou, une chaine avec un pendentif en forme d’étoile de David. (Bien que Platt n’ait pas identifié de créateur dans son post Instagram, les commentateurs ont suggéré que la chaîne pourrait être l’œuvre de David Yurman, un bijoutier de luxe qui attribue à la Hebrew Free Loan Society le mérite de lui avoir donné sa chance).
Le choix du bijou de Platt intervient alors que l’artiste approche de la fin de la reprise, à Broadway, de « Parade », une pièce consacrée au lynchage antisémite de 1915 de Leo Frank, un juif accusé d’avoir violé et assassiné une jeune fille qui travaillait dans l’usine de Géorgie qu’il dirigeait. Platt a déclaré que la pièce était d’autant plus justifiée à une époque où l’antisémitisme et la suprématie de la race blanche sont en hausse aux États-Unis.
« Cette pièce traite non seulement de l’antisémitisme, mais aussi de l’incapacité du pays à protéger de nombreux groupes marginalisés, et nous ressentons tous cela très intensément en ce moment », avait déclaré Platt au New York Times en octobre, lors d’une représentation du spectacle à l’extérieur du théâtre.
Des néo-nazis se sont rassemblés devant le spectacle lors de l’avant-première à Broadway en février. Frank apparaît fréquemment dans le discours de certains néo-nazis qui rejettent l’innocence de Frank dans cette affaire de meurtre – une innocence sur laquelle s’accordent pourtant les chercheurs contemporains. Ils considèrent la défense de Frank comme une preuve du contrôle des médias par les Juifs – un cliché antisémite de longue date.
Platt, qui est juif et qui a participé à une colonie de vacances de l’organisation Camp Ramah, affiliée au mouvement Massorti, a déclaré que cet incident prouvait la pertinence de la pièce. « Je pense que c’est tout simplement le moment idéal pour présenter cette pièce », a-t-il déclaré.
La partenaire de Platt sur la scène de « Parade », Micaela Diamond, a également assisté au Met Gala, vêtue d’une robe couleur lavande. Elle s’est attirée les louanges de certains observateurs de la mode pour avoir arboré ses boucles naturelles – un geste qui, selon certains, peut constituer un acte de résistance pour les femmes juives.
L’apparition du duo a eu lieu alors que le Met Gala était critiqué pour avoir honoré Lagerfeld, qui avait une réputation de raciste et de sexiste. Il a également été condamné en 2017 pour avoir critiqué la décision de l’Allemagne d’admettre des réfugiés musulmans et pour avoir lié ses critiques au bilan de l’Allemagne en matière de Shoah.
Lagerfeld s’est battu pour que l’histoire de ses parents – qui ont rejoint le parti nazi en 1933, l’année de l’ascension d’Adolf Hitler au pouvoir et de la naissance de Lagerfeld – ne soit pas révélée au public. Elle n’a été révélée qu’après sa mort en 2019. (Généralement exubérant, il avait insisté sur l’anonymat après avoir fait un petit don à une synagogue près de l’une de ses maisons dans le sud de la France).
Lagerfeld était surtout connu comme directeur de la création de Chanel de 1983 jusqu’à sa mort, faisant du créateur un géant de la mode qui est rarement associé à son propre passé nazi. Les premiers investisseurs de Chanel, une famille juive, ont été chassés d’Allemagne et des preuves suggèrent que Coco Chanel, la fondatrice française de la société et son homonyme, avait non seulement entretenu une relation avec un officier nazi, mais qu’elle avait peut-être activement espionné pour le compte des nazis.